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mercredi, juillet 2, 2025
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Guerre commerciale : « Il faut faire bloc avec les autres pays d’Afrique », selon la FOMM

Yvon Haja Ralambomanana, président de la Fédération des opérateurs miniers malagasy

Le secteur minier est l’un des plus touchés par la nouvelle taxation américaine. La Fédération des opérateurs miniers malagasy (FOMM) s’exprime sur le sujet. Interview avec son président Yvon Haja Ralambomanana.

MM. Comment percevez-vous cette mesure ?

Haja (FOMM) : La taxation américaine de 47 % constitue une véritable menace pour les secteurs de l’économie malgache orientés vers les exportations vers les États-Unis. Il est clair que nos dirigeants affichent une volonté de trouver des solutions pour défendre les intérêts de l’économie locale, mais pour être efficaces, nous devons identifier les points sensibles et en tirer parti. Prenons l’exemple des CRM (Critical Raw Materials), ces matières premières stratégiques exonérées par les États-Unis. En effet, non seulement les États-Unis ont un besoin pressant de ces produits, mais ils cherchent également à éviter que ces ressources ne tombent entre les mains d’autres nations concurrentes dans le domaine du développement technologique. Puisque ces matières sont si cruciales pour eux, il nous est possible de les utiliser comme levier pour obtenir des conditions équitables. Nous devons nous battre pour que tous les produits provenant de Madagascar bénéficient du même traitement et ne soient pas soumis à des barrières tarifaires discriminatoires.

MM. Dans un contexte de guerre économique mondiale, Madagascar est-il en position de négocier efficacement avec les États-Unis ?

FOOM. Il est certain que, seul, Madagascar n’aura pas de poids. En tant que petite économie, dans un monde globalisé, nous serions inaudibles. Si le gouvernement malgache tente de négocier directement avec les États-Unis, les chances de succès sont minces. Si nous mettons en avant notre potentiel minier, notamment les ressources naturelles dont nous disposons, il y a un risque que ces richesses soient bradées, car nous nous retrouverions dans une position de faiblesse lors des négociations. Il est donc impératif de réfléchir à une autre approche.

MM. De quelle autre voie parlez-vous précisément ?

FOOM. L’exemption des CRM de cette taxation démontre l’importance stratégique de ces produits pour les États-Unis. Dans ce contexte, Madagascar doit faire entendre sa voix. Nous avons là un levier majeur pour négocier, non seulement avec les États-Unis, mais aussi en cherchant à établir des alliances avec des pays intéressés par ces ressources. Des nations arabes ou asiatiques pourraient, par exemple, constituer des partenaires de choix. Ainsi, nous pourrions faire comprendre aux États-Unis que si nous devons tourner le dos à leurs demandes, nous avons d’autres alternatives pour vendre nos CRM. L’enjeu pour les Américains ne serait pas simplement de ne pas avoir accès aux produits de Madagascar, mais plutôt de savoir à quel autre pays ces ressources pourraient être revendues, notamment à des concurrents qui sont, eux aussi, en course pour développer des technologies de pointe.

MM. À l’échelle mondiale, Madagascar est-il un acteur de poids en tant que fournisseur de ces matières premières ?

FOOM. Oui, absolument. De nombreux pays cherchent à sécuriser des approvisionnements en CRM, et Madagascar est vu comme une terre d’opportunités. Prenons l’exemple de l’ilménite, que de nombreuses compagnies cherchent à exploiter, mais ce qu’elles recherchent en vrai, c’est la monazite. De plus, dans des régions comme Ampasibitika, à Ambanja, Madagascar regorge de terres rares, avec 16 éléments précieux comme le lanthane, le terbium, le dysprosium, pour n’en citer que quelques-uns. Il ne faut pas oublier que Madagascar n’est pas le seul exportateur de terres rares en Afrique. D’autres pays du continent, tels que l’Éthiopie, le Rwanda ou la République Démocratique du Congo, sont également des acteurs clés. L’union entre ces nations africaines pourrait permettre de renforcer notre poids dans les négociations internationales.

MM. Si Madagascar s’allie avec d’autres pays africains, avons-nous suffisamment de poids pour mettre la pression sur les grandes puissances mondiales ?

FOOM

C’est indéniable. Bien que des pays comme la Bolivie soient également impliqués dans l’exploitation des terres rares, ce sont avant tout les pays africains qui constituent l’essentiel de l’offre mondiale. Il est important d’avoir une vision ambitieuse. Malgré les discours de certains pays développés qui affirment que nous ne sommes pas à la hauteur, il ne faut pas perdre de vue que l’Afrique représente une puissance énorme en termes de ressources naturelles. Si ces pays développés veulent continuer à vivre dans le confort, à aller sur la Lune, à développer de nouvelles technologies, ils ne pourront jamais se permettre d’ignorer l’Afrique. C’est sous cet angle que nous devons aborder les négociations, car il ne s’agit plus simplement de discussions diplomatiques, mais d’une véritable guerre d’intérêts. Madagascar et ses voisins africains doivent faire preuve d’ambition et d’unité. Ensemble, nous pouvons peser sur le marché mondial des ressources et défendre nos intérêts de manière forte et déterminée.

Recueillis par Antsa R.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je propose le Président Rajoelina comme leader de votre opposition ! Ca l’occuera et au moins il ne pourra pas diriger Madagascar dans sa catastrophe…..
    Aiiee, les surtaxes ont déjà été annulé par Trump? Victoire, sur toute la ligne: ils n’auront pas à se priver de la vanilla pour leur Coca….. oufff; Pepsi nous a sauvé grace au combat de nos leader….. ufff, payons les un 4X4 en recompense….
    On pourra continuer de dormir, qu’est vous penser. Fatiguez aussi?

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