
À Madagascar, l’eau reste un luxe pour une grande partie de la population. Alors que le pays regorge de ressources hydriques, leur accès demeure un défi majeur. Sécheresses prolongées, infrastructures vétustes, mauvaise gestion… autant d’obstacles qui privent encore des millions de Malgaches d’une eau potable et sécurisée. Pourtant, des efforts sont menés pour améliorer la situation, mais le chemin reste long.
Une ressource abondante mais mal répartie. Avec ses nombreux fleuves, rivières et nappes phréatiques, Madagascar ne manque pas d’eau. Le problème réside dans sa répartition inégale et sa gestion insuffisante. Dans le Sud par exemple, les épisodes de sécheresse s’intensifient sous l’effet du changement climatique. Conséquence, les populations sont dans une détresse chronique. Ailleurs, les réseaux d’adduction d’eau sont souvent vétustes ou inexistants, rendant l’approvisionnement difficile, même en zone urbaine. La pollution constitue un autre fléau. L’absence d’assainissement adéquat contamine les sources naturelles, augmentant le risque de maladies hydriques comme la diarrhée ou le choléra. Résultat : seuls 36 % des Malgaches ont accès à une source d’eau potable sûre, selon les chiffres de l’UNICEF.
Insuffisants
Face à cette crise, plusieurs initiatives ont vu le jour. Des organisations internationales comme l’UNICEF, la Banque mondiale ou l’USAID financent des projets d’infrastructures hydrauliques et d’adduction d’eau potable. Le programme Fihariana, soutenu par l’État, tente de dynamiser les investissements dans ce secteur. Des solutions innovantes émergent aussi, comme les citernes de récupération d’eau de pluie dans le Sud ou les unités de dessalement installées à Tuléar. Certaines entreprises privées s’impliquent en développant des stations de filtration à bas coût, accessibles aux communautés locales. Pourtant, ces initiatives restent limitées face à l’ampleur du problème. Beaucoup de projets manquent de suivi et d’entretien, et la corruption ralentit souvent leur mise en œuvre.
Perspectives
Madagascar doit repenser sa politique de gestion de l’eau en adoptant une approche plus intégrée et durable. Investir massivement dans les infrastructures, renforcer la gouvernance locale et sensibiliser les populations à la préservation des ressources sont des étapes essentielles. Le développement de technologies adaptées, comme la réutilisation des eaux usées et l’expansion des forages solaires pourrait également être une solution viable. Par ailleurs, des organisations de la société civile avancent une meilleure coordination entre l’État, les ONG et le secteur privé. Ce qui permettrait d’accélérer les progrès. Sans une action forte et structurée, l’accès à l’eau restera un défi majeur pour Madagascar. Mais avec une volonté politique affirmée et une mobilisation collective, il est encore possible d’inverser la tendance.
José Belalahy