C’est qu’il faut croire en cette nouvelle génération de musiciens, aussi ambitieuse que talentueuse, telle Francia Roxan, une metalhead pure et dure, bassiste de Tence Mena, Fara Gloum, Kougar & Adr, Rock’andro…
La génération actuelle a du style, tout en étant « dingue » et surprenante. Du haut de ses 26 ans, Francia Roxan en fait partie, à l’âge où l’éducation de la génération graphophone exigeait de trouver mari et machine à coudre. Bassiste de métier, son rêve est de jouer dans un orchestre en pleine mer dans des croisières à bord d’un paquebot. Elle ne craint donc pas les houles et les tempêtes. « Vaut mieux ne pas mentionner mon nom civil », lance-t-elle, malgré quelques insistances. Pour ces raisons, elle n’en dit pas plus. Commence alors son histoire, « Personne ne jouait de la musique dans ma famille, j’étais la seule ». Pour avoir une petite idée du personnage, autant passer tout de suite par son CV d’artiste. Début dans le métal avec Famaky Girl, pendant féminin d’un des pionniers du métal malgache Famaky. Les puristes connaissent très bien. La machine est en route. Roxan, son nom de scène, apprend presque tout toute seule. Basse, guitare et batterie. « Je n’ai pas vraiment de référence », avoue-t-elle. Tantôt elle se retrouve à la batterie dans le groupe Zah’vavy, un brin féministe aussi sur les bords. À Madagascar, études et musique sont les meilleurs alliés. Bien qu’elle ait étudié durant des années la sociologie à l’université d’Antananarivo, qu’elle est sur le point de maîtriser trois langues à part le malgache, sur une croisière c’est un atout, elle ose le dire, « Je vis de la musique maintenant ». Ensuite, elle est contactée par l’équipe de Tence Mena, de Mily Clément, de Fara Gloum… L’influence du rock dans son jeu de basse déteint sur ces musiques de variétés. La rencontre avec la légende ne la laisse pas indifférente. Mily Clément « ne m’a jamais imposé son statut de légende, au contraire, il était tout content d’avoir une femme comme bassiste », se souvient Roxan. Tout musicien en devenir rêve de trouver un tel mentor pour s’initier à la musique populaire. En professionnelle, sur les deux scènes du métal et variété, la personnalité de Roxan reste égale. Apprendre, toujours prendre le meilleur des deux mondes. « Si j’avais les moyens de créer un groupe de fusion, j’appellerai le groupe Ayki et Mily Clément ». La logique même, son groupe de rock préféré est Vain’af. « Un band venu de Tuléar, mélange de rock et traditionnel ». Si elle a été bercée dans l’un des groupes de métal les plus reconnus du milieu, Famaky, la bassiste ne s’est pas laissée enfermer par ce genre où les puristes crient facilement à l’hérésie. Roxan représente donc l’orientation mondialisée d’aujourd’hui, la rencontre des styles et des horizons. La polyvalence dans le jeu et surtout oser rêver grand grâce à Internet. Pour la retrouver, elle sera au spectacle « Retour d’âge » demain à 19 h au After Work By Pass. Auprès d’autres femmes musiciennes/artistes comme elle, Moria, une autre bassiste, Imiangaly, la soul personnifiée, Fara Gasy la percussionniste, Mia Chelsia une madone du classique et du jazz, Ravaka Nathanaëlle virtuose guitariste de belle facture, Mialy Tiana qui a déjà collaboré avec Fanaiky, rien que ça… L’ambiance sera plus masculine en deuxième partie, où joueront Rolf, Kwincy, Heryfield, Drwina et d’autres encore. Comme un festival d’au revoir.
Maminirina Rado