- Publicité SW45 -
lundi, mars 17, 2025
AccueilDossiersDossier : La SADC, entre défi économique et consolidation de la paix et...

Dossier : La SADC, entre défi économique et consolidation de la paix et de la sécurité

La Communauté de développement de l’Afrique australe s’engage à promouvoir un développement économique durable tout en consolidant la paix et la sécurité dans la région. Son ambition est de stimuler la croissance économique, de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie des populations en intégrant pleinement les États membres dans une dynamique régionale harmonieuse. L’intégration régionale approfondie, le respect des principes démocratiques et la quête d’un développement équitable et durable constituent les piliers de cette organisation.

Le traité de la SADC, en son article 5, définit les objectifs généraux poursuivis par l’organisation. Il s’agit de favoriser la croissance économique et le progrès socio-économique de manière durable, d’assurer une meilleure qualité de vie aux peuples de l’Afrique australe et d’apporter un soutien aux populations les plus vulnérables grâce à une coopération accrue entre les nations. L’harmonisation des valeurs politiques, des systèmes institutionnels et des pratiques démocratiques est un élément central de cette vision.

La SADC œuvre également à la consolidation de la paix et de la sécurité en mettant en place des mécanismes de prévention et de gestion des conflits. L’objectif est de garantir la stabilité régionale en favorisant le dialogue et la coopération entre les États membres. En parallèle, l’organisation promeut un développement basé sur l’autonomie collective et l’interdépendance des nations, tout en veillant à aligner les stratégies nationales et régionales pour une meilleure complémentarité des actions engagées.

L’emploi productif et l’utilisation optimale des ressources régionales figurent parmi les priorités de la SADC. Une gestion durable des ressources naturelles et la mise en place de politiques environnementales efficaces sont essentielles pour préserver l’équilibre écologique et assurer un avenir prospère aux générations futures. La consolidation des liens historiques, sociaux et culturels entre les peuples d’Afrique australe demeure un objectif majeur pour renforcer l’unité et la solidarité au sein de la région.

De SADCC à SADC

La Communauté de développement de l’Afrique australe, connue sous le nom de SADC, trouve son origine dans la Conférence de coordination du développement de l’Afrique australe, ou SADCC, créée en 1980 à Lusaka en Zambie. L’objectif initial de cette organisation était de promouvoir la libération politique des nations de la région tout en réduisant leur dépendance économique, en particulier vis-à-vis de l’Afrique du Sud sous l’apartheid. En 1992, les chefs d’État et de gouvernement de la région ont décidé de transformer la SADCC en SADC afin de recentrer leurs efforts sur l’intégration économique régionale.

Les pays membres de la SADC comprennent l’Angola, le Botswana, la République démocratique du Congo, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, l’Afrique du Sud, l’Eswatini, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. Dès sa création, la SADCC s’était fixé quatre objectifs majeurs. Il s’agissait de réduire la dépendance des États membres, en particulier vis-à-vis de l’Afrique du Sud de l’époque, d’établir des liens solides pour favoriser une véritable intégration régionale, de mobiliser les ressources des États membres pour la mise en œuvre des politiques nationales et régionales, et enfin d’engager une action concertée pour obtenir une coopération internationale dans le cadre de la libération économique.

Le passage de la SADCC à la SADC a été le fruit d’un long processus de consultations entre les dirigeants des États de l’Afrique australe. Dès 1977, les représentants de plusieurs pays, notamment l’Angola, le Botswana, le Lesotho, le Mozambique, l’Eswatini, la Tanzanie et la Zambie, ont multiplié les concertations. Ces échanges ont abouti à une réunion des ministres des Affaires étrangères des États du Front en mai 1979 à Gaborone, au Botswana, qui a ouvert la voie à une réunion des ministres responsables du développement économique. Cette rencontre a eu lieu en juillet 1979 à Arusha, en Tanzanie, et a conduit à la naissance officielle de la SADCC le 1er avril 1980.

Les chefs d’État et de gouvernement des États du Front, ainsi que les représentants du Lesotho, du Malawi et de l’Eswatini, ont signé la Déclaration de Lusaka intitulée « Vers la libération économique », qui a marqué l’acte de naissance de la SADCC. Cette organisation a ensuite été formalisée par un protocole d’accord sur ses institutions le 20 juillet 1981. En 1989, lors d’un sommet à Harare au Zimbabwe, les chefs d’État ont décidé que la SADCC devait être dotée d’un statut juridique approprié et remplacée par un accord, une charte ou un traité. Le 17 août 1992, au cours d’un sommet à Windhoek, en Namibie, les dirigeants ont signé la Déclaration et le Traité de la SADC, officialisant ainsi la transformation de la SADCC en SADC. Cet acte fondateur a placé l’intégration économique au cœur des priorités de l’organisation, notamment après l’indépendance de plusieurs pays de la région.

Le traité de la SADC a défini les principaux objectifs de l’organisation, qui sont le développement et la croissance économique, la réduction de la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des populations d’Afrique australe et le soutien aux personnes socialement défavorisées grâce à l’intégration régionale. Ces objectifs doivent être atteints grâce à une coopération renforcée entre les États membres, dans le respect des principes démocratiques et en assurant un développement équitable et durable. Le 14 août 2001, à Blantyre au Malawi, les chefs d’État et de gouvernement de la SADC ont signé un accord modifiant le traité de 1992 afin d’établir le Plan indicatif régional de développement stratégique. Ce cadre vise à renforcer l’intégration régionale et à améliorer la coordination des politiques économiques et sociales au sein de la SADC.

2005, Madagascar intègre la SADC sous l’impulsion de Marc Ravalomanana

Madagascar a rejoint la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en 2005, marquant ainsi une étape historique dans son engagement pour l’intégration régionale. En rejoignant cette organisation, le pays visait à renforcer sa coopération économique avec les autres États membres, à favoriser son développement et à bénéficier du soutien de la région en matière de paix et de sécurité.

Toutefois, cette adhésion a été mise à l’épreuve par la crise politique qui a secoué Madagascar en 2009. À la suite du renversement du président élu Marc Ravalomanana et de la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina, la SADC a décidé de suspendre le pays de ses instances, dénonçant une rupture de l’ordre constitutionnel. Cette suspension a placé Madagascar dans une situation délicate sur le plan diplomatique et économique, limitant son accès aux mécanismes d’intégration et de coopération de la SADC.

Pendant plusieurs années, la SADC a joué un rôle clé dans les efforts de médiation pour restaurer la stabilité politique à Madagascar. Des négociations ont été menées sous l’égide de l’organisation, impliquant différents acteurs politiques malgaches, afin de trouver une issue pacifique à la crise. Après des élections présidentielles reconnues comme crédibles par la communauté internationale en 2013, Madagascar a finalement été réintégré au sein de la SADC en 2014 après l’élection de Hery Rajaonarimampianina.

Depuis son retour dans l’organisation, le pays cherche à renforcer son rôle au sein de la SADC, en participant aux initiatives économiques et sécuritaires régionales. L’adhésion à cette communauté offre à Madagascar des opportunités en matière de commerce, d’investissements et de coopération, tout en l’engageant à respecter les principes démocratiques et de bonne gouvernance prônés par l’organisation.

Bien que des défis persistent, notamment en matière de développement économique et de stabilité politique, Madagascar continue de tirer parti de son appartenance à la SADC pour consolider son intégration régionale et promouvoir une croissance plus inclusive et durable.

2025, Madagascar à la tête de la SADC ou l’ironie du destin pour Andry Rajoelina

En 2025, 20 ans après son intégration, Madagascar s’apprête à prendre pour la première fois la présidence tournante de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), un tournant historique pour le pays. Cette responsabilité reviendra au président malgache en exercice, Andry Rajoelina, un fait qui ne manque pas d’ironie au regard de l’histoire récente du pays au sein de cette organisation régionale.

En effet, Madagascar a connu une relation mouvementée avec la SADC depuis son adhésion en 2005. Quatre ans plus tard, en 2009, le pays avait été suspendu après le coup d’État qui avait porté Andry Rajoelina au pouvoir à la suite de la chute du président élu Marc Ravalomanana. La SADC, dénonçant une rupture de l’ordre constitutionnel, avait écarté Madagascar de ses instances, l’empêchant de bénéficier des mécanismes de coopération et de développement offerts par l’organisation.

Après plusieurs années de transition et d’instabilité, le pays avait finalement retrouvé sa place au sein de la SADC en 2014, sous Hery Rajaonarimampianina, à la suite d’élections reconnues par la communauté internationale. Depuis, Madagascar a progressivement renforcé son rôle au sein de l’organisation, jusqu’à se voir attribuer la présidence pour cette année 2025.

Ce retournement de situation est d’autant plus saisissant que c’est Andry Rajoelina lui-même qui dirigera la SADC, une organisation qui l’avait autrefois mis à l’écart. Ce passage de l’exclusion à la présidence illustre non seulement l’évolution de la trajectoire politique du chef de l’État malgache, mais aussi la dynamique complexe des relations diplomatiques au sein de la région.

Durant son mandat à la tête de la SADC, Madagascar aura pour mission de promouvoir l’intégration régionale, le développement économique et la stabilité politique dans la région. La crise en République Démocratique du Congo est un dossier brûlant qui attend la présidence malgache de l’organisation. Un défi de taille pour un pays qui, malgré ses ambitions, doit encore relever de nombreux défis internes en matière de gouvernance et de développement.

Si cette présidence est une opportunité pour Madagascar d’affirmer son rôle sur la scène régionale, elle marque aussi un paradoxe politique. En 2009, la SADC sanctionnait Andry Rajoelina pour avoir pris le pouvoir de manière non démocratique ; en 2025, c’est ce même Andry Rajoelina qui présidera l’organisation. Une ironie du sort qui ne manquera pas d’alimenter les débats sur les principes de gouvernance et de démocratie dans la région.

Rija R

- Publicité -
Suivez nous
401,973FansJ'aime
9,563SuiveursSuivre
1,463AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici