Une vive contestation a éclaté hier à Tsarasaotra, où des habitants de la commune d’Ambohimanga ont exprimé leur opposition au tracé de la future autoroute reliant Antananarivo à Toamasina.
Ce projet présidentiel, dont les travaux ont déjà commencé depuis plusieurs mois, suscite l’inquiétude des populations locales en raison de son impact potentiel sur le patrimoine culturel et les moyens de subsistance. Fredy Ranohisoa, porte-parole des habitants, a plaidé pour une révision du tracé. « Nous suggérons que cette autoroute contourne l’étendue de la commune d’Ambohimanga, car le tracé actuel traverse le cœur de cette localité historique, riche en patrimoine culturel », a-t-il déclaré face à la presse. Cette localité abrite en effet le Rova d’Ambohimanga, un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et cher à l’histoire du pays. Si le tracé actuel est maintenu, selon cet habitant d’Ambohimanga, l’intégrité géographique de ce « vohitra » est en jeu. Ces habitants militent ainsi pour la préservation de l’unité, de la cohérence et des caractéristiques physiques et spatiales d’Ambohimanga.
Conséquences économiques. Les manifestants, soucieux de préserver ce patrimoine, ont proposé que l’autoroute contourne la commune. Ils craignent que le tracé actuel ne scinde en deux cette circonscription historique. « L’idée n’est pas du tout de saper ce projet de développement routier, mais plutôt de proposer une autre orientation », a insisté Fredy Ranohisoa. Outre les considérations patrimoniales, les habitants ont aussi souligné les conséquences économiques du projet. « Plusieurs hectares de rizières sont actuellement menacés par ce projet, et la subsistance de nombreux foyers est en jeu », ont-ils déclaré. Cette situation risque de mettre en péril l’économie locale, dépendante des activités agricoles dans cette zone rizicole.
Écoute attentive. Les manifestants affirment avoir déjà entrepris des démarches auprès des autorités, notamment les ministères de l’Environnement, des Travaux publics et de l’Aménagement du Territoire, mais sans succès. « Nous avons approché plusieurs ministères pour exposer nos revendications, mais nous sommes rentrés bredouilles », déplorent-ils. Quoiqu’il en soit, ce mouvement de protestation met en lumière l’importance de concilier développement infrastructurel et préservation du patrimoine ainsi que des moyens de subsistance locaux. Ces habitants d’Ambohimanga espèrent encore que leurs revendications trouveront une écoute attentive afin d’adapter ce projet d’envergure sans porter atteinte à leur territoire historique et à leur mode de vie.
Rija R.