Des automobilistes un peu renfrognés, des familles jubilant sous les sons des « bam pa pa », ceux ou celles qui savent traduisent, en pleine chaussée à Antananarivo. De juillet jusqu’à octobre parfois, le « famadihana », à chacun et chacune de traduire, anime les rues. Un brouhaha bon enfant surgit des couloirs des quartiers populaires tananariviens, comme Ambohimanarina, Ankazomanga, Andravoahangy et d’autres, occupant les rues, sans se soucier des embouteillages. Dans cette liesse, tout le monde semble oublier que cette tradition est un marqueur culturel commun à une aire géographique allant de Madagascar jusqu’aux Samoa. L’« en-commun » symbolique entre le groupe humain Betsimisaraka du nord avec le « famongarana », le jamé chez les groupes Sihanaka, « Ranga an–dolo » chez les Sakalava Menabe… Pour le groupe humain « Merina », c’est le « famadihana ». Une tradition que l’on retrouve aux Philippines, en Indonésie et aux Samoa. Cette aire géographique, le commun austronésien lierait à travers ce rituel ancestral une famille d’Ankazomanga à celle de l’île de Mindoro aux Philippines. Un territoire insulaire dont les paysages, les maisons mais aussi la sacralisation du riz à travers des rites très codifiés, dont l’un fait penser au « santa–bary », semblent refléter un village Tanala avec ses maisons sur pilotis, une localité Merina et le vert jouissif des terres Sihanaka. Chez les Indonésiens du Kalimantan, le sacrifice du cochon accompagne les rites de la seconde funéraille. Un tabou à Madagascar. Par ailleurs, la cérémonie sert à « introniser » le défunt au rang des ancêtres, le respect et le dévouement à ces derniers, commun aussi aux croyances malgaches liées à l’au–delà de la mort. Pour la petite anecdote, le zébu pourrait donc être un apport africain, seuls les groupes humains Merina en garderaient la trace avec le mot « omby » ou « aombe ».
Maminirina Rado