La Directeur Général de l’Aménagement du Territoire a une expérience éprouvée en études d’aménagement du territoire ainsi qu’en élaboration du plan de développement en milieu urbain et rural. Elle nous fait un point d’étape sur PRODUIR mis en œuvre par le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire (MDAT).
Midi Madagasikara (M.M) : Quels sont les enjeux de la mise en œuvre du Projet de développement Urbain Intégré et de Résilience pour le grand Antananarivo pour le pays ?
Miangaly Rabodomalala (MR) : PRODUIR est financé par la Banque mondiale et mis en œuvre par le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire (MDAT). La réalisation de ce projet englobe des enjeux importants aussi bien pour le MDAT que pour le pays, car il ne s’agit pas uniquement d’un projet d’infrastructures et de lutte contre l’inondation. C’est bien plus que cela, c’est un projet qui touche tous les aspects du développement urbain : les infrastructures, les déchets, les offres de service, la gouvernance, la gestion des risques, le foncier etc., d’autant plus qu’il s’opère sur la capitale Antananarivo et ses environs qui jouent un rôle primordial dans le développement économique de la Grande île. Quand on parle des grandes villes, elles comprennent des enjeux d’offres et de demandes. Tous les services (marchés, banques, écoles…) et les opportunités y sont présents. C’est déjà un grand avantage économique. Pour Madagascar en particulier, les trois-quarts du PIB sont générés par les villes avec les services comme locomotives.
M.M : Pour la Ville des Mille en particulier, quels défis doivent être affrontés ?
M R : Le MDAT est l’institution qui parraine les villes. Les leçons apprises à travers PRODUIR qui est l’un des plus grands projets financés par la Banque mondiale dans ce domaine nous aideront à agir de manière plus efficace dans les autres villes de Madagascar. L’un des cœurs du projet est le curage du canal C3. C’est en 2011 que le dernier curage partiel de ce canal a eu lieu. Ce canal est important pour l’écoulement de l’eau. Aujourd’hui, le projet est entré dans le cœur de son activité : le curage et la consolidation de cette infrastructure vitale. Les plus grands défis sont de s’assurer qu’au-delà même du délai d’un projet, les infrastructures soient entretenues, que les municipalités aient la capacité de pérenniser les offres de services de bonne qualité et que chaque citoyen de cette ville puisse être plus responsable vis-à-vis du respect des biens publics.
M M : PRODUIR n’englobe-t-il que cette dimension de curage du canal C3 ?
M R : Cela fait des années que nous avons entendu parler de PRODUIR, mais le curage du canal C3 proprement dit a débuté il y a quelques semaines. En parallèle, le projet est en train de mettre en place le centre de confinement des boues de curage à Iarinarivo. Avant de les confiner, les boues recevront un traitement. Elles seront asséchées et compactées pour éviter qu’il y ait des lixiviats qui pourraient potentiellement polluer la nappe phréatique. Un site de prétraitement des boues de curage a été construit par PRODUIR, à Anosibe, dans ce sens. La protection de la plaine d’Antananarivo et de ses habitants est l’objectif principal du projet mais il améliorera les capacités des acteurs à répondre rapidement et efficacement à une situation d’urgence ou de crise notamment les cas de catastrophes. C’est pourquoi les digues de l’Ikopa ont été renforcées, sur 1,27 km sur la rive gauche de l’Ikopa, 3,2 km sur la rive droite km, à terme. Il a construit également des infrastructures qui occasionnent des impacts directs sur les communautés : les ruelles, les bassins à l’usage des lavandières, les toilettes publiques.
Propos recueillis par José Belalahy