La fête d’anniversaire qui a tourné au cauchemar après l’hospitalisation de nombreux participants, suivie de la mort de dix-huit d’entre eux, a marqué une opinion publique déjà traumatisée par les épreuves auxquelles elle est confrontée quotidiennement. Les Tananariviens ont été bouleversés par ce drame sur lequel, pour le moment, le terme « empoisonnement » a été prononcé. Il a mis en lumière également les insuffisances des moyens des services de santé de la capitale. La Jirama et ses délestages ont, une fois de plus, été pointés du doigt, causant l’interruption de l’alimentation en oxygène des patients en détresse respiratoire. Les autorités ont vite réagi et ont décidé de faire la lumière sur ce qui est arrivé. Les différents ministres sont venus devant la presse pour fournir des explications sur cet événement tragique. Le ministre de la Santé et celui en charge de la Gendarmerie ont voulu couper court aux supputations déjà exprimées sur les réseaux sociaux et ont affirmé que la vérité serait exposée de manière claire à l’opinion. Cette affaire, qui a choqué les parents, a été mise en parallèle avec d’autres incidents à Mahajanga et à Toamasina. Il s’agit de cas d’intoxication alimentaire. Des enquêtes ont été diligentées et leurs résultats seront dévoilés publiquement. La question des coupures de courant de la Jirama est, encore une fois, évoquée dans la rupture de la chaîne de froid dans les chambres réfrigérées. Plus généralement, le problème des délestages est toujours au centre des préoccupations de la population. Les mouvements d’humeur des consommateurs sont particulièrement bruyants puisqu’ils se manifestent régulièrement le soir lors de leur descente dans les rues. Jusqu’à présent, ils restent respectueux de l’ordre public, leur rage ne se transformant pas en dégradation de matériels. Ils savent que, pour le moment, ils doivent supporter ces désagréments qui ne cesseront pas de sitôt.
La célébration du 65e anniversaire de l’Indépendance de Madagascar ne semble, pour le moment, pas susciter de véritable engouement chez les Malgaches. Le pouvoir, pourtant, multiplie les appels à manifester la fierté d’être malgache. Le programme des festivités préparées par le pouvoir est particulièrement alléchant. Les podiums sont installés à différents endroits de la capitale et de nombreux artistes vont s’y produire. Le lac Iarivo s’apprête à accueillir les feux d’artifice du 25 juin.
La guerre entre l’Iran et Israël, même si elle se trouve à des milliers de kilomètres de la Grande île, préoccupe aussi les Malgaches. C’est l’avenir du monde qui est en train de se jouer en ce moment. Toute la planète a les yeux fixés sur ce conflit particulièrement meurtrier. La rivalité entre l’État hébreu et l’Iran risque d’entraîner l’embrasement de toute cette région du Moyen-Orient. L’attaque lancée par les Israéliens contre l’Iran, il y a une semaine, ne l’a pas fait plier et a entraîné une aggravation de la situation régionale.
Benyamin Netanyahou a utilisé des moyens importants pour essayer de renverser le régime iranien. Les attaques qui se sont multipliées durant ces sept jours, même si elles ont été dévastatrices, n’ont pas réussi à faire plier le régime iranien. Les infiltrations d’agents du Mossad ont été payantes, mais la riposte iranienne ne s’est pas fait attendre. Avec les milliers de missiles à leur disposition, les Iraniens ont répondu massivement. Le dôme de fer israélien n’a pas réussi à les arrêter tous. La population est maintenant obligée de se réfugier dans les abris. Les destructions de bâtiments sont importantes et les morts et les blessés se comptent par dizaines. Les États-Unis ne semblent pas pour l’instant décidés à entrer dans la bataille. L’appel pressant de Benyamin Netanyahou pour les convaincre de le faire ne semble pas les convaincre. Donald Trump a affirmé qu’il se donne quinze jours pour prendre sa décision. Il espère encore arriver à la conclusion d’un accord avec Téhéran.
La situation des Gazaouis est toujours aussi préoccupante, mais elle semble éclipsée par le conflit entre Israël et l’Iran. La population continue à se ruer sur les centres de distribution de vivres mis en place par une ONG américaine et les tirs de l’armée israélienne font des dizaines de victimes. Les habitants de la bande de Gaza sont maintenant totalement oubliés par la communauté internationale.
Les problèmes que les Malgaches connaissent actuellement paraissent mineurs à côté de ceux des habitants du Moyen-Orient vivant quotidiennement sous les bombes. L’avenir du monde est en train de se jouer dans cette région et la diplomatie a plus que jamais un rôle à jouer pour préserver une paix de plus en plus fragile.
Patrice RABE