
À peine deux jours après l’éclatement de la tension entre les membres du bureau permanent de la Commission électorale et le Sénat dirigé par Richard Ravalomanana, la Primature est montée au créneau.
Hier matin, un communiqué de la primature a été diffusé dans la presse, apportant un démenti formel à une rumeur relayée sur des canaux de communication. Selon ce communiqué, des propos attribués au Premier ministre, Christian Ntsay, faisant état de tensions entre les Institutions, sont « totalement faux». Le chef du gouvernement dénonce « une pure invention et un mensonge, visant à ternir l’image du Gouvernement ». Il insiste sur le fait que de tels propos ne proviennent « absolument pas de lui » et condamne « fermement la diffusion de fausses informations infondées ».
Mais le gouvernement ne se contente pas d’un simple démenti. Dans ce même communiqué, la Primature annonce son intention de sanctionner sévèrement les auteurs de cette désinformation. Christian Ntsay affirme qu’il saisira la justice ainsi que les autorités compétentes. L’affaire prendra donc une tournure judiciaire, avec une volonté de faire jurisprudence face à la multiplication des contenus mensongers en ligne, souvent relayés sans vérification. « Le Premier ministre va saisir la justice et les autorités compétentes », précise le texte.
Sept ans. Ce démenti de la Primature sous-entend, en effet, que la stabilité des institutions reste une priorité du gouvernement en place. En cette période marquée par un regain de tensions politiques, l’Exécutif entend conserver l’initiative et ne pas laisser les rumeurs miner son autorité. Toutefois, faut-il dire que cette affaire coïncide avec un moment symbolique pour Christian Ntsay qui vit sa septième année à la tête du gouvernement ce mois de juin 2025. Un record notable sous la Quatrième République. Depuis son entrée à Mahazoarivo en 2018, il a su conserver son poste malgré les changements politiques et l’alternance présidentielle. Seul Désiré Rakotoarijaona l’a surpassé en termes de longévité, avec 10 années passées à la Primature sous la Deuxième République.
Assemblée le 12 juin. On se demande alors si le Premier ministre va revenir sur ce sujet jeudi prochain. Le gouvernement Ntsay est attendu devant l’Assemblée nationale le 12 juin prochain, sauf changement de calendrier. Cette comparution s’annonce particulièrement sensible. Les parlementaires ne manqueront pas d’interpeller l’Exécutif sur plusieurs sujets brûlants : les coupures d’électricité à répétition, les difficultés d’approvisionnement en eau, ainsi que la crise qui menace des milliers d’emplois dans le secteur textile, notamment en raison de l’entrée en vigueur de nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis. En outre, l’unité au sein de la majorité présidentielle semble elle aussi fragilisée. Des tensions sont perceptibles entre certains ministres et des députés IRMAR. Le député de Mahajanga II, par exemple, n’a pas hésité à critiquer publiquement le ministre des Sports, révélant un malaise croissant au sein même du camp présidentiel.
Rija R.