
L’eau, la vie, la pureté, objet de rituel indispensable pour les Malgaches. Pourtant, ces cinq dernières années, l’or bleu ne coule pas dans les robinets des foyers. Le pays a soif ! Pendant que les environnementalistes lancent avec inquiétudes les perspectives, que les techniciens essaient de trouver des solutions pérennes, que les journalistes et les activistes tirent la sonnette d’alarme, le petit peuple, chaque jour, tente désespérément d’ouvrir son robinet oxydé en espérant de voir ne serait-ce qu’une seule goutte. Mais toujours pas de bonne nouvelle ! Dans les quartiers défavorisés, les bidons jaunes poussiéreux sont alignés autour des bornes fontaines publiques.
Cette triste réalité a interpellé l’équipe du Musée de la Photographie à Anjohy. Dans l’optique d’éveiller subtilement l’esprit des compatriotes, elle a organisé une manifestation culturelle. D’ailleurs, telle est sa mission. « À travers ses actions, le Musée vise à renforcer chez les jeunes malgaches un sentiment de fierté nationale et à participer activement à la construction d’une identité collective ». Le samedi 5 avril dernier, de 10 à 18h30, une journée de portes ouvertes s’est tenue dans ce noble établissement. Il s’agit d’ «une exposition qui explore le rôle essentiel de l’eau dans l’histoire et la culture du pays». Alors, la matinée, un café-histoire « Photographier l’eau, une autre lecture de l’image », a été animé par l’historienne Helihanta Rajaonarison, l’après-midi un conte musical a été présenté par la Compagnie Miangaly, suivi d’une visite de l’exposition et de stands dans le jardin vers 19h. D’après le responsable, « 300 photographies historiques et une sélection de poteries anciennes et contemporaines, l’exposition met en lumière un double visage : l’eau est à la fois ressource vitale et un élément empreint de spiritualité. Entre mémoire et imaginaire, cette installation invite également à une réflexion sur les enjeux liés à la rareté de l’eau. Parmi les pièces présentées, la série photographique baobab, source de vie du chercheur Cyrille Cornu, illustre l’ingéniosité des Mahafaly face à la sécheresse du Sud. En creusant ces géants de la nature, ce peuple les transforme en citernes vivantes, assurant ainsi leur survie dans un environnement aride. L’artiste céramiste Gloria Rabarison expose également une vingtaine de poteries, inspirées d’archives historiques. Son travail met en dialogue la terre et l’eau, célébrant les savoir-faire traditionnels et la mémoire collective malgaches ». Par ailleurs, l’exposition sera présentée pendant six mois, d’avril à octobre. Les passionnées d’histoire et de la culture vont se régaler.
Iss Heridiny