
Les mairies malgaches sont en péril et la décentralisation est sous menace avec le risque de perte de ressources importantes, selon Toavina Ralambomahay.
La loi de finances 2025 (LF 2025) pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les communes malgaches, notamment en ce qui concerne l’Impôt foncier sur les propriétés bâties (IFPB), un revenu crucial pour leur fonctionnement. Dans une lettre adressée aux médias, Toavina Ralambomahay, membre du Conseil municipal de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA), met en lumière les dangers auxquels sont confrontées les communes, dont l’autonomie est déjà mise à mal par cette réforme fiscale. « Avant l’adoption de la LF 2025, l’IFPB était collecté localement par les communes, et représentait jusqu’à 30% de leurs recettes, un montant significatif utilisé pour financer notamment les salaires des employés municipaux. Cependant, selon la nouvelle réglementation, le recouvrement de cet impôt sera transféré à l’État via la Direction générale des impôts (DGI), et ce, pour l’ensemble des 1 800 communes. Bien que la DGI promette une redistribution directe, l’efficacité de ce système suscite des doutes, au vu des échecs passés dans la gestion de fonds entre l’État et les collectivités locales », a-t-il indiqué.
Contre l’autonomie
Un des risques majeurs est la centralisation accrue des finances publiques, ce qui va à l’encontre de la décentralisation prônée par la Constitution malgache. En effet, de nombreuses communes, y compris celle d’Antananarivo, n’ont pas d’autonomie bancaire et dépendent du Trésor Public, ce qui limite leur liberté budgétaire et leur capacité à gérer leurs fonds de manière indépendante. Outre la collecte de l’IFPB, les communes perdent aussi une partie de leurs recettes issues de la Jirama (taxes sur l’eau et l’électricité), qui sont censées être reversées directement à la mairie, mais qui, dans les faits, ne sont souvent pas correctement transférées. L’autre conséquence de cette réforme, souligne Toavina Ralambomahay, est l’augmentation des coûts de gestion pour les communes. La collecte du ROM (Redevance d’ordures ménagères), qui était auparavant réalisée en même temps que l’IFPB, devient désormais une charge supplémentaire.
Développement local. Enfin, la loi de finances remet en cause l’autonomie des communes, soulignant une volonté politique de centraliser toujours plus le pouvoir. Cette réforme soulève des questions sur l’avenir de la décentralisation à Madagascar, un principe fondamental inscrit dans la Constitution et qui, selon les critiques, semble être peu à peu vidé de son sens. En conclusion, les communes malgaches risquent de se retrouver dans une situation financière encore plus précaire, et ce, au détriment de l’autonomie et de l’efficacité de la gestion locale. Si ces réformes ne sont pas réajustées, l’État pourrait ainsi compromettre non seulement l’avenir des communes, mais aussi celui de la décentralisation en général.
Antsa R.