Derrière Eritage Madagascar se trouve une femme, une battante du nom de Sandrine Andrinantenaina. Ses produits artisanaux traversent les océans depuis deux ans maintenant, portrait et tracé d’un « made in Madagascar ».
Sandrine Andrianantenaina fait partie de ces Malgaches qui croient encore au savoir–faire local. Depuis 2022, elle a créé une marque, un art de vivre et surtout du « made in Madagascar ». « Je combine expertise entrepreneuriale et enracinement culturel », précise–t–elle. Ce grand écart entre le local et le global, plutôt cette posture convergente, fait sa personnalité.
Riche de deux cultures, française et malgache, sa vision est d’amener à se rencontrer la créativité et la singularité des artisans avec les « les standards d’exigence française et de qualité suisse », ajoute Sandrina Andrianantenaina. Cela aboutit à un travail fin, des détails à couper le souffle proche de l’œuvre d’art.
C’est en puisant dans ses racines que Sandrine Andrianantenaina a opté pour les matériels locaux. « Au centre des créations d’Eritage Madagascar se trouve le raphia, une matière naturelle emblématique de Madagascar. Ce matériau, issu des feuilles de palmier, est apprécié pour ses qualités uniques : écologique, durable, esthétique, polyvalent et adapté à une démarche locale ».
Difficile à croire qu’avec la déferlante des importations, l’artisanat malgache a été une des premières victimes, la dame parle avec autant de ferveur et d’optimisme du fait main malgache. Parce que l’humain se trouve avant tout « au cœur du projet d’Eritage Madagascar », soutient cette self made woman d’expérience ayant déjà connue toutes les joies et les affres de l’entreprenariat.
Bref, une battante. Et son entreprise compte s’attaquer à l’international, sans doute avec la vague « woke » et une certaine recherche de l’originalité sur le marché occidental. Elle présente sa société comme son bébé. 2022 a été l’année où elle a enfin pris la décision de foncer après avoir mis tous les atouts de son côté et surtout cette volonté de valoriser sa culture.
« La marque travaille main dans la main avec des artisanes talentueuses, véritables gardiennes d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération. En leur offrant des formations adaptées, des salaires justes et des conditions de travail respectueuses, Eritage Madagascar leur permet d’acquérir une indépendance économique et une reconnaissance pour leur expertise ».
Sa stratégie est simple, loin de l’artisanat répétitif et parfois dénaturé. Eritage Madagascar a opté pour le modèle unique. « La production est pensée dans une logique éthique et raisonnée. Chaque pièce est fabriquée uniquement sur commande, assurant ainsi une rareté et une qualité irréprochables », fait–elle savoir.
Les points de vente se trouvent à Nosy be chez Foudy Mena et Akany Concept Store à Antsahavola dans la capitale. Pour la clientèle internationale et les clients locaux, le site web est disponible. Le pari est de « redéfinir les standards de l’artisanat malgache en le hissant à un niveau d’excellence… et établir un pont entre tradition et modernité », principes qu’elle met toujours en avant.
Cette stratégie des pièces uniques s’avère être gagnante pour Sandrine Andrianantenaina. Une nouvelle clientèle a éclos dans le pays en l’espace de quinze ans. Particulièrement exigeante, mais aussi éprise d’identité individuelle. Rien de mieux qu’offrir des produits sur mesure pour les attirer chez Eritage Madagascar.
Le choix des artisans est loin d’être fortuit. Des artisanes en exclusivité, « parce qu’elles sont comme les gardiennes d’un savoir–faire ancestral transmis de génération en génération », soutient la dame. Toujours cette ferveur dans le regard et l’expression à chaque fois qu’elle évoque les inspirations locales de son entreprise.
Croire en l’artisanat malgache est une chose, en faire un secteur professionnel et vecteur d’emploi en est une autre. Comme toute société, les débuts d’Eritage Madagascar sont « normaux ». Il faut réussir à se placer dans le marché, penser « glocal ». Se dépasser, Sandrine Andrianantenaina élargit alors ses horizons, adopte les nouvelles techniques de marketing.
Savoir vendre une pièce unique est une prouesse. Réussir à la perfection la commande d’une cliente. Tout cela peut finir en quitte ou double. Les premiers succès rassemblent des fidèles à la « marque » Eritage Madagascar. La machine est lancée. Elle tient quand même à souligner, quitte à se répéter sur le rôle des femmes artisanes.
« Il s’agit de construire un avenir durable pour ces femmes, en valorisant leur talent et leur rôle dans la préservation de l’artisanat malgache. Chaque pièce créée contribue à pérenniser un savoir-faire unique, tout en offrant des opportunités économiques à des communautés souvent marginalisées. Ces artisanes deviennent les actrices principales d’une histoire où tradition et empowerment se rejoignent pour rayonner bien au-delà des frontières… cela leur permet d’acquérir une indépendance économique et une reconnaissance pour leur expertise ».
À partir de ce jour et jusqu’à demain, « nous allons dévoiler de nouvelles pièces en avant-première, lors de son exposition-vente annuelle Fairy Merry Christmas au Golf Galaxy Andraharo, à partir de dix heures ». Histoire de choisir des cadeaux de Noël et d’avoir un aperçu de l’artisanat malgache capable de traverser les frontières.
Maminirina Rado