« Le nouveau variant du Covid-19, NB 1.8.1, circule depuis le mois de mars en Asie. Plus récemment, il a été détecté dans des pays d’Europe, dont la France où quatre cas avérés ont été recensés. De quoi susciter l’inquiétude et réveiller la peur d’un nouveau confinement. »Annonce-t-on dans les grands journaux étrangers dont le sérieux est indubitable. Tout le mal que nous souhaitons est de ne pas relire cette chronique datée du 30 mars 2020 dont voici quelques passages.
« Une fois le COVID-19 officiellement annoncé, Antananarivo s’est brusquement vue dépourvu d’une bonne partie de sa population. Cette frange de Tananariviens mi-urbaine et mi-rurale, en tout cas ceux qui ne sont pas de la capitale de souche et s’y ajoutent les originaires des autres régions…. On se rend compte maintenant que les grandes villes comme la capitale et Toamasina abritent de nombreux migrants. Pour la Ville des Mille par exemple, de petites activités ont en grande partie disparu. On sait maintenant que bon nombre d’épiceries, par exemple sont tenues par des citoyens non pas de la banlieue mais des périphéries éloignées – à 50 voire à plus de 100 km – de Manalalondo, du Vakiniadina et même de l’Imady… On découvre qu’ils sont venus en famille du même village pour tenter de faire fortune dans la capitale avec comme point commun le fort attachement à leurs localités d’origine. Il en est ainsi des marchands de « mofo gasy », des
« mpaningina », des vendeurs de « mangidy » (tisane)… Le « blocus » des grandes villes ne les a pas empêchés de rentrer chez eux même à pied. Leur image rappelle un peu les longues files de réfugiés, en temps de guerre, marchant vers une « zone libre »… S’ils redoutent la mort due à cette maladie, ils se disent qu’ils seront au moins enterrés dans le tombeau familial.
Oui, la racine du terroir n’est pas que celle du sol mais celle surtout des hommes et encore plus celle des ancêtres.
Puis il y a l’exode à rebours de ces jeunes étudiants de provinces, forts de leurs connaissances plus élevées que la moyenne. Ils ont eu vent assez vite du phénomène de coronavirus, et dès la suspension des cours universitaires, ils ont, aussitôt, rameuté parents, voisins et les édiles de leurs régions respectives pour les « rapatrier ». Ils ont véhiculé des informations, certes un peu catastrophiques, mais il n’empêche qu’elles traduisent leur désarroi de se trouver affamés.
En fait, malgré nos querelles de clocher voire ethniques, devant l’imminence d’un danger nous sommes attachés à nos valeurs : la famille et le « tanindrazana »
M.Ranarivao