
Faute d’actions adéquates, le risque de disparition des mangroves est réel. Avec ce que cela suppose comme effets néfastes sur la survie de nombreux êtres vivants. Mais également et surtout la menace réelle sur les activités économiques liées à des secteurs-clés comme l’agriculture et la pêche qui sont impactées.
Tout n’est cependant pas compromis car les populations appuyées par les autorités prennent de plus en plus conscience de la nécessité vitale de préserver et de restaurer les mangroves.
Lueur d’espoir. Mieux encore, même les autorités traditionnelles s’impliquent dans cette cause et relèvent le défi de renverser la tendance. Le Prince Tsiaraso IV, Ampanjaka Sakalava de Sambirano Bemazava Ambanja, s’exprime sur le sujet :
« Avant l’indépendance, les fady ancestraux avaient permis de préserver les forêts terrestres, les mangroves, ainsi que d’autres ressources naturelles. Il existait également des règles coutumières, strictement respectées, comme nous les ont transmises nos aïeux à travers l’histoire, notamment concernant l’abattage des arbres », regrette-t-il. Il ajoute : « Malheureusement, pendant de nombreuses années, les activités humaines ont laissé de profondes empreintes dans de nombreuses zones couvertes de mangroves, notamment dans les régions Sofia et Diana. » Une lueur d’espoir éclaire toutefois les esprits depuis l’intervention de Bôndy dans la protection de cet écosystème. « Fort heureusement, Bôndy n’a pas laissé les mangroves dépérir », se réjouit le Prince Tsiaraso IV. À travers son projet Ma Honko, l’entreprise a sensibilisé et mobilisé les communautés locales, tout en menant des actions de restauration. « Dans la commune rurale d’Antranokarany, nous, chefs traditionnels, sommes pleinement impliqués dans leur protection. Et j’ose espérer que la replantation de ces palétuviers ne sera pas une nouvelle occasion de fabriquer du charbon, bien au contraire. Il s’agit de protéger notre environnement, et nous encourageons chacun à agir en ce sens », affirme-t-il.

Impacts positifs
Une position partagée par la maire d’Andranokarany, dans le district d’Ambanja, Ravaoharimanda Fanja Emilienne, qui évoque les impacts positifs des actions menées en partenariat avec Bôndy sur les activités économiques locales :
« Dans notre commune, qui compte 25 000 habitants, les principales sources de subsistance sont l’agriculture et la pêche. Malheureusement, la fabrication artisanale de charbon est devenue une source d’argent facile et rapide, poussant certains exploitants à s’attaquer aux mangroves », déplore-t-elle. Le recours aux mangroves pour la production de charbon provoque un véritable désastre, selon ses dires :
« En plus des conséquences environnementales, la mer a commencé à envahir les rizières et les plantations de cacaoyers. La dégradation des mangroves dans notre commune est devenue une véritable honte. » Heureusement, la tendance commence à s’inverser depuis l’arrivée de Bôndy.
« Nous avons sollicité plusieurs partenaires pour sauver ce qui peut encore l’être, et l’entreprise a répondu favorablement », raconte-t-elle, en appelant à la responsabilité de toutes les parties prenantes. Elle insiste sur le fait que les actes destructeurs envers les mangroves finiront par se retourner contre leurs auteurs. Ce qui est rassurant, c’est que depuis les interventions de Bôndy, la situation s’améliore progressivement.
Nécessité absolue
L’espoir d’un avenir meilleur est d’autant plus permis que les premiers concernés par les conséquences de la dégradation des mangroves prennent de plus en plus conscience de l’absolue nécessité de les protéger. Naël Jean Chrysostome, dit Dadao, olobe et pêcheur à Ambalakida, dans le district d’Antsohihy, témoigne :
« Nous sommes majoritairement des pêcheurs. Les mangroves sont vitales pour nous. Autrefois, nous avions presque tout à portée de main, car elles étaient abondantes. Mais avec le temps, il nous faut naviguer toujours plus loin pour ramener crabes et poissons. » Le partenariat avec Bôndy, pour la replantation des palétuviers engagée depuis 2023, est perçu comme une démarche prometteuse. « Une fois le travail de restauration accompli, l’étape suivante sera de nous organiser pour protéger ces sites et éviter toute nouvelle dégradation », indique Dadao, qui souhaite devenir un modèle à suivre. « Nous essayons de nous ériger en exemples de préservation des mangroves. Nous éduquons les plus jeunes à comprendre que ces ressources naturelles leur appartiennent, qu’elles garantissent leur avenir, et qu’il est de leur devoir de les conserver. Ce n’est pas uniquement pour les Journées mondiales : nous agissons au quotidien » conclut-il.
Fierté
Un message entendu par les jeunes concernés, à l’image de Claudette Zafitena, coach pépiniériste au sein de Bôndy Sofia et Diana depuis 2024, qui partage avec fierté son expérience personnelle :
« Ma mère fabriquait du charbon, et moi, je travaillais comme femme de ménage. Lorsque Bôndy est arrivée, j’ai choisi de m’engager pour la préservation de l’environnement », raconte-t-elle. Elle poursuit : « Ma mère a cessé son activité de charbonnière, comme beaucoup d’autres femmes, qui se sont reconverties dans l’agriculture ou d’autres métiers. » Aujourd’hui, elle ne pourrait plus imaginer couper ou brûler un arbre. « Dans mon travail, je suis aux premières loges pour observer les effets de la dégradation des mangroves, mais aussi les bienfaits du reboisement. Et je constate que de plus en plus de jeunes prennent conscience de tout cela », conclut-elle avec espoir.
Recueillis par R. Edmond