La plupart des femmes malgaches ne bénéficient pas encore des prises en charge nécessaires pendant l’accouchement. Du coup, beaucoup en meurent.
L’Enquête Nationale sur l’Objectif du Millénaire (ENSOMD) en 2013 a montré que la situation sur la mortalité maternelle et la santé reproductive à Madagascar est restée la même en 20 ans, c’est-à-dire, depuis 1994. Cette enquête a ainsi montré entre autres que 54 % des accouchements se font encore à domicile, et 44 % seulement se font dans les services de santé. En d’autres termes, presqu’une femme sur deux se contente de mettre au monde leur bébé soit chez elle, soit dans des endroits inappropriés, donc, sans la présence d’un personnel de santé qualifié. Ce qui explique le taux de mortalité maternelle élevé, bien que l’accouchement fasse partie de l’un des grands moments dans la vie d’une femme. L’on sait que 10 femmes malgaches par jour meurent des suites d’accouchement compliqué. Et le pire, c’est que 43 % de ce taux de mortalité concerne des jeunes de moins de 24 ans. En fait, cette situation est expliquée en quelque sorte par le fait que 64 % de la population malgache a encore moins de 25 ans, une population jeune, mais vulnérable en matière de santé reproductive. De plus en plus de jeunes se lancent dans les rapports sexuels précoces. De ce fait, une mère sur trois est encore une adolescente comprise entre 15 et 19 ans.
Se suicider. En effet, à Madagascar, cette enquête a soulevé que la santé reproductive ne fait pas encore partie des priorités de l’Etat malgache. Cependant, c’est en quelque sorte à cause de cela que beaucoup de femmes perdent leur vie en donnant naissance à leur enfant, car, soit elles sont trop jeunes au moment de l’accouchement, soit elles ne reçoivent pas les prises en charge nécessaires avant, pendant et après l’accouchement. Pourtant, aucune ne doit en mourir. Et les causes les plus fréquentes de cette mortalité sont les hémorragies suite à des accouchements compliqués, selon toujours l’ENSOMD. Surtout dans les endroits lointains, beaucoup de femmes préfèrent encore consulter les matrones à la place des professionnels de la santé, d’une part, à cause de la pauvreté. Et de l’autre, à cause de certains us et coutumes. Et c’est souvent là qu’apparaît le problème des trois retards : la prise de décision sur les recours aux soins, le temps perdu pendant le transport, et le retard de l’administration des soins dans les centres de santé ou hôpitaux. Du coup, si elles ne meurent pas, leur cauchemar se poursuit tout au long de leur vie: elles sont atteintes de la fistule obstétricale. Ainsi, si certaines choisissent l’isolement, d’autres préfèrent même se suicider.
CARMMA pour les jeunes. Alors, tout cela devrait enfin s’arrêter. Et c’est justement pour cette raison que l’Etat, avec ses partenaires, comme l’UNFPA, a mis en place la Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle (CARMMA) à Madagascar. Celle-ci porte surtout sur la sensibilisation de tous ceux qui peuvent être concernés par la prise en charge et l’importance de la santé reproductive de la femme, notamment: les agents de la santé, les femmes elles-mêmes, les communautés, les journalistes, et pourquoi pas, les matrones et les leaders traditionnels. Mais selon les recommandations, cette campagne devrait être orientée davantage sur les jeunes. Pour sa part, toujours dans le cadre de la CARMMA, l’UNFPA a mis en place sa triple stratégie, à savoir : une planification familiale pour éviter les grossesses précoces et non désirées, un accouchement de qualité en présence d’un personnel de santé qualifié pour toutes les femmes, durant la grossesse et à l’accouchement, et la mise à disposition des soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU) pour traiter les complications à temps.
Arnaud R.