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samedi, novembre 23, 2024
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Dossier : Sommet Chine – Afrique, Pékin affiche sa volonté d’accompagner l’Afrique dans sa modernisation

La capitale chinoise, Beijing, se prépare à accueillir l’un des événements diplomatiques les plus significatifs de son histoire. Le sommet Chine-Afrique, qui se déroulera du 4 au 6 septembre 2024 prochain, marquera une nouvelle ère de coopération et d’amitié entre la Chine et le continent africain. Sous la direction du président chinois Xi Jinping, tous les membres du comité permanent du bureau politique du Parti Communiste Chinois (PCC) seront présents à cet évènement, réaffirmant l’importance stratégique de ce rendez-vous pour la Chine.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Chen Xiaodong, a souligné lors d’une conférence de presse, qu’il a tenue le vendredi 23 août dernier au bureau du ministère chinois des Affaires Étrangères, que ce sommet représente le plus grand rassemblement diplomatique jamais organisé sur le sol chinois. Il est prévu que des discussions autour de l’amitié, de la coopération, et de l’avenir des relations sino-africaines rythment ces trois jours intenses de rencontres de haut niveau.

Un programme riche et varié

La journée du 4 septembre sera marquée par un banquet de bienvenue, symbolisant l’hospitalité chinoise, et qui sera dirigé par le président chinois Xi Jinping. Tous les invités de marque du sommet, notamment les chefs d’Etat et de gouvernement, les dirigeants des organisations internationales et régionales, seront invités à ce banquet. Le 5 septembre, l’accent sera mis sur les échanges culturels, avant d’aborder les thématiques centrales du sommet : modernisation, industrialisation, paix et sécurité, ainsi que la construction conjointe du projet « Ceinture et la Route ». Ce projet emblématique incarne « la volonté de la Chine de construire un avenir partagé avec l’Afrique, basé sur le développement et la prospérité mutuelle » selon Chen Xiaodong. Le sommet culminera le 6 septembre avec la 8ème conférence des entrepreneurs africains et chinois, où des mesures pragmatiques et des actions concrètes seront discutées pour renforcer encore davantage les relations économiques entre les deux régions. Néanmoins, d’autres rencontres bilatérales sont aussi prévues dans l’agenda du sommet, selon toujours les précisions du vice-ministre chinois des Affaires étrangères. 

Une coopération sino-africaine en constante évolution

Pour la Chine, le sommet est d’une importance stratégique, selon les explications de Chen Xiaodong. Ce haut dirigeant chinois a ainsi affirmé que la modernisation sera au cœur des discussions durant ce sommet en soulignant la disponibilité de son pays à accompagner l’Afrique dans ce sens. La Chine souhaite accompagner l’Afrique sur la voie de la modernisation, tout en poursuivant sa politique d’ouverture à l’extérieur, contribuant ainsi à une économie mondiale plus inclusive. En tout cas, cette volonté de « soutenir l’Afrique » est impulsée d’en haut, au sommet de la présidence chinoise. Depuis sa première visite en Afrique en 2013, le président Xi Jinping a démontré un engagement fort envers le continent, s’y rendant à cinq reprises, a rappelé son vice-ministre des Affaires Étrangères. Et le Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC), créé il y a 24 ans, a permis de mettre en place 10 programmes de coopération, « appréciés pour leur qualité, pragmatisme et efficacité ». Et d’enchaîner que la Chine est aujourd’hui le plus grand investisseur en Afrique et son premier partenaire commercial depuis 15 ans maintenant. Le principe de coexistence pacifique, fondé sur le respect mutuel, demeure aussi au cœur des relations sino-africaines, a souligné Chen Xiaodong. 

Vers une communauté d’avenir Sino-Africaine

La construction conjointe d’une communauté d’avenir Chine-Afrique de haut niveau est l’un des objectifs majeurs de ce sommet. La délégation malgache fera le déplacement depuis Antananarivo, sous l’égide du président de la République, Andry Rajoelina. En effet, plusieurs dirigeants africains sont attendus à Beijing durant la première semaine du mois de septembre pour sceller davantage une coopération jugée « fructueuse », selon les analystes chinois, avec l’Empire du milieu. Les deux parties entendent mettre en œuvre les acquis des relations sino-africaines, tout en travaillant ensemble pour accéder à un nouveau palier de développement. La Chine et l’Afrique cherchent ainsi à dégager, lors de ce prochain sommet du septembre, une force commune pour la modernisation mondiale, dans un esprit de solidarité et de coopération. Par ailleurs, bien que les restrictions sanitaires aient été levées en Chine pour faciliter l’arrivée des délégations, le conflit en Afrique, pourtant, reste un sujet de préoccupation pour la diplomatie chinoise, selon toujours le vice-ministre chinois des Affaires Étrangères. Néanmoins, la Chine continue de déployer des efforts considérables pour favoriser les pourparlers de paix et la stabilité régionale en Afrique, selon Chen Xiaodong. Ce sommet sera ainsi l’occasion pour Pékin de réaffirmer son « engagement en faveur de la paix mondiale » et de montrer que les conflits ne perturbent pas le cadre de coopération sino-africaine.

Vice-ministre chinois
Chen Xiaodong, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse du vendredi 23 août à Beijing. (Photo fournie)

Partenariat : La Chine a investi près de 2 milliards USD en Afrique courant 2023

Un rapport sur les investissements chinois en Afrique a été présenté le vendredi 23 août dernier à Pékin, mettant en lumière la croissance régulière des investissements chinois sur le continent. Rédigé par le China-Africa Business Council (CABC) en collaboration avec des laboratoires d’idées et des experts internationaux, ce rapport analyse l’évolution de la coopération économique et commerciale sino-africaine, et explore les moyens de renforcer l’industrialisation en Afrique.

Une diversification des investissements

Selon le rapport, les investissements chinois en Afrique se sont diversifiés au fil des années, touchant de plus en plus de secteurs économiques. Ce développement en profondeur reflète la volonté de la Chine d’accompagner le continent africain dans sa quête de modernisation et de développement économique. En 2006, le CABC, qui regroupe 3 200 entreprises chinoises et africaines, avait déjà investi 20 milliards de dollars en Afrique, créant ainsi six millions d’emplois. Fin 2022, le stock d’investissement directs chinois en Afrique a dépassé 47 milliards USD. Au premier semestre 2023, toujours selon le rapport, les investissements directs chinois en Afrique ont dépassé 1,82 milliard USD, soit une augmentation de 4,4% en glissement annuel. Le rapport insiste sur l’importance de renforcer cette dynamique au cours des cinq prochaines années, en travaillant plus étroitement avec les PME africaines et en collaborant avec les institutions financières locales.

Des défis et des opportunités pour l’Afrique

L’ambassadeur chargé des affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères, Lei Kezhong, a souligné, lors de la présentation du rapport, l’importance de gagner en volume et en valeur dans les investissements futurs. Avec des investissements de plusieurs milliards de dollars, il est crucial que le secteur privé chinois, estime ce dirigeant chinois, continue de faire preuve de dynamisme en développant des modèles d’affaires bénéfiques pour les communautés locales en Afrique, tout en soutenant la modernisation du continent et la formation de ses talents.

Martin Mpana, ambassadeur du Cameroun et doyen du groupe des ambassadeurs africains en Chine, quant à lui, a salué la densité et l’efficacité de la coopération sino-africaine. Il a exhorté les décideurs, les chercheurs et les médias à prendre connaissance de ce rapport, qui pourrait influencer les politiques futures en matière de coopération économique. Mwangi Wachira, conseiller du président kényan et ancien économiste de la Banque mondiale, a, en revanche, évoqué les principaux défis auxquels l’Afrique est confrontée : le chômage, la productivité agricole, la diversification économique, et le développement des infrastructures de base. Selon lui, l’accélération de la diversification économique est cruciale pour éviter les crises de sécurité alimentaire et pour garantir un développement durable. Ce sera dans ce cadre, estime-t-il, que la coopération sino-africaine doit être basée. 

Vers une coopération durable et bénéfique pour tous

Les entreprises chinoises ont investi dans des projets en Afrique dans de nombreux domaines, tels que la construction d’infrastructures, le développement énergétique et la santé. Et en termes d’infrastructures numériques, les entreprises privées chinoises ont activement, selon le rapport, répondu à l’initiative « Ceinture et la Route », en augmentant leurs investissements dans l’infrastructure numérique en Afrique, avec notamment des câbles sous-marins, des centres de données et des réseaux de communication mobile. En effet, le rapport met en avant le potentiel de l’Afrique en matière de ressources humaines, de minéraux, et de coûts énergétiques et de transport, des atouts qui pourraient propulser le continent vers une industrialisation réussie. Toutefois, l’industrie manufacturière en Afrique reste freinée par une base économique faible, nécessitant des investissements ciblés et une coopération renforcée. La coopération sino-africaine, dense et dynamique, a un rôle central à jouer dans ce processus. Le rapport du CABC plaide pour une collaboration durable entre les deux régions, visant à pérenniser l’amitié historique qui les unit et à bâtir un avenir partagé, fondé sur le respect mutuel et l’avancement commun.

Investissement chine
Les panélistes lors du dialogue sur les investissements en Afrique à Beijing. (Photo fournie)

Voie de développement : Aucun modèle n’est universel selon le professeur Tiebing XU

La Chine a connu une « progression continuelle » et bénéficie d’un « lourd héritage historique », aussi d’une « homogénéité culturelle » pour forger ses capacités de se développer. Ces propos sont du professeur Tiebing Xu, qui a exposé devant plusieurs journalistes africains sur le modèle chinois de la modernisation, ce lundi 26 août, au Diplomatic Residence Compound à Beijing. Et quand il faut parler de modernisation, cet enseignant des universités, qui a fait une grande partie de sa formation en Europe, affirme qu’« il est important de prendre en compte cet héritage de l’histoire ». En effet, la Chine a forgé sa réussite dans son histoire et actuellement, elle peut se targuer parmi les pays qui ont connu une croissance économique importante durant les dernières décennies. Et sur le plan politique, sa stabilité lui a permis de se focaliser à booster son économie. Elle compte actuellement près de 1,4 milliard de population, soit ¼ de l’humanité entière, mais elle est beaucoup « plus organisée, structurée et ramifiée avec une gouvernance multidimensionnelle », selon Tiebing Xu.

La Chine a aussi vécu une expérience douloureuse

La modernisation de la Chine a commencé en 1949, date à laquelle la République populaire de Chine a été créée. À cette époque, le modèle soviétique a inspiré les dirigeants chinois. « Mais dans plusieurs domaines, le modèle chinois est différent de celui des soviétiques », selon Tiebing Xu. « Il y avait une période d’expérimentation » que la Chine a du vécu, selon cet universitaire. Et c’est dans ce cadre qu’il affirme qu’« aucun modèle n’est universel ». « Il n’y a pas non plus de recettes efficaces pour tous. Il faut des expériences et prendre en compte l’héritage historique », poursuit-il devant les journalistes africains. Pour la Chine, selon toujours Tiebing Xu, il y avait une phase d’expérimentation, de correction et de rénovation. Par exemple, l’universitaire a affirmé que « dans les années 20, la Chine a déjà expérimenté le multipartisme mais le résultat a conduit à des conflits ». « C’était une expérience douloureuse » pour la population chinoise, précise-t-il. Actuellement, la Chine a réussi sur plusieurs domaines, dit-il, dont notamment l’aérospatial, les nouvelles technologies, le commerce, l’industrie lourde et légère, l’urbanisation, l’industrie de la défense. Et cette réussite « a permis d’instaurer une justice sociale en Chine », martèle-t-il. Dans les années 50, l’espérance de vie d’un Chinois était de moins de 40 ans et la scolarisation est obligatoire jusqu’à 15 ans en Chine. La place des femmes dans la société chinoise, toujours selon Tiebing Xu, a aussi beaucoup évolué depuis la modernisation de la Chine. 

Journalistes
Des journalistes africains lors de l’échange avec Tiebing Xu à Beijing. (Photo fournie)
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