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vendredi, mars 14, 2025
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Histoire : Le déplacement sans retour des Austronésiens vers Madagascar

Le bateau Borobudur, sculpté dans un temple indonésien, a emmené les vagues de migrants vers Madagascar lors de ma deuxième grande vague jusqu’au VIIe siècle. (crédits photos : Todd Pronovost)

La civilisation austronésienne recouvre plus du tiers de la surface terrestre, une « civilisation du riz » mais aussi des océans. Pionnière des grandes migrations, leurs déplacements dans l’Océan Indien et l’océan Pacifique ont emporté sur les terres d’accueil, dont Madagascar, la science marine, celle des astres, de la météo, des augures, de la construction navale… Sur les traces du « grand voyage ».  

Les Austronésiens ont beau connaître les secrets des étoiles et des mers, leur héritage oral ferait penser que, pour eux, la terre était plate. Ainsi aux confins de cette vaste platitude, la mer se déverserait en chute d’eau dans les « abîmes ». Par ailleurs, ils croyaient à un ciel rond. Au-delà de l’horizon, limite de l’étendue aquatique, se trouveraient les « dix couches » célestes. Le dixième étant le domaine du Créateur. Les plus téméraires, vaillants marins hors pairs, pensaient que traverser les mers les mènerait tout au bout vers ce firmament divin. Comme la plupart des civilisations, l’idée de Dieu a, en tout temps, captivé les humains. Dieu en concept transcendant à la source de biens de bouleversements du monde. Jusqu’au crime contre l’humanité dans un passé pas si lointain avec la colonisation de l’Afrique. Motivée par une soi-disant supériorité blanche accordée par leur dieu sur les sauvages, les « mi-hommes mi-singes », les Noirs, les indigènes, le raciste panthéonisé, Victor Hugo, se plaçait alors en chantre idéologique.     

Il y a au moins 40 000 années d’après des calculs de chercheurs américains, avec les Austronésiens, partir serait aussi synonyme de rencontre avec Dieu dans sa villa. Finalement, leurs périples les ont menés en Océanie lointaine, à Madagascar, les Comores et une partie de la côte est-africaine. Sur ce dernier point, la thèse la plus évoquée mentionne les terres des « Zanji » (racine de Zanzibar), tribu souverain qui finit vivier d’esclaves dans l’antiquité au service des Grecs, des Romains, des Arabes, etc. Les études marquantes sur ce « grand peuple » des océans, indo-pacifique, démontrent l’une des plus grandes migrations humaines qu’ait connu la terre et les mers. Des côtes malgaches pour se rapprocher des rivages sud-américains. Tout cela grâce à la fameuse pirogue à balancier. Ancêtre du catamaran. Caractéristiques du groupe humain « Vezo » entre autres, symbole contemporaine de l’assise d’une civilisation dont l’aire culturelle s’étend sur plus du tiers du monde.

Antananarivo, la capitale de Madagascar, et l’île de Pâques sont séparées par deux océans, par une île/continent et 14 300 kilomètres. Pourtant, les destins de ces deux terres insulaires géographiquement éloignées se rejoignent. Le voyage aurait été sans retour et aurait outrepassé les myriades d’atolls et îles du Pacifique. Pour le cap Océan Indien, ces grands navigateurs ont également outrepassé les îles, aujourd’hui baptisés Maurice, Seychelles et Réunion afin de se focaliser uniquement sur Madagascar. La traversée indianocéanique s’est faite d’un seul trait. De deux points : de Bornéo ou les Philippines, peut-être Taïwan, aux plages malgaches. D’après certains chercheurs, un supposé retour était impossible. Tant la distance, 30 jours, 30 nuits et quelques poussières de traversée en mer pour l’île rouge, dissuaderait tout voyage en sens inverse. Loin d’être clôt, le débat sur les points de départ agite encore la communauté scientifique. 

Les Austronésiens doivent cette « marche » civilisationnelle à la pirogue à balancier, esquif qualifié d’objet « volant » par les explorateurs néerlandais, à une « science des astres » communément appelé le chemin d’étoiles, à une lecture infaillible des courants, des vents et des signaux terrestres. Un savoir compact et immuable des grandes traversées. Durant les explorations en caravelle venues d’Europe, découverte des Amériques et tout le battage historique, la science marine austronésienne dépassait largement celui des Magellan et Christophe Colomb. A lire leurs mémoires, les explorateurs européens de l’époque se fascinaient et acquiesçaient cette avance des marins du sud-est asiatique. Tout en dénigrant avec un discours raciste habituel, limite « aryen » les mœurs d’un peuple sans chrétienté. Le début de la fin de cette science séculaire, orale et vision du monde d’une grande civilisation.

Et le marqueur tangible et, en conséquence, actuel de cette origine séculaire venu d’Asie du sud-est sont les pirogues à balancier d’Andavadoaka, de Nosy Be, de Majunga, etc. La légende du groupe humain malgache « Vezo », nomades des mers, veut que les îles éparses soient leur jardin avant la nouvelle recolonisation française « macronienne ». Si les premiers pas de l’« Out of Taiwan » aurait pu se faire en radeau à pagaie ou à voile. Les phases suivantes se sont faites plus tardivement avec le multicoque, rien qu’à voir par exemple les examens génétiques actualisés effectués sur le riz. L’intensité des mouvements maritimes, dès la préhistoire, entre la côte orientale taiwanaise et l’Asie du sud-est pourrait enrichir l’histoire de la navigation austronésienne « aux vingt mille lieues au-delà des mers ». Et autant celle de Madagascar. Avec le savoir de ces gens venus des mers, guidés par les étoiles, à l’aise en mer autant la nuit que le jour, « météorologues » confirmés, … il est difficile de croire au hasard de leur arrivée et de leur permanence dans la Grande Île. Pour ainsi dire, ces Malgaches venus d’au-delà les horizons.       

Maminirina Rado

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