Ces aficionados présents lors de son live du vendredi 28 juillet dernier avaient entendu quelques chansons. Sans vouloir exagérer, l’artiste a mis en extase l’assistance. Celle-ci attend avec impatience la jaquette ! Après « Mpanazary », le rappeur-sage sortira un autre opus. « Feo divers » sortira officiellement le 29 décembre prochain.
Double sens
Feo veut dire voix. Donc le premier sens, les diverses voix qui crient « Ça suffit ». Ces expressions d’opinion, ce chuchotement au fond des couloirs, dans les quartiers défavorisés, le rappeur les évoque dans son nouvel album. D’autre part, « Feo divers » illustre les faits divers à Madagascar, en l’occurrence l’insécurité, la corruption. Oui, Soja est plus qu’un rappeur, c’est un chroniqueur. Il s’inspire des faits réels. Porte-voix de la majorité silencieuse, l’artiste dédie sa jaquette à tous ceux qui subissent l’injustice.
Régiolecte
Par ailleurs, dans « Feo divers », les auditeurs ainsi que les inconditionnels auront des sonorités variées. « Un peu de tout. Le rap reste la base, mais vous allez entendre un cocktail musical. Il aura du Beko, un rythme venant du sud de Madagascar, de la trap, du boom bap, et même du reggae. J’ai réuni tous ces tempos, pour que tout le monde, où qu’il soit, se reconnaisse… », a-t-il confié. En outre, ayant voyagé dans des régions différentes, le rappeur a mémorisé les maximes des localités. Ces notes lui ont servi à écrire des textes mélangeant les parlers à savoir tsimihety, sakalava du nord, betsimisaraka. « J’ai mis en exergue les dialectes, car moi-même je suis le fruit d’une fusion de divers groupes ethniques. Ça m’a beaucoup aidé, surtout lorsque j’atterris dans une localité… Puis, j’ai appris à bien prononcer des vocabulaires. Une fois que j’écris, j’introduis les paroles que j’ai notées dans mes textes », Soja-B dévoile son atout. Oui, car dans ce monde musical saturé, il faut chercher à toucher toutes les couches sociales. Et le langage est un moyen très efficace pour atteindre le cœur d’un peuple riche en culture.
Trajet et inspiration
Ce ne sont pas des rappeurs engagés qui manquent dans ce pays. Depuis la deuxième moitié des années 1990, des collectifs ont toujours secoué la branche. Apparemment, la pauvreté ne date pas d’hier. Un problème qui s’accumule de génération en génération. Les conditions de vie se détériorent d’année en année. Rien ne s’améliore. Cependant, les poètes de rue ont tendance à se focaliser sur leur ville, leur quartier, ils ne sont pas avisés de ce qui se déroule au-delà de leurs périmètres… Une attitude compréhensive. Rares sont ceux qui ont de la chance comme Soja-B. Celui-ci a presque pu recueillir les gémissements des habitants de toutes les contrées. Évidemment, son combat est à l’échelle nationale. Sous un autre angle, « Feo divers » prône l’unité nationale…
« Feo divers » de Soja est composé d’apostrophes oratoires. Les 13 titres sont aussi bien riches en mélodies qu’en discours anticonformistes, mais restent positifs. La pochette retrace la voie parcourue par le rappeur. Elle reflète aussi la vie de ses concitoyens. Bref, une œuvre qui mérite d’être un sujet de mémoire pour les universitaires !
Iss Heridiny