Le département d’histoire de l’Université d’Ambohitsaina ainsi que les érudits malgaches en général ont perdu un gaillard.
Âgé de 80 ans, l’historien d’origine franco-belge, malgache, malgache d’adoption, spécialiste de l’Afrique des grands lacs et Madagascar s’est éteint le vendredi 17 janvier dernier. C’était un homme toujours occupé. Toujours un projet, une perspective qui mobilise ses pensées. Rien ne lui échappe. Il dispose d’un atout considérable, la souplesse psychique. Comme un vieux scribe, Gaëtan Feltz était ce professeur qui racontait tout ce qu’il a vécu pendant son périple. Sa voix rauque captivait ses étudiants. Témoin oculaire de la guerre civile au Rwanda, la dictature de Mobutu et les agissement au cœur de l’Afrique.
Enseignant-chercheur qualifié maître de conférences au Congo-Zaïre, au Burundi et à Madagascar de 1967 à 1996, ce maître de conférences a fait du continent africain sa deuxième terre. À part le français et l’anglais, il parle et écrit le kiswahili, comprend le kinyarwanda et aussi le malgache. Personnage coordinateur de projets de coopération, il a, entre autre, contribué au Développement d’une région périphérique du Burundi (Buyogoma-Kumosso) de 1988 à 1989 ; La mémoire des Zanatany à Madagascar avec collecte de récits de vie, de 1993 à 1997 (250 récits de vie), chef du Département d’Histoire, Université de Lubumbashi, Zaïre/Congo, 1976-1977, Secrétaire du Département d’Histoire, Université du Burundi, Bujumbura, 1979-1989, secrétaire de rédaction de revues scientifiques pour Etudes d’Histoire africaine (Lubumbashi, 1976-1977), Feltz a également créé une nouvelle filière universitaire avec le professeur Manassé Esoavelomandroso, la filière Sciences sociales du Développement à l’Université d’Antananarivo, Département d’Histoire en 1994. Tout cela n’est qu’un aperçu de ce que ce grand monsieur a accompli pour « La terre mère ».
iss Heridiny
J’ai connu Gaetan Feltz à Ai-en-Provence alors que nous étions étudiants
Ce n’était pas un rêveur certes. Mais il avait un rêve: retrouver son Afrique natale et la servir comme un fils exemplaire et dévoué. Il s’orienta vers des études d’Histoire puis vers la Recherche
Finalement, ce fut à Madagascar que cet enfant du Rwanda réalisa son rêve, au sein de l’Université. Ses nombreuses publications témoignent de ses apports scientifiques et de sa contribution à la renommée de la Recherche malgache. Il disparaît prématurément alors même qu’il était encore en pleine créativité
« Le passé fut si beau en somme qu’il ne faut blâmer le Destin
« De nos années d’hommes, nous aurons gardé le meilleur ». (La Mort en face).