L’annonce de droits de douane universels par le président américain Donald Trump a provoqué un véritable séisme sur les marchés boursiers mondiaux. Les répercussions pourraient toucher jusqu’à Madagascar, déjà fragilisée par la conjoncture.
La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. L’instauration de barrières au commerce par le président Donald Trump, visant à réduire le déficit commercial des États-Unis, a engendré des chutes et des mini-crashs au niveau du marché financier, dans l’optique globalisée. Comme prévu, la réaction des marchés ne s’est pas fait attendre : Wall Street a décroché brutalement, emportant dans sa chute les places boursières d’Europe et d’Asie. Les chiffres sur les plateformes boursières parlent d’eux-mêmes. En deux séances, jeudi et vendredi dernier, le Dow Jones a perdu près de 10 %, contre 11,8% pour l’indice Nasdaq et 10,8% pour l’indice élargi S&P500. En tout, plus de 6 000 milliards de dollars de valeur boursière se sont évaporés à Wall Street, la semaine dernière. Hier à Paris, le CAC 40 a ouvert en baisse de plus de 6 %, et des reculs similaires ont été enregistrés à Francfort, Londres, Milan et Zurich. En Asie, Tokyo, Taipei et Séoul ont accusé des pertes historiques. À la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a clôturé en chute de 7,82%, l’indice élargi Topix a perdu 7,79% et la Bourse de Taïwan a plongé de 9,7%. Les économistes parlent de « lundi noir ».
Inquiétude généralisée
Ce nouvel épisode protectionniste plonge les marchés dans une incertitude totale. Les explications de l’économiste Lloyd Chan, rapporté par l’AFP indiquent que ce phénomène est au-delà d’une simple guerre commerciale, et représente le début d’un dérèglement profond de l’ordre économique mondial. De leur côté, les analystes de Barclays parlent d’une « réinitialisation chaotique », soulignant que les représailles commerciales risquent de freiner les investissements et d’accélérer une récession globale. Bref, les volumes d’échanges atteignent des niveaux inédits, témoignant de la panique des investisseurs. Cette nervosité reflète une réalité : les règles du commerce international sont en train de basculer, et personne ne sait jusqu’où ira cette spirale.
Madagascar à l’épreuve
Si Madagascar reste en marge des grandes places boursières, et ne dispose que d’une discrète plateforme de bourse de commerce, ses liens économiques avec les grandes puissances — notamment via l’AGOA ou d’autres accords commerciaux — rendent son économie vulnérable aux chocs extérieurs. La mise en place de taxes à l’importation de 47 % sur les produits malgaches exportés vers les États-Unis entraînera inévitablement une baisse de compétitivité, une éventuelle perte d’accès aux marchés américains, une chute des exportations, une forte hausse du chômage et une dépréciation accrue de l’ariary, avec un effet boule de neige sur l’inflation. Dans un contexte où le pouvoir d’achat est déjà très fragile, la Grande île pourrait être confrontée à une nouvelle onde de choc économique, dont l’ampleur dépendra des décisions prises dans les jours à venir à Washington, ainsi que de la capacité de nos dirigeants à négocier le renouvellement de l’AGOA.
Antsa R.