Avant, le chant consacré à la gloire de Dieu à Madagascar était inspiré de la musique importée par les missionnaires européens. Ensuite, sous l’influence américaine, la cadence tendait vers la soul, le gospel. Mais, ces dix dernières années, le rythme gasy-gasy, notamment le baoëjy, le malesa, le beko, le salegy et même le trotrobe, franchissent les portes des temples… L’Église apostolique romaine en est le précurseur. Se référant au concile du Vatican II (1962-1965) mettant en valeur l’inculturation, les chefs religieux autochtones mélangent l’usance traditionnelle et le rite de l’Église sans pour autant transgresser la doctrine. Dès lors, entre 1970-1990, les compositions des cantiques sont teintées de folklore du terroir, ce qui a été fortement reprochée par les « conservateurs », car pour eux, cette mélodie injurieuse n’a pas sa place dans la maison de Dieu. Le Seigneur mérite un art savant qui respecte les règles et l’harmonie. Donc, pendant plus de deux décennies, l’ECAR de Madagascar a été pointée du doigt. Au début de l’an 2000, des nouvelles églises créées par des théologiens autodidactes s’implantent un peu partout sur la Grande Ile. Astucieux, ces groupes religieux attiraient les jeunes avec les genres musicaux du moment. Au début, ils remplacent les textes des artistes en incluant des paroles de l’Evangile. En l’espace de trois mois, ils faisaient le plein. Apparemment, la « conjugaison musicale » séduit les amateurs de la mozika mafana. La fondation des édifices religieux dans les quatre coins du pays, s’accompagne de la création de plusieurs collectifs évangéliques. Ces derniers, à leur tour, produisent des chansons phares dont les refrains sont faciles à retenir… À présent, pour élargir l’audience, des artistes s’ouvrent à d’autres sonorités, à savoir l’afrobeat, le zook-love, le rap. Force est d’admettre que cet usage particulier se pratique dans d’autres nations. Le pasteur jamaïcain Gregory Mitchel en est un exemple. Son ragga évangélique « under the blood » a fait le tour du monde. En somme, l’Église n’est pas uniquement l’architecture, sinon, elle serait figée. Donc, suivre le courant serait la meilleure option. Par ailleurs, chacun a sa façon de prier.
Iss Heridiny