L’histoire de Madagascar a été façonnée par des personnes clairvoyantes et avisées. En effet, la pensée n’était pas universellement partagée. Toutefois, ils ont été pleinement impliqués dans la vie de leur patrie. De surcroît, leurs actions sont indélébiles.
Richard Andriamanjato
Surnommé pasteur rouge par ses sympathisants, ce communisant a fondé l’AKFM (Antokon’ny kongresin’ny Fahaleovantenan’ny Madagasikara), ou le parti du congrès pour l’indépendance de Madagascar en 1958. Grâce à son éloquence, il réussit à convaincre une bonne centaine de milliers de ses compatriotes. Le pasteur Richard Andriamanjato est une figure de proue de l’opposition du temps de la Première République. À la deuxième moitié des années 1970, il s’aligne au côté de Didier Ratsiraka afin de parvenir à son but : le socialisme à la Malgache. Son fils Ny Hasina Andriamanjato a suivi ses pas. Bien qu’il ne soit actuellement pas dans l’arène politique, le successeur continue d’entreprendre le combat que son paternel a commencé.
Tata Max
Lui aussi est pasteur. Héros de la région Atsimo-atsinanana, ce monsieur a lutté contre les abus perpétrés par les colonisateurs, étant partisan du parti Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache. Accusé d’être le fauteur de trouble dans la partie sud-est de la Grande-Île lors de l’événement du 29 mars 1947, notre nationaliste est condamné à mort d’après le procès en juillet 1949. L’homme passe, mais sa philosophie demeure. Ainsi, Tata Max peut être fier là où il est, car son petit-fils Mashmanjaka poursuit à sa manière le chemin qu’il a tracé à travers ses chansons.
Philibert Tsiranana
Membre du Parti Déshérité de Madagascar fondé en 1946, élu député en 1956, le bouvier d’Añahidrano devient le père de l’indépendance de son pays. « Partisan farouche de la Communauté française », il a fortement été critiqué par le camp adverse qui voulait à tout prix rompre avec la France. En revanche, bon nombre l’ont trouvé visionnaire. Selon certains historiens, sa politique était en quelque sorte l’embryon de la décentralisation. Et jusqu’à nos jours, sans vouloir exagérer, les politiciens l’idolâtrent. Par ailleurs, Philibert Tsiranana a eu la chance d’avoir une descendance qui l’admire. Au-delà de ses propres enfants, en l’occurrence Pierre Tsiranana, le grand-père a charpenté sa petite-fille Eliana Marie Bezaza. Celle-ci est fière de porter le flambeau du Parti PSD.
Monja Jaona
L’histoire du XXème siècle de la Région Androy est intrinsèquement liée à ce grand homme intrépide. Il a traversé les périodes avec courage : la colonisation, la marche vers l’indépendance, et les trois premières Républiques. Une véritable bibliothèque d’histoire. Ceux qui l’ont côtoyé ont de la chance. Monja Jaona a créé le Mouvement National pour l’Indépendance de Madagascar (MONIMA) en Juillet 1958. En outre, il a orchestré le soulèvement paysan dans la partie australe de Madagascar. Ce qui a inspiré la manifestation estudiantine à Antananarivo en mai 1972… Son fils Monja Roindefo Zafitsimivalo le succède à la tête de son parti !
Didier Ignace Ratsiraka
L’Amiral Rouge est le sobriquet que ses fidèles lui ont attribué. Il était la locomotive de l’histoire de Madagascar depuis le 15 juin 1975 jusqu’à sa mort le 28 mars 2021. Premier à avoir revendiqué les îles Éparses, ce militaire marin a bercé plus de deux générations avec son adage « Madagasikara tsy mandoalika fa mitraka », littéralement, « Madagascar ne s’agenouille pas, il reste debout ». Quoique l’on dise, Ratsiraka est l’homme puissant du XXème siècle. Les opinions sur lui divergent, tout simplement il est insaisissable. Éloquent pour les uns, démagogue pour les autres, il est avant tout le manitou. Oui, il a formé des relèves, ses deux filles et son neveu en témoignent par leur engagement.
Ces personnalités citées ne sont que des aperçus parmi tant d’autres tels que le professeur Albert Zafy, Albert Sylla, Zafimahova qui étaient, bien entendu, contemporains de la colonisation. Le choix n’est guère arbitraire. En revanche, une autre liste sera émise très bientôt. Ici le but est de faire connaître aux concitoyens les parcours ainsi que les idéologies des aînés.
Iss Heridiny