Les félines ont pris le pouvoir sur la scène de l’After Work By Pass samedi lors de la soirée « Retour d’âge ». En parallèle, un petit au revoir de Noah Raoelina, un des plus grands activistes de la musique malgache de ces quinze dernières années. « J’en ai un peu marre… je prendrai un peu de recul pour revenir avec des choses plus grandes », annonce-t-il entre les menus réglages de dernières minutes. Noah Raoelina est sollicité par presque tous les grands festivals et événements musicaux majeurs de ce pays. Fianar Reggae Festival, le label Number One et d’autres qu’il serait fastidieux d’énumérer. « Retour d’âge », c’est la deuxième édition. Et toujours des femmes en première ligne. Pour la nuit d’avant-hier, Stéphanie, Moria, Francia, Ravaka, Mialy, Fara Gasy et Mia ont offert un voyage musical dans le temps. L’électricité faisait des siennes, il va sans dire. De retour à la stabilité à 19h, les choses sérieuses ont commencé. Dans un style effleurant le « lo-fi », le septuor féminin initie un tube pop rock des années 80/90. « Akory aby » de Feon’ala, sept artistes féminines ont eu la bonne idée d’honorer l’un des meilleurs groupes à vocation féminine du pays et d’ailleurs. Place à la musique. Le charme ingénu de Stéphanie, fondatrice du groupe No Mady ayant déjà tourné dans les festivals de rock européens, apporte une aura magnétique au titre. La basse sautillante, style Feon’ala hérité d’une époque post-funk pré-disco, est magnifiée par Francia, bassiste de trash métal et de Tence Mena. Chez ces femmes, aux charmes certains soit dit en passant, les complémentarités sont faciles à capter. Fara Gasy aux congas et à la guitare, conjuguée à la puissance retenue de Ravaka Nathanaëlle stabilisent l’écoute. Ce qui fait esquisser quelques mouvements de danse à l’assistance. Mia aux synthés, Mialy Tiana à la batterie, « Retour d’âge » a réussi son entrée. Cet ensemble musical pourrait bousculer avec plaisir quelques publics de grand festival de Madagascar. Une vraie perle et une trouvaille assez inédite de Noah Raoelina et de son équipe. Le set féminin a poursuivi la soirée jusque vers 22 h avec des titres comme « Kingston town » d’Ub40, « Smells like teen spirits » de Nirvana, « No diggity » de Blackstreet, « Radio » d’Iraimbilanja… Seule la génération musicale 90 connaît. La seconde partie de l’événement a vu la montée sur scène de Rolf, Imiangaly, Drwina et d’autres, tandis que Dj H Man a assuré l’ambiance clubbing. Pas de place pour la nostalgie, le pari a été réussi d’emmener ce genre de musique vivante et contemporaine dans un lieu plutôt familial et convivial, le groupe de personnes endimanchés pour un dîner de travail en arrière-salle le confirme.
Maminirina Rado