Perspective pas très reluisante pour les exportations malgaches du nickel et du cobalt. L’année 2024 s’annonce difficile pour ces produits qui figurent dans le peloton de tête des pourvoyeurs en devises de Madagascar.
Les analystes tablent, en effet, sur un marché mondial du nickel qui devrait rester excédentaire, cette année.
Excédent
Ce maintien de la situation excédentaire s’explique notamment par la production de fonte de nickel de qualité inférieure (NPI) qui continuera de croître en Indonésie. En effet, l’excédent qui était de 24 000 tonnes en 2023 passera à 36 000 tonnes métriques, cette année. Sumitomo Metal, le plus grand fondeur de nickel au Japon, précise que la production indonésienne de NPI augmentera de 10,3 % pour atteindre 1,27 million de tonnes, après une hausse de 16,1 % en 2023. Dans une publication en date du 5 janvier, Zonebourse parle d’un affaissement des cours du nickel. «Les cours du nickel ont connu un déclin au cours de la semaine sur le London Metal Exchange (LME) en raison d’une offre abondante par rapport à la demande. Cela est attribué à l’accumulation des stocks du LME et à l’expansion de la capacité de production indonésienne, exerçant une pression sur le métal. Le prix du nickel se rapprochait ainsi de son plus bas niveau en deux ans et demi, enregistré fin novembre. Le métal subit depuis un certain temps les impacts de l’expansion considérable de la production de nickel de classe II en Indonésie, un pays désormais responsable d’environ la moitié de la production minière mondiale », précise Zonebourse, en citant Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank. Par ailleurs, « Les stocks surveillés par la Bourse des métaux de Londres augmentent de façon significative », soulignent les courtiers de Marex. « Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 16 295 dollars vendredi, contre 16 603 dollars le vendredi précédent, à la clôture ». Perdant ainsi 308 dollars en l’espace d’une semaine.
Industrie extractive
Cette tendance à la baisse des cours du nickel impactera négativement sur les exportations malgaches, et autant sur l’économie. Les dernières statistiques de 2022 indiquent qu’à eux seuls, ces produits ont généré 1 094,1 millions de dollars de recettes en devises. Mieux, cette bonne performance de la filière nickel a figuré parmi les facteurs de croissance en 2023. Une donne qui pourrait changer si cette tendance annoncée de la baisse des cours du nickel et du cobalt se poursuit. Quand bien même, la LFI 2024 continue de miser sur l’industrie extractive et les industries textiles pour booster la croissance du secteur secondaire. En effet, après des performances mitigées en 2023, la croissance de ce premier secteur devrait s’établir à 5,1 % en 2024. Le document de performance de la LFI 2024 précise sur ce point : « L’industrie extractive devrait afficher une croissance de 7,2 % en 2024 grâce à un contexte favorable au niveau national (application du nouveau code minier) et au niveau international (marche vers la transition énergétique). Pour le secteur textile, la LFI prévoit que : « La croissance devrait être de 4.9 %. Madagascar continuera de bénéficier des avantages de l’AGOA. Avec la suspension de l’Ethiopie (en raison de la situation sociopolitique et sécuritaire dans le pays) et la possible inéligibilité de Maurice (dont le revenu par habitant devrait dépasser le seuil d’éligibilité à l’AGOA), Madagascar peut conquérir de nouvelles parts de marché ». Il reste à espérer que malgré cette situation excédentaire, les cours du nickel affichent un niveau pénalisant pour la filière nickel de Madagascar.
R.Edmond