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mercredi, octobre 2, 2024
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Geoffrey Gaspard – réalisateur, vidéaste : Focus sur le morengy, art martial malgache

Le morengy est un art martial traditionnel malgache qui attire de plus en plus de jeunes ces derniers temps. De ce fait, le cinéaste Geoffrey Gaspard s’engage à faire connaître  ce style de combat à l’international. L’équipe de Midi Madagasikara a eu le privilège de l’interviewer.

Midi Madagasikara : Geoffrey Gaspard, vous avez organisé un événement inédit, le Morengy international. Dans quel but ?

Geoffrey Gaspard : La première édition du Morengy international a été créée par Thierry Saidani, coach du club Boîte Noire et organisateur de Morengy, en mai 2023. Il a fait venir des combattants thaïlandais, et l’événement s’est déroulé entre Nosy Be et Ambanja. À cette occasion, des fanorolahy gasy se sont mesurés à ces athlètes asiatiques. Cette année, j’ai décidé de rejoindre cette initiative avec ma société Koezy Company, afin de promouvoir le morengy. Nous avons fait venir un combattant hollandais, Duncan Jansen, qui souhaitait apprendre le morengy et qui était prêt à se battre contre un fanorolahy gasy. Pour cette édition, il s’agissait de Black Canon de Nosy Be. De plus, Duncan voulait réaliser un film documentaire sur toute son expérience. La deuxième édition du Morengy international s’est tenue le 25 août 2024 à Diégo Suarez, au Terrain Barman. Le but de cet événement était de mettre en valeur le morengy en apportant du « sang neuf » à notre art de combat traditionnel. Nous voyons très souvent les mêmes combattants s’affronter chaque dimanche. Les combats sont bons, mais pour faire évoluer les choses et susciter un plus grand intérêt du public pour notre tradition, il fallait que l’un des nôtres se mesure à un étranger. Thierry et moi sommes convaincus que cela permettra de faire évoluer ce sport en le partageant à travers le monde grâce au film que Duncan a réalisé et diffusera sur les réseaux sociaux. Cet événement contribue également à valoriser notre identité en tant que Malgaches. Il est essentiel que nous célébrions nos cultures, et ce type d’événement est idéal pour atteindre cet objectif. Cette édition a été excellente, surpassant même nos attentes, avec plus de 3 000 spectateurs qui ont été ravis du combat. Un combat extraordinaire dont la vidéo officielle peut être retrouvée sur le groupe Facebook de Tsaranazy Wallas, commentateur et animateur de l’événement, appelé Tombok’ondry soman’ny Sambirano.

M.M : Les « Vazaha » sont-ils vraiment intéressés ?

G.G : Les Vazaha pourraient être intéressés, mais ils doivent s’adapter, comme Duncan l’a fait, aux règles de combat du morengy. Cela signifie une immersion complète dans le monde gasy. Tant qu’ils acceptent de se battre comme nos fanorolahy, c’est-à-dire sur la terre battue, avec seulement des bandes autour des poings, pour des combats durant entre 30 et 60 secondes, et surtout qu’ils respectent notre culture, je pense que oui, les Vazaha ont leur place dans le morengy gasy.

M.M : Qui a gagné lors du combat du 25 août ?

G.G : Dans le morengy, c’est le public qui choisit le vainqueur. Il n’y a pas vraiment de perdant, les règles sont floues, ce qui permet de préserver la dignité des combattants. De toute façon, à un moment donné, un combattant se retrouvera en difficulté. Donc, en général, il n’y a pas de vainqueur officiel, le public et les fans célèbrent l’un ou l’autre des combattants. Pour le combat du 25 août, c’était vraiment équilibré. Pour quelqu’un qui n’avait jamais combattu en morengy, Duncan s’en est très bien sorti, restant debout jusqu’au 3ème round, ce qui a rendu les choses difficiles pour Black Canon. Ce dernier n’a pas démérité non plus. En tant que jeune étoile montante du morengy dans la région, il nous a prouvé qu’il était la bonne personne pour nous représenter dans ce combat légendaire. À la fin du combat, les deux combattants se sont mutuellement portés, ce qui est un signe de fair-play et de respect entre les fanorolahy.

M.M : Quelle a été la technique de combat de Duncan ?

G.G : Duncan est arrivé quelques jours seulement avant son combat. Fort de son passé de rugbyman, il avait une certaine expérience des bagarres, mais c’est le coaching de Thierry Saidani qui l’a vraiment mis en confiance. Les conseils et les connaissances partagés par Thierry lui ont permis d’impressionner le public par sa force, son courage, et sa technique. Le public en redemandait tant c’était intense et excitant à voir.

M.M : Le morengy est en mutation de nos jours. Qu’en pensez-vous ?

G.G : Je suis d’accord. Depuis sa création, le morengy est en constante mutation, et il faut l’accepter. Le morengy dépend de la génération et de l’époque dans laquelle il existe. J’ai beaucoup étudié ce sujet et en suis arrivé à cette conclusion. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, mais nous ne pouvons qu’avancer tout en respectant au maximum les traditions. C’est un art martial vivant qui évolue avec les contributions de chacun. Ce qui me satisfait particulièrement en termes de mutation, c’est la protection des combattants. Ce sont des êtres humains comme nous tous, et il est important qu’ils soient efficaces dans les combats tout en limitant au maximum les blessures. C’est dans cette optique que des éléments comme le protège-dents, les bandes pour les poings, la vaseline, les entraînements et l’assistance des secouristes en cas d’urgence ont été introduits. Cela change certes le morengy, mais nous devons penser à la santé de nos fanorolahy pour que nous puissions continuer à célébrer notre culture du Nord, qu’est le morengy.

Propos recueillis par Iss Heridiny.

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