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jeudi, juillet 3, 2025
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Tananarive et ses patrimoines : Le voyage sans retour de « Doan Van Bien »

Doan Van Thanh Andriamanantena, actuellement à la barre du restaurant Doan Van Bien à Besarety.

La ville des Mille ne se laissera jamais ronger par l’oubli du temps, imposé en certains moments sur des calculs politico-historiques et/ou générationnels. Se trouveront toujours, et toujours, dans ses ruelles et ses quartiers, des lieux porteurs d’hier et marqueurs du maintenant. Où rien qu’à s’y asseoir, y discuter, rend conscient à quel formidable possible les Tananariviens, leur cité, voire tout le pays ont le droit d’aspirer. Patrimoine discret de Tananarive, le restaurant « Doan Van Bien » en fait partie. Global par son histoire, celle d’un patriarche viet-namien ensuite de sa famille malgache. Local par les illustres voisins, clients et complices qui l’ont bonifié de leur légende, de leur aura unique. Aujourd’hui, cet établissement niché à Besarety est tenu par Doan Van Thanh Andriamanantena. Loquace personnage, la soixantaine et des poussières, homme de cigarette et de café, mémoire infaillible de fabuleuses anecdotes sur la Grande Île. A lui seul, d’une légèreté dépassionnée et d’une précision livresque, il peut réinventer la capitale. De ces « penseurs » urbains qui donnent la primauté aux idées, aux rêves, aux racines, à la modernité et rétablissent le patriotisme sans s’asservir de son romantisme. A travers ses mots, Tananarive aujourd’hui à la couture de plus en plus campagnarde revêt l’étoffe de « ville-monde », urbaine, libérée, vivante et éternelle.

Mon père, Doan Van Bien, est parti du Viêt Nam du nord, dans la province de Nam Đįnh en 1938. Il avait environ vingt ans. Afin d’éviter les « travaux forcés » pendant la colonisation, le travail obligatoire, il était préférable de s’engager dans l’armée française parce que les conditions de traitement y étaient plus supportables. Si vous étiez un simple civil, ou un agriculteur, vous deviez exécuter des tâches infligées par l’administration coloniale telles que la construction des routes, l’agriculture… Parfaitement légal à l’époque, il était possible de prendre un indigène pour s’occuper des champs, et cela devenait un travail obligatoire pour ce dernier. Mon père a préféré l’armée française. Il a débarqué en France dans des garnisons, à Carcassonne et à Valenciennes avec ses amis, des Vietnamiens incorporés dans le régiment d’infanterie coloniale, au statut de tirailleurs indochinois. 

Les Allemands sont arrivés en 39-40, le régiment se retrouvait automatiquement sous le commandement des forces de Vichy. Lesquelles contrôlaient la majorité de l’armée coloniale donc contrôlées par l’armée allemande, et opposées à la force française libre un peu éparpillée. Il fait ainsi un passage par l’Afrique du nord. Puis son régiment, avec plusieurs officiers, se fait capturer par les forces anglaises à Durban en Afrique du Sud. Considérés comme prisonniers de guerre, j’ignore ce que les officiers ont réussi à négocier, ils ont été réintégrés dans la force française libre.

Bien sûr, il a perdu plusieurs compatriotes de son régiment. Du temps de l’unité de la force française, avant la mainmise des forces de Vichy. Lors des affrontements contre les Allemands, il a perdu beaucoup d’amis vietnamiens. Beaucoup de pertes. Il m’a raconté que, sur le champ de bataille, il a fallu faire semblant d’être mort. Cependant les Allemands poignardent encore les morts avec leurs baïonnettes. Quand ils ne trouvaient plus aucune nourriture, ils prenaient leur gamelle et y faisaient bouillir leur ceinture pour la manger.

En 1942, il y a eu l’opération Ironclad, grâce à laquelle ils ont pu rallier Madagascar. Ils ont été affectés dans la région Vakinankaratra : Ambatolampy et Antsirabe. Là débute l’histoire. Il avait le grade de caporal, ma mère a intégré l’école ménagère au sein de l’internat du Fjkm Ambatolampy. Les deux se sont rencontrés, ma mère avait 16 ans, mon père peut-être 22 ans. Mon père n’arrivait pas à aligner une seule phrase en malgache. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dits mais ils se sont mariés. Après le mariage, il a été affecté à Antsirabe. Deux ou trois ans après, ils ont eu notre sœur aînée puis notre aîné. Si vous vous souvenez de « Soloprix », ma grande sœur a été l’épouse de Rakotomavo « Soloprix ».

Madagascar devenu territoire français, mon père étant encore militaire, a travaillé à l’Etat–major de l’armée française à Andohalo. Durant cette période, je ne sais plus exactement en quelle année, le roi du Maroc Mohamed V a été exilé ici, mon père a été parmi la « garde » du monarque. Mohamed V étant parti, il est retourné à son poste à l’Etat–major. Ensuite, il a été assigné en tant qu’aide de camp du médecin colonel Bordes à l’hôpital colonial Girard et Robic. Lui et ses compatriotes vietnamiens étaient très soudés. De plus, la plupart des militaires français présents ici venaient d’Indochine. Alors, ils se sont dit, « pourquoi ne pas raviver ici notre manière de manger au Vietnam ? ».

Le patriarche Doan Van Bien et sa femme Joséphine se sont rencontrés à Ambatolampy en pleine deuxième guerre mondiale.

Razilinah et Dox

Je vais vous raconter une anecdote du temps où il était encore militaire. Au quartier de « Mascar », comme ils ont eu plusieurs enfants, mon père a réussi à ouvrir une épicerie : « Bar du Nord », également magasin de vin. Ma mère tenait la baraque. Il y avait un client, tout le monde le connaissait. Quand celui-ci était à court d’argent, il prenait sa guitare et chantait. Razilinah ! Ma mère s’appelait Joséphine (Zô–zôphine dans la chanson). Dès lors, quand il était un peu dans la dèche, il l’amadouait : « allez, je vais créer une chanson pour toi, verse-m’en un peu ». Ainsi naquit la chanson « Madame la gitara ». Il paraît que quand le graphophone était « out » ou que les gens en avaient marre, on appelait Razilinah. Il créait des chansons au tac au tac, sur le moment. Hélas, un jour, du côté d’Isotry…il ne s’est plus réveillé. Razilinah et Dox sont similaires. Jean Verdi, de son prénom, était un descendant de Ramangetrika. Ils n’étaient pas foncièrement pauvres. Dox aimait être sollicité par des jeunes hommes, ces derniers voulaient déclarer leur amour à des filles. Ces garçons lui demandaient alors d’écrire des poèmes en échange de quelques pièces. Après, il faisait un tour au bistrot.

En 1950, mon père a été libéré de son engagement militaire. Les Français sont malins, ils ne lui ont pas donné la nationalité. Ce que lui ont fait les Français restera à jamais sa rancœur envers la France. Parce qu’il n’a jamais reçu de pension. Il m’a dit : avec mes économies et l´argent que j’ai déjà investi, je vais ouvrir un restaurant. Lui et ses compatriotes se sont également soutenus. Il a prospecté ici à Besarety, a trouvé un local dans la rue du 12ème bataillon malgache dont le propriétaire était Razafindrangita. Il a ouvert son premier restaurant, près du célèbre « Dadà mpanao môtô ». Non loin de « Rajery le coiffeur », l’ancienne assurance « Andriamampandrison ». Nos voisins étaient un développeur de pellicule, famille de Jérôme Randria et un artiste peintre, un certain Raparivo.   

Ses amis vietnamiens l’ont aidé à monter son restaurant, et ont travaillé avec lui. Quand ils réussissaient à gagner assez d’argent, l’un d’eux a ouvert son propre commerce. Et ainsi de suite pour tout le monde, un système d’entraide quoi. Leur ultime avantage : ils ont cherché constamment à s’intégrer, ils se fondaient. Ils n’ont jamais cherché, à l’instar d’autres communautés, à créer des associations ou quelque chose du genre.

Donc, les affaires marchaient avec le restaurant, ils ont trouvé une maison à Behoririka. Il a ouvert la réputée « pharmacie de garde ». Vous voulez boire du rhum ou acheter une montre à une heure du matin, vous en trouverez à l’épicerie « Doan Van Bien ».

Vous connaissez le « look’s », c’est un de ses amis qui l’a lancé et proposé pour la première fois à Tananarive. Puis ça s’est démocratisé. Au Vietnam, le porc est un aliment populaire. Le bœuf est plus cher. Le contraire d’ici.

Dernière pierre à l’édifice

Bon nombre de militaires français fréquentaient en ce temps l’hôpital Girard et Robic et l’institut Pasteur. Il a décidé de les contacter. En 1959, il a réussi à acquérir ce terrain (emplacement actuel du restaurant Doan Van Bien). Avant, c’était une zone marécageuse. En 1960, il inaugure ce restaurant et nous sommes ici jusqu’à maintenant. Le 11 septembre 1975, mon père meurt. Le président Ratsiraka a ordonné un piquet d’honneur et a envoyé une lettre, j’ai encore cette lettre.

Le chef de file n’était plus là, il y a eu un choc. Nous avons connu un passage à vide, l’ancienne énergie s’est dissipée. De plus, nous (ici il évoque Madagascar) avons connu plusieurs crises. L’eau a ensuite coulé sous le pont, la famille a gardé l’épicerie à Behoririka, nous avons fermé le premier restaurant de Besarety puisque là-bas nous louions. Nous avons gardé ce restaurant ici, parce que c’est notre propriété. Après mon défunt frère, ma sœur, j’ai décidé de prendre le relais. Il a fallu prendre des mesures, parfois douloureuses, afin de rétablir notre qualité de service. Et nous sommes encore en ce moment en train de maintenir nos efforts. Un jour, des clients d’une cinquantaine d’années sont venus. Ils nous ont dit que leurs parents les avaient emmenés jadis dans notre restaurant.

C’est la raison pour laquelle je dis souvent à nos enfants que ce restaurant n’est plus un héritage, c’est un patrimoine à gérer. Je me suis plié aux mesures malgré quelques réserves virulentes reçues de part et d’autre. Il fallait bien aussi évoluer avec son temps, j’ai dit « ok mais je ne change pas les chaises ». Mon papa les a achetées dans le magasin « Cachet de Paris » de l’Avenue de l’Indépendance. Des chaises Baumann. A Paris, tous les cafés utilisent ce type de chaise.

Regagner notre qualité de service culinaire, des anciennes notes sont gardées quelque part. Et en quelque sorte, c’est en nous, dans notre manière de vivre. Je vous explique. Par exemple, si vous apprenez à un étranger à cuisiner du « romazava », vous lui donnez tous les ingrédients. Celui préparé par un Malgache sera toujours particulier. Mon père adorait le « romazava ».

Au Vietnam, cuisiner n’est pas réservé aux femmes, les hommes cuisinent aussi. Dès qu’ils sont petits, ils apprennent. Il y a beaucoup de points communs, les vietnamiens mangent du riz. La différence résidait dans les mets. Chez le vietnamien, le riz est omniprésent. Les légumes ou les brèdes étaient obligatoires. Selon les possibilités, des produits de mers : le poisson, les crustacés, c’est aussi obligatoire. Question d’équilibrer le repas, le yin et le yang. Le yang est tout ce qui est aquatique, le froid. Le chaud, c’est le yin, la viande de bœuf, de poulet, de cochon, la volaille… La base principale de la cuisine vietnamienne, l’incontournable, est la sauce de poisson, le nuoc–cham.

Gourmet du « romazava » 

Il n’y a jamais eu de conflit. Mon père avait sa foi, il était bouddhiste, ma mère protestante et nous, leurs enfants, apprenons dans une école catholique. Il nous incitait parfois, « allez à l’église écouter le sermon du pasteur ou du prêtre ». Il le savait, en matière de religion, personne n’ira nous dire d’aller voler ou tuer quelqu’un. Plutôt, nous inciter à être bon et faire le bien. Il n’y avait pas de temple bouddhiste à l’époque à Tananarive. Alors, il a dû s’adapter pour trouver un homme de foi pour prodiguer des paroles de sagesse à ses enfants.

Lui et ses amis vietnamiens étaient des joueurs invétérés de mahjong, ma mère à cause de sa culture protestante n’en jouait pas. Il gardait ses gains au jeu dans un cabas en osier. Un jour, ma mère a jeté le panier dans le feu. Depuis, il a cessé de jouer au majong. Parce qu’il se trouvait loin de la terre de ses ancêtres, il voulait tellement s’intégrer. Quand nous allons en train à Tamatave, un train de nuit, pour récupérer des marchandises parce qu’il importait certains du Vietnam, il achetait des oranges. Puis les partageait avec tout le monde dans le wagon. Un « famadihana » se déroulait dans la famille de ma mère dans le « sud », il y assistait, respectant les rites. D’ailleurs, presque tous les Vietnamiens s’intégraient. Leurs descendants se trouvent en majorité dans le quartier d’Anjanahary aujourd’hui.

Lors de la démobilisation générale, deux choix leur ont été donnés. Rester ou retourner chez eux. Mon paternel a préféré rester à Madagascar, mentionnant que ses enfants sont déjà grands. D’autres ont préféré retourner au Vietnam, le jour du départ, leur bateau a explosé en mer à cinquante kilomètres de Tamatave.

Il y avait beaucoup de communautés à Tananarive à l’époque. Les Grecs étaient nombreux. Vous savez, l’ami de mon père à Betongolo était un Syrien nommé « Tadjer », les Syriens avaient la particularité de chanter en malgache. Tels « Henri Liban » (avec son tube « Neny ») et Tadjer, un célèbre vendeur de sandwich, de mortadelle… devenu propriétaire de l’hôtel « Plage » à Tamatave.

Quand des problèmes surviennent dans la « communauté », tout le monde prenait ses responsabilités. Un jour, un ami de mon père occupait le poste de chef comptable à l’hôpital de Diego Suarez. Le médecin chef y détournait des médicaments et de l’argent. Il y a eu un contrôle financier, les soupçons sont tombés sur cet ami. N’ayant pas supporté ces accusations erronées, il a fini par se suicider. Les Vietnamiens ont réussi à rapatrier son corps, ramener sa femme et ses enfants à Tananarive en avion. Après, ils ont payé le loyer de la veuve et de ses enfants pendant quatre ans. Tout en la finançant pour lancer sa propre activité de commerce.

En 2005 je crois, l’enfant de ma sœur a travaillé au Laos dans le domaine de l’environnement. Ma sœur y est allée pour les vacances. Elle en a profité pour passer au Vietnam. Elle a retrouvé la sœur de mon père. Sa famille a érigé une pierre commémorative dans son village, pensant que depuis tout ce temps il mourut au combat. Ma sœur leur a dit qu’il a bien vécu et qu’il a des descendants à Madagascar. En fait, nous avons encore une grande famille au Vietnam. Il faut aussi savoir que là-bas la guerre a cessé en 1975.

Si un jour, j’y vais, je sentirai sans doute un brin d’amertume. Toutefois, surtout de la fierté. De la fierté.        

La ville de Nam Định, chef-lieu de la province éponyme. (crédit photo : Nam Định)

Nam Định : Terre d’histoire et de résistance

Située au sud du delta du fleuve Rouge, Nam Định, aussi province de plus de 1 380 000 habitants, est l’une des plus anciennes cités du Nord Vietnam. La province est subdivisée en neuf unités administratives (une ville et huit districts) : Nam Định, Vụ Bản, Mỹ Lộc, Ý Yên, Nam Trực, Trực Ninh, Xuân Trường, Giao Thủy, Nghĩa Hưng et Hải Hậu. Cœur culturel du Tonkin, la ville fut, dès le XIème siècle, un haut lieu du confucianisme sous la dynastie Ly, puis un centre textile réputé à l’époque coloniale. Son prestige historique s’incarne dans la cité impériale de Tran, résidence des empereurs Tran (1225-1400), vainqueurs des invasions mongoles. Durant la colonisation française, Nam Dinh devint un foyer ouvrier agité. Sa grande usine textile, construite en 1898, fut l’épicentre de nombreuses grèves dès les années 1920. Ces luttes nourrirent l’essor du mouvement indépendantiste. Parmi les figures emblématiques, Nguyen Duc Canh, natif de Nam Dinh, cofondateur du Parti Communiste indochinois en 1930, joua un rôle décisif. Exécuté en 1932, il reste une icône du militantisme révolutionnaire vietnamien. Durant la guerre d’Indochine puis celle du Vietnam, Nam Định fut une base logistique stratégique pour le Nord-Vietnam. Bombardée à plusieurs reprises par l’aviation américaine, elle incarne encore aujourd’hui la mémoire vivante de la résistance. Province d’érudition, carrefour historique et industrielle, Nam Định demeure un symbole fort de l’identité vietnamienne : enracinée dans des traditions millénaires, forgée par la lutte et toujours tournée vers l’avenir.

L’opération Ironclad a chassé les forces de Vichy de Madagascar en 1942.

Opération Ironclad : Madagascar au cœur de l’Océan Indien stratégique

Le 5 mai 1942, les troupes britanniques déclenchent l’opération Ironclad, première offensive alliée contre une colonie sous contrôle vichyste : Madagascar. L’objectif est clair — empêcher l’armée japonaise d’utiliser le port de Diego-Suarez comme base navale. L’expédition, dirigée par l’amiral Edward Syfret et le général Robert Sturges, mobilise 10 000 hommes, appuyés par les porte-avions HMS Illustrious et Indomitable. En face, le gouverneur Armand Annet défend l’île avec environ 8 000 soldats. Après de violents combats, la ville de Diego tombe le 7 mai. Le 30 mai, une attaque surprise de sous-marins japonais endommage gravement le cuirassé Ramillies. L’opération se prolonge par le débarquement de troupes à Majunga en septembre, puis à Tamatave et Tananarive. Le 6 novembre 1942, Annet capitule. Bilan : l’île passe sous contrôle des Forces françaises libres, sécurisant une voie maritime vitale pour les Alliés dans l’océan Indien.

Le roi Mohamed V, durant son exil à Madagascar. (crédit photo : quid.ma)

Mohammed V en exil à Madagascar : une étape clé vers l’indépendance du Maroc

Le 20 août 1953, le sultan Mohammed V est déposé par les autorités coloniales françaises, avec le soutien du résident général Guillaume, pour avoir refusé de condamner les revendications nationalistes. Escorté par les services spéciaux, il est exilé avec sa famille à Ajaccio, puis transféré le 7 septembre à Antsirabe, dans les terres centrales de Madagascar. L’objectif : l’éloigner du peuple marocain et étouffer les élans indépendantistes. Durant son exil (1953–1955), Mohammed V reste une figure centrale de résistance. Des messages clandestins continuent de circuler, et les émeutes au Maroc s’intensifient. Sous pression, la France finit par le rapatrier au Maroc via Madagascar et Paris. Il rentre triomphalement à Rabat le 16 novembre 1955, amorçant le processus d’indépendance, obtenu en mars 1956.

(crédit photo : Mozean’ny Rock Malagasy)

Razilinah, pionnier de la guitare ba gasy à Madagascar

Né sous le nom de Razilinah Randrianarivelo (1919-1967), il émerge dans les années 1940 comme l’un des premiers à adapter la technique de jeu de la valiha à la guitare, forgeant le style ba gasy sur les Hautes Plateaux de Madagascar. Aux côtés de Rasamy Gitara et Paul Ratianarivo, il façonne un son unique qui influence durablement la musique malgache. Sérénades nocturnes à Faravohitra dès 1942, capuches, tenues élégantes et mélodies envoûtantes : sa guitare vogue auprès des jeunes — un courant culturel majeur du temps. Sa réputation traverse les générations : en 1992, le guitariste Erick Manana, héritier musical, enregistre un album hommage intitulé Razilinah, retraçant ses morceaux « Afindrafindrao » et « Bonjour Chérie ». Personnalités centrales : Razilinah lui-même, son successeur Erick Manana, et le producteur Solorazaf, qui, avec son label Musikela, contribue à perpétuer ce patrimoine dans les années 1990. Héritage : il est la colonne vertébrale du ba gasy, transmis oralement et revisité par de jeunes musiciens, tissant un lien vivant entre tradition valiha et modernité. Sa technique influença toute une génération et repose aujourd’hui au cœur du renouveau de la musique traditionnelle malgache.

Henri Liban, un chanteur de charme dont la texture musicale rappelle l’Amérique des années 40/50.

Communauté syrienne à Madagascar : un héritage commercial né sous la colonisation

La communauté syrienne est arrivée à Madagascar principalement au début du XXe siècle, attirée par les opportunités commerciales sous la colonisation française. Originaires surtout de la région de Damas et d’Alep, ces migrants ont emprunté les routes maritimes via l’Afrique de l’Est. Installés surtout à Tananarive et Tamatave, ils se sont spécialisés dans le commerce et l’artisanat, contribuant au développement économique tout en gardant vivantes leurs traditions culturelles. Le plus malgache des Syriens est sans doute Henri Liban, un chanteur de charme. Ses tubes reconnus sont « Feom–baliha », « Hafatro » et « Neny ». Sa musique vaut le détour et a connu un grand succès chez les Tananariviens.

Le « lokisa », « look’s », plat typique des noctambules fêtards de Tananarive. (crédit photo : Malagasy ve ianao)

Le Lokisa, délice incontournable d’Andravoahangy

L’influence culinaire vietnamienne à Tananarive se traduit par des techniques comme la cuisson à la vapeur, la préparation de bouillons clairs et l’utilisation de nouilles de riz. Les herbes fraîches, telles que la coriandre, la menthe vietnamienne et le basilic thaï, sont intégrées aux plats malgaches, apportant fraîcheur et complexité aromatique au métissage culinaire local. Mais le « lokisa » tient une place majeure dans la culture urbaine de la capitale, dont le quartier d’Andravoahangy, proche de Besarety, tient une place centrale. Le « lokisa », plat emblématique à base de tête de porc. Le lokisa n’est pas seulement un repas : il incarne un moment de partage et d’identité culturelle, reflétant la richesse gastronomique malgache dans un cadre populaire et authentique.

Recueillis par Maminirina Rado

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