
Moderne, stable et bien intégrée dans les réseaux économiques et diplomatiques européens, la Slovénie offre le visage d’un pays qui a su transformer ses défis en atouts. Elle s’impose désormais comme un partenaire fiable sur la scène régionale et internationale.
Située au carrefour de l’Europe occidentale, centrale et méridionale, la Slovénie est un État à taille modeste, mais aux performances notables. Officiellement appelée République de Slovénie, ce pays parlementaire repose sur un régime politique stable, dirigé depuis le 1er juin 2022 par le Premier ministre Robert Golob. À la tête de l’État se trouve la Présidente Nataša Pirc Musar, élue le 23 décembre 2022. La diplomatie slovène est entre les mains de Tanja Fajon, ministre des Affaires étrangères en fonction depuis la même date que le chef du gouvernement.
Avec une superficie de 20 273 kilomètres carrés et une population d’environ 2,1 millions d’habitants en 2021, la Slovénie affiche une densité humaine modérée, concentrée principalement autour de sa capitale, Ljubljana. La langue officielle est le slovène et la monnaie utilisée est l’euro, ce qui reflète son intégration européenne approfondie. Membre de l’Union européenne depuis 2004, la Slovénie a rejoint la zone euro en 2007 et fait également partie de l’espace Schengen. Chaque 25 juin, le pays célèbre sa fête nationale en souvenir de sa déclaration d’indépendance en 1991. Majoritairement catholique, la population slovène reste attachée à ses traditions religieuses, avec une minorité orthodoxe et protestante.
Sur le plan économique, la Slovénie se distingue par sa transformation réussie d’une économie étatique vers une économie de marché moderne et compétitive. Le produit intérieur brut a atteint plus de 69 milliards d’euros en 2023, avec un PIB par habitant de près de 54 000 euros selon les données de la Banque mondiale. Malgré un ralentissement de la croissance à 1,6 % au premier trimestre 2023, les indicateurs macroéconomiques restent solides, avec un taux de chômage bas de 3,7 % en avril 2024 et une inflation contenue à 2 %.
L’économie slovène repose principalement sur les services, qui représentent 58 % du PIB, suivis de l’industrie avec 28,2 % et de l’agriculture, très marginale, à 1,8 %. Le pays est fortement tourné vers l’export, notamment vers l’Union européenne, dont il tire plus de la moitié de ses revenus d’exportation. Les produits industriels, notamment issus des secteurs automobile, pharmaceutique, électronique et de l’électroménager, constituent l’épine dorsale des échanges commerciaux. La Suisse, l’Allemagne et l’Italie figurent parmi ses principaux clients. Côté importations, la Chine se positionne juste derrière la Suisse, suivie par l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche.
Le dynamisme économique slovène s’appuie sur un tissu dense de petites et moyennes entreprises agiles, innovantes et respectueuses de l’environnement. Ce modèle d’entrepreneuriat contribue à la solidité structurelle du pays et à sa compétitivité internationale. En matière d’investissement, la Slovénie est classée 37e parmi les pays les plus attractifs selon le classement Doing Business, et a enregistré près de 1,45 milliard de dollars d’investissements étrangers directs en 2023.
Sur le plan touristique, la Slovénie jouit également d’une réputation croissante. Elle se positionne au 42e rang mondial selon le Travel and Tourism Development Index 2024, ce qui reflète l’attrait de ses paysages alpins, de sa richesse culturelle et de son engagement en faveur du développement durable.
Cependant, le pays demeure confronté à une dépendance énergétique notable. Malgré l’existence d’une centrale nucléaire, la Slovénie continue d’importer l’essentiel de son gaz et de son pétrole, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux de l’énergie.

Une diplomatie active et engagée sur les grands enjeux internationaux
Prolongement naturel de sa stabilité intérieure et de son ancrage européen, la politique étrangère de la Slovénie se caractérise par un engagement multilatéral fort et une volonté affirmée de peser sur les grandes questions internationales. Depuis janvier 2024, la Slovénie siège au Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2024-2025. Ce mandat marque une étape importante pour la diplomatie slovène, qui entend y promouvoir des priorités claires : l’appel à des cessez-le-feu au Proche-Orient, la reconnaissance de la Palestine comme État souverain et la dénonciation ferme de l’agression russe en Ukraine.
La Slovénie, dont l’histoire récente est marquée par une transition réussie vers la démocratie et l’intégration européenne, s’identifie volontiers comme un pays médiateur. Cette position s’illustre dans sa posture équilibrée sur plusieurs dossiers sensibles, notamment celui de la Turquie. Ljubljana entretient avec Ankara une relation fondée sur des intérêts économiques solides et un partenariat stratégique, sans pour autant éluder les préoccupations liées à la gouvernance et aux droits fondamentaux.
La relation transatlantique constitue l’un des piliers de l’action extérieure slovène. Membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord depuis mars 2004, la Slovénie participe activement aux opérations extérieures de l’Alliance, consacrant environ 80 % de ses déploiements à l’étranger dans ce cadre. Le gouvernement a d’ailleurs exprimé son intention d’augmenter progressivement les dépenses militaires afin de se conformer aux normes de l’OTAN. Cette coopération étroite avec les États-Unis s’est renforcée en août 2020 lors de la visite à Ljubljana du secrétaire d’État américain, marquée par la signature d’une déclaration commune sur la sécurité des réseaux 5G.
Au niveau régional, la Slovénie joue un rôle moteur en faveur de l’intégration des Balkans occidentaux à l’Union européenne. Forte de son expérience de première ex-république yougoslave à avoir rejoint l’UE, la Slovénie s’est affirmée comme un acteur de référence dans le domaine de la coopération technique, par le biais de jumelages institutionnels et d’envois d’experts. Ce positionnement en tant que « mentor » régional s’est vu renforcé lors de sa deuxième présidence du Conseil de l’Union européenne au second semestre 2021, après une première présidence remarquée en 2008, peu après son adhésion à l’Union.
L’engagement slovène dépasse les frontières européennes. Membre fondatrice de l’Union pour la Méditerranée, la Slovénie revendique son appartenance au bassin méditerranéen. Depuis 2008, elle abrite une université euro-méditerranéenne, contribuant ainsi au dialogue académique et interculturel entre les deux rives.
Face à la guerre en Ukraine, Ljubljana a pris une position ferme. Le Premier ministre slovène a été l’un des premiers dirigeants européens à se rendre à Kiev au début du conflit, affichant une solidarité claire avec le peuple ukrainien. La Slovénie a ouvert ses portes à des milliers de réfugiés fuyant l’invasion russe et a condamné sans ambiguïté les crimes de guerre perpétrés sur le territoire ukrainien. Le 5 avril 2024, en réaction à la découverte de corps de civils dans la ville de Boutcha, la Slovénie a expulsé 33 diplomates russes, une décision forte, qualifiée de « vive protestation » par les autorités slovènes.
Par cette politique étrangère active, fondée sur le droit international, la solidarité et l’intégration régionale, la Slovénie s’impose comme une voix claire et cohérente au sein du concert des nations. Elle confirme ainsi sa place de petit État influent, défenseur de la paix, du multilatéralisme et d’une Europe élargie et unie.

Des liens encore discrets entre Ljubljana et Antananarivo, mais un potentiel de coopération prometteur
Malgré un engagement affirmé sur la scène internationale, les relations bilatérales de la Slovénie avec les pays d’Afrique subsaharienne restent encore limitées, à l’image de celles qu’elle entretient avec la République de Madagascar. Les deux pays ont officiellement établi des relations diplomatiques le 5 octobre 2006, faisant suite à une visite préparatoire d’une délégation slovène dans la Grande Île, le 23 novembre 2005. Cette mission avait pour objectif de jeter les bases d’une coopération bilatérale durable et d’identifier des domaines d’intérêt commun.
Cependant, depuis cette formalisation, les échanges entre Antananarivo et Ljubljana sont restés peu développés. La coopération bilatérale reste embryonnaire, concentrée essentiellement sur le plan humanitaire. Bien avant l’établissement officiel des relations diplomatiques, la Slovénie avait pourtant initié une action de solidarité concrète. En août 2001, elle a financé la création d’un centre de formation agricole à Matagna, dans le district de Vangaindrano, avec pour objectif d’améliorer l’auto-approvisionnement alimentaire des populations locales et de contribuer à la sécurité alimentaire. Cette dynamique s’est poursuivie en août 2003 avec la visite à Madagascar de Madame Irena Megušar, alors conseillère du gouvernement slovène, en charge des affaires multilatérales au ministère de l’Agriculture, venue suivre la mise en œuvre du projet.
Ces premières actions témoignent d’une volonté de la Slovénie de renforcer son empreinte humanitaire dans les régions les plus vulnérables. Mais elles n’ont pas encore débouché sur une coopération plus structurée dans les domaines stratégiques. Aujourd’hui, dans un contexte géopolitique en mutation et face à la multiplication des défis communs, de nouvelles perspectives de partenariat se dessinent entre les deux pays.
Dans le domaine économique et commercial, le développement d’échanges et d’investissements dans les secteurs industriel et technologique constitue une opportunité encore largement inexploitée. L’expertise slovène en matière d’innovation, notamment dans les domaines des technologies de l’information, de la biotechnologie, de la santé et de la pharmacie, pourrait trouver un écho favorable à Madagascar.
Le secteur de l’énergie représente un autre axe de coopération porteur. Les deux pays partagent un intérêt croissant pour les énergies renouvelables. L’échange d’expertise sur les solutions durables et l’adaptation aux contraintes environnementales pourrait ainsi renforcer leurs capacités respectives.
En matière de préservation de l’environnement, Madagascar, avec sa biodiversité unique, pourrait bénéficier de l’expérience slovène en gestion forestière et en traitement des déchets. Des initiatives communes dans le domaine de la recherche, du développement durable et de l’écotourisme pourraient également ouvrir des horizons nouveaux, notamment par la création de circuits touristiques valorisant les patrimoines naturels respectifs.
La culture constitue aussi un vecteur de rapprochement. Des événements culturels, des échanges artistiques et universitaires contribueraient à tisser des liens plus étroits entre les sociétés civiles des deux pays. Par ailleurs, la sécurité fait désormais partie des domaines de coopération envisagés, avec des partenariats possibles dans la lutte contre la cybercriminalité et les crimes transnationaux organisés.
Bien que le chemin reste à construire, les bases posées au début des années 2000 et la volonté politique des deux pays d’élargir le spectre de leurs relations permettent d’espérer un approfondissement progressif du partenariat. Dans un monde où la diversification des alliances devient une nécessité stratégique, la Slovénie et Madagascar ont tout à gagner à bâtir une relation bilatérale fondée sur la complémentarité, la solidarité et l’innovation.