Hier au palais des Sports de Mahamasina, Njakatiana était visiblement attendu par ses fans. Ces derniers ont répondu à l’appel « très sérieux » de l’artiste.
En trois ballades durant l’après-midi pluvieuse d’hier, Njakatiana arrive à faire plier le palais des Sports de Mahamasina. Saxophone vissé au cou, chemise et pantalon, typique du cadre cool en pré-retraite ou de l’oncle fêtard préféré de la famille, le concert «Tena matotra » a été un récital digne d’un monstre sacré. Trois chansons dont « Aoka moa » en duo avec Nini, lead-vocal du groupe Kiaka, sur une entrée en scène au guidon d’une pétaradante deux roues vintage « Enfield ». Un autre entiché de danseurs de hip-hop, décidément, Njakatiana a un goût particulier pour ce genre de chorégraphie. Pour rajeunir le tableau quelque part, sauf qu’il a souvent invité des troupes de chorégraphes de danse urbaine depuis toujours afin d’apporter du dynamisme. Et enfin une autre chanson « Avelao aho hitia » qui fait dire qu’il est un des rois du slow malgache. Le gymnase, illuminé par des dizaines de smartphones, exulte. Plein comme un œuf, autant les chaises que les places de parking aux alentours de la clôture du stade. Dans les loges Inah, une des voix les plus naturelles de la variété malgaches, sortait sa tête pour découvrir Nini Kiaka sur sa moto, prise d’assaut par les fans. En trois chansons, sur un concert d’environ trois heures, Njakatiana tient la forme. En trois chansons, il faisait souvent des signes à la table de « l’ingé son ». La justesse et le souffle sont intacts. Étonnant de le voir sur des aigus maintenus sans fausse note en sortie de chanson. La souplesse de sa voix, sa signature à jamais, renvoie à des images. « J’ai grandi dans l’Itasy, Njakatiana a bercé les années de mes premières amours, jusqu’à maintenant », brame une inconditionnelle collée à la barricade dans la fosse. A côté d’elle, un couple, reconnaissable à leurs tee-shirts et pantalons blancs assortis, entame sans doute le plus beau duo de sa vie en suivant la voix du chanteur. Le palais des Sports ne s’est pas autant baladé ces derniers temps. Njakatiana a assuré au millimètre près son « Tena matotra ».
Maminirina Rado
C’était vraiment un spectacle d’un grand maître. Chapeau l’artiste !