Les chansons engagées inondent des ondes, les slameurs audacieux montent sur les planches pour dire ce qu’ils pensent, les écrivains griffonnent en confondant sciemment leurs larmes et leurs encres, les peintres-caricaturistes dessinent des perspectives opaques du pays. L’heure est grave ! Depuis ces cinq dernières années, des œuvres aiguisées d’engagement apparaissent sous toutes les formes possibles. Sans vouloir exagérer, la misère semble atteindre son pic. Le pays est couvert d’ordures, sur lequel souffle un vent à l’odeur infecte, peuplé de personnes assoiffées. Les faits sont observables et palpables. Le contraste ne se trouve pas uniquement dans l’objectif d’un photographe, ça fait partie du quotidien. Ici, beaucoup de richards tombent brusquement comme des fruits tropicaux pourris secouer par la mousson. La classe moyenne atterrit sur la barre des sans-dents pendant que ceux qui occupaient la base de la couche sociale s’enfoncent encore plus en dessous du seuil de pauvreté. Bref, une régression totale.
« Art triste »
Ce phénomène pousse les artistes à serrer tant les poings que la ceinture. C’est trop ! Étant leaders d’opinion, ils interprètent d’une façon figurée la vie de la société. D’autre part, certains sont encore plus subtils. Souvent, les réalisateurs et les vidéastes manient avec esthétique leur art. Vako, le nouveau single de Nela Brown illustre cette faculté. Sorti officiellement le dimanche 8 décembre dernier, le script a été confié à VG Prod. Dans son texte, l’auteure parle de son amour pour la tradition malgache. Elle incite les jeunes à bien conserver ce précieux héritage. En revanche, le clip a été tourné dans un endroit décoré par les bidonvilles et les bidons jaunes. Le message est clair comme de l’eau de roche. Bien entendu, ce genre d’expression se trouve dans les pays émergents, notamment au Brésil, au Nigéria… Mais, en se référant aux vidéos musicales des chanteurs malgaches des années 1990, les scénarios étaient différents. La génération de cette époque se souvient des représentations assez positives de la part des créateurs. À l’époque et jusqu’au début de l’an 2000, les villas et les belles voitures défilent sur l’écran de leurs téléviseurs reliés au lecteur VCD par un câble rongé. Certes, l’idée de montrer la belle vie persiste. Cependant, la volonté occupe davantage l’esprit. Par conséquent, le tourment modèle l’inspiration de l’artiste. En fin de compte, gangrené malgré lui, il se sert de son talent pour se libérer de la frustration.
Iss Heridiny