En mai 1972, le chanteur à l’apogée de sa carrière, Joe Dassin, manque son rendez-vous avec les fans de Madagascar. Le concert aurait dû avoir lieu au Cc Esca Antanimena. Il a été annulé à cause du mouvement populaire, dont les premières secousses selon quelques spécialistes ont été provoquées par le décès du patriote et nationaliste Émile Rasakaiza (1894–2023). Né à Ambohimalaza, il a été un membre du Vy Vato Sakelika, puis torturé par les colons français. En 1971, il a été poursuivi en tant que membre actif du parti politique Monima fondé par un autre grand patriote Monja Jaona à Tuléar. De sa vie, il a porté un combat pour la liberté de son pays, d’ailleurs les tortures infligées par les occupants n’ont jamais entamé son dévouement. Sa carrière l’ a ensuite mené à devenir le premier maire de la ville d’Antsirabe en 1960, pour un mandat de quatre ans. Donc en 1972, Joe Dassin a lancé une tournée internationale qui allait le mener à la Réunion, en Somalie, à Nouméa, à Tahiti en passant par la Grande Île. D’après les chercheurs, ce concert devait se tenir le samedi 13 mai 1972. L’histoire rappelle que la répression a été particulièrement sanglante ce jour, une guerre civile à bien des égards. Aller chanter « Champs Elysées » avec exaltation dans une salle à Antanimena en pensant aux rafales dehors auraient été une performance unique mais une idée risquée pour Joe Dassin. Tandis que le pays bascule vers une de ses premières crises majeures après son indépendance en 1960. Jamais plus le chanteur français amoureux de l’Amérique, jusqu’à en faire une chanson, ne reviendra à Madagascar. Il meurt le 20 août 1980.
Maminirina Rado
