
Déjà fortement menacée par la taxation américaine, la filière vanille de Madagascar n’est pas à l’abri de certaines mesures internes qui risquent de la fragiliser davantage.
Durant une interview qu’il nous a accordée, un exportateur qui représente nombreux de ses pairs ne cache pas son inquiétude sur un risque de réduction du nombre d’exportateurs agréés.
Réponse non-convaincante. Et ce, pour la simple et bonne raison que ces derniers temps, des exportateurs n’ont pas obtenu de validation de leur MIDAC, le module qui leur permet de concrétiser l’envoi de leurs marchandises vers leurs clients étrangers. « Le service du conditionnement au sein du ministère n’a pas de réponse précise sur ce refus, il nous a simplement expliqué que nos prix à l’exportation sont très bas », explique cet exportateur qui a requis l’anonymat. Une réponse qui est loin d’être convaincante pour les exportateurs. « Depuis le retour à la libéralisation de la filière vanille, il n’y a plus de prix minimum imposé par l’administration et le niveau de prix à l’exportation que nous pratiquons ne peut pas être un motif de refus de nos opérations », explique-t-il en demandant que l’administration prenne une mesure officielle pour mettre fin à cette inquiétude des exportateurs.
En coulisses
Des exportateurs qui ont d’autant plus de raisons de s’inquiéter quant à une possible décision de réduire le nombre d’exportateurs agréés. « En réalité, certains exportateurs manœuvrent en coulisse pour que l’Etat prenne cette décision afin de protéger leur intérêt personnel ». D’après lui, ce sont des exportateurs qui ont accumulé énormément de stocks qui militent pour cette réduction du nombre d’exportateurs agréés. Leur objectif est de faire en sorte que l’administration réduise le nombre d’exportateurs agréés à une vingtaine. Et ce, dans un objectif de liquider rapidement leurs stocks. « Une éventualité qui risque d’enfoncer davantage la filière vanille », explique toujours notre interlocuteur. On rappelle que le nombre d’agréments accordés par le ministère de l’Industrialisation est de 123 pour la campagne 2024 – 2025. « Si la décision de réduire le nombre d’exportateurs agréés est prise, cela causera d’importants préjudices aux opérateurs qui en seront victimes », soutient l’exportateur qui se pose, par ailleurs la question de savoir si, dans ce cas, la volonté des autorités nationales de protéger les intérêts des opérateurs économiques est réelle.
Planteurs. Mais le danger de cette éventuelle décision concerne aussi l’impact grave qu’elle aura du côté des planteurs. « Avec le nombre actuel d’exportateurs, les planteurs n’arrivent pas à vendre convenablement leur production et la mévente risque de s’aggraver si on limite à une vingtaine le nombre d’exportateurs agréés », continue l’exportateur. Il ajoute d’autant plus, que les exportateurs qui militent pour cette réduction des agréments ont déjà leurs propres stocks. Quoiqu’il en soit, de nombreux exportateurs soutiennent que ce qui est mieux pour la filière vanille c’est de continuer à laisser jouer la libre concurrence. Par contre, a-t-il soutenu, « les exportateurs qui ne respectent pas les réglementations en vigueur peuvent être sanctionnés par un retrait d’agrément » Une manière en somme d’en appeler aux responsables d’appliquer scrupuleusement les règles du jeu. « Nous remercions le ministère de l’Industrialisation et du Commerce pour les efforts réalisés pour sauver ce qui peut encore l’être dans la filière vanille », a-t-il poursuivi en concluant que les exportateurs sont disposés à coopérer avec le gouvernement pour le bien commun de la filière.
R .Edmond.