Personnage historique témoin oculaire de la colonisation, et des quatre Républiques, ce cardiologue a joué un rôle prépondérant non seulement dans l’enseignement supérieur mais aussi sur la scène politique malgache. Ministre de la Santé du temps de Ramanantsoa, président de la Haute autorité de l’État entre 1991-1992. Il devient président de la République de 1993 à 1995.
La stèle du professeur Albert Zafy, le père de la démocratie et chantre de la réconciliation nationale a été dévoilée à Betsiaka, le samedi 26 octobre dernier. La cérémonie a vu la présence de représentants de la région DIANA, les autorités locales, le président de l’Assemblée nationale Justin Tokely, ainsi que le chef du gouvernement Christian Ntsay. Rendre hommage au grand homme qui a consacré sa vie au rassemblement du peuple malgache, le fampihavanam-pirenena. Les Malgaches, ses partisans en particulier, se souviennent de son caractère humble. L’un d’entre eux est le Professeur René Rasolofo. « Il venait d’effectuer une tournée lorsqu’un de ses membres de gouvernement l’informa de l’existence d’un restant de budget destiné à la mission. Le professeur Zafy lui a ordonné de remettre la somme dans la caisse nationale, car elle appartenait au peuple malgache. Voilà un vrai homme d’État », a-t-il soutenu…
À vrai dire, la réconciliation prônée n’est pas seulement sur le plan politique, elle concerne tous les Malgaches. L’équilibre régional, l’unité dans la diversité, le respect des mœurs et des traditions, la cohésion sociale, la refondation de la nation figurent dans son programme. Certes, la construction de cette stèle en marbre permet d’éveiller la conscience collective mais, il est impératif de continuer les actions entreprises par cette personnalité. Par ailleurs, l’héritage qu’a laissé Albert Zafy demeure gravé dans la roche. En revanche, la génération actuelle tend à l’omettre sciemment. Jugée figée par celle-ci, l’idéologie Satro-penjy n’est abordée que par les vieux hommes de 60 ans. « Beaucoup préfèrent tourner la page. Ils disent que c’est de l’histoire ancienne. Pourtant, nous y vivons encore », a précisé Antoine Anjara, un contemporain des années 1990. Ce zafiste fait allusion à la centralisation, la guerre tiède entre les Malgaches. « Le professeur a osé déterrer le passé houleux. D’ailleurs, il est le mieux placé pour le faire. Ce raiamandreny a connu des péripéties », poursuit-il. Le récit du Professeur Albert Zafy contredit ce qu’affirment les sceptiques que « le pays ne possède aucune icône de référence ». Bien au contraire, il fascine les érudits, sâge pour certains, intrépide pour les autres, il est, sans vouloir exagérer, le modèle idéal d’abnégation que la Grande-île n’a jamais connu. Ces citations devraient être incluses dans les manuels scolaires. L’homme passe, l’histoire reste, dit-on souvent.
Iss Heridiny