La peinture est un moyen de s’exprimer, comme tout art. Les artistes malgaches vont également dans ce sens. Leur vision, certes assez différente, sert le même objectif artistique : transmettre des messages poignants qui veulent conscientiser. Cependant, en regardant une toile, chacun peut avoir sa propre interprétation, ce qui peut être à l’origine d’une divergence d’idées. C’est ce qui fait l’art.
Les dessins et caricatures sont des moyens pour faire passer un message fort. Coloré d’humour, le troisième art donne une belle apparence tout en appuyant des faits marquants de l’histoire ou de la vie contemporaine, selon le contexte ! Il est incontestable que l’image représentative fasse partie des arts les plus anciens. Bien évidemment, elle mute suivant l’ère historique, l’évolution idéologique ainsi que le savoir-faire des artistes. À Madagascar, l’art de la représentation était tout d’abord la sculpture. Les Malgaches façonnaient ce qui les inspirait autour d’eux.
Par ailleurs, la plupart matérialise la puissance de la nature pour en faire un objet de culte. Le contact des Malgaches avec l’esquisse date du XVIème siècle. Portugais et Hollandais, en explorant les zones littorales de la Grande île, ont emmené avec eux des ouvrages d’illustrations. Par ailleurs, des peintres ont dessiné les souverains et les caractéristiques des demeures à l’époque. C’était de cette manière que ces artistes ont immortalisé leur voyage. Toutefois, les Européens n’avaient pas l’initiative de former les autochtones. Il a fallu attendre deux siècles après pour que la main malgache dessine son paysage. En revanche, à part les produits de valeurs, des petites toiles ont été offertes aux chefs du village en guise de souvenirs. Au XIXème siècle, la peinture fut en vogue. Les nobles, en occurrence ceux de l’Imerina, impressionnés par les artistes britanniques, veulent à leur tour tracer des contours. En dépit du fait que l’appareil photographique fut emmené par William Ellis en 1956, la peinture tient, en effet, une place prépondérante dans l’art visuel. Actuellement, à Madagascar, la sculpture demeure l’art de l’aéroport. Par contre, les esquisses et les caricatures se répandent sur les médias sociaux ces dix dernières années. Le troisième art est le miroir de la vie sociétale. Valant mille mots, l’illustration provoque une commotion morale aux observateurs. La créativité est tirée de la réalité, inspiration des dessinateurs. Ces derniers aiguillonnent les usagers des réseaux sociaux et prônent un enseignement particulier, à savoir la sensibilisation.
En d’autre termes, les artisans-artistes agitent la population. Corruption, délestage, insécurité, injustice sociale, décès, taux de chômage, hausse des prix des PPN, fraude électorale, tout est exposé. Toutefois, les réactions restent timides dans les commentaires. Jusqu’ici, aucune image dessinée n’a engendré une grande manifestation. Par contre, elle accompagne la révolution, jusqu’à devenir un outil de propagande ! D’ailleurs, c’est le but de chaque dessinateur. Quoique le cinéma et l’art médiatique ne cessent de prendre de l’ampleur, le troisième art gagne du terrain sur la Grande île.
Apparemment Madagascar a soulevé la coupe de la pauvreté. C’est une coupe pleine d’eau sale et amère que la population boit tous les jours. Une situation alarmante, hors du commun. Donc, il n’est pas étonnant que les œuvres des peintres malgaches symbolisent la paupérisation. Auparavant jugée comme un art réservé aux riches, la peinture intéresse désormais toutes les classes sociales malgaches. Ainsi, des expositions se font un peu partout dans le pays. Le troisième art malgache est compétitif, les artistes ont leurs propres styles. D’ailleurs, nombre d’entre eux s’ouvrent à l’international à travers leur participation aux divers concours et festivals internationaux. Certains ont même remporté des prix très honorables.
Iss Heridiny