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jeudi, juillet 3, 2025
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Organisateur évènementiel : Des rituels pour faire le plein

Entre charme et talent, c’est au public malgache de décider…

Organisateur événementiel est une profession à part entière. Une observation minutieuse des lieux, une évaluation des caractéristiques de la société, le choix d’une méthode d’approche adaptée et l’élaboration d’un plan de communication et de publicité sont les exigences spécifiques pour produire un événement à succès. Mais ce n’est pas tout, consulter les devins s’avère obligatoire. 

Sendra Raelimanantsoa, un professionnel de l’événementiel dans les zones rurales de la région Betsiboka en témoigne : « Il est indispensable de suivre les instructions des oracles, sinon l’instigateur du projet ne fera pas le plein. Voilà la règle du jeu. Donc il faut s’y soumettre, si l’on veut réussir ». Selon les dires des affiliés de ce secteur, bon nombre de jeunes entrepreneurs culturels ont échoué bien qu’ils aient invité des chanteurs de renom. « Nous avons convié un artiste célèbre. Nous avions prévu de donner les bénéfices aux orphelins puisque notre association vise à aider les familles démunies. Nous avons cru que cette initiative toucherait beaucoup de personnes. Le bal était censé commencer à 20 h 30. Nous avons attendu jusqu’à 21h15. Nous n’avons vu qu’une trentaine de couples, alors qu’il nous fallait plus de 300 personnes. La cérémonie a débuté à 22h30. Le lendemain, mes collègues et moi avons compté une maigre recette de 700 000 ariary. Par conséquent, nous avons annulé le projet. Nous étions endettés ! », raconte, avec un visage désolé, le président d’une association philanthropique d’Ampanefena, Emilien Tsarafidy.  Superstition ou coïncidence, en tout cas, les habitants de la campagne y croient. Les promoteurs doivent, selon les villageois, respecter le fomban-tany, littéralement la coutume locale. Zara Ndriantrisy, tenant traditionnel  d’Ankinganivalaka, une bourgade au nord-est d’Antsohihy étaye ses idées, « lorsqu’ un individu veut réunir la foule, il ne doit pas négliger les propriétaires coutumiers. Même les politiciens viennent nous voir car nous sommes les fils légitimes de cette terre ».

Cette pratique ne date pas d’hier. D’après l’historien Alex Randriamahefa, c’est un gage d’assurance. « Pour être en symbiose avec les ancêtres, les aïeux l’ont fait avant nous. Cérémonies nuptiales ou autres festivités, nos arrière-grands-parents avaient des mpanandro, guérisseurs. La fête suscite l’engouement, elle met en extase le public. Donc, il faut que les étoiles s’alignent. Certains se purifient dans l’eau sacrée, d’où l’expression malgache : tsara rano nisëhaña », a-t-il ajouté. Cela va de soi ! Il est tout à fait normal que les managers s’équipent d’un talisman. Avoir un voyant à ses côtés confère un ascendant, un magnétisme.

En somme, le rituel tient un rôle primordial afin d’avoir des clients. Les artistes et leurs collaborateurs le savent ! À Madagascar, le monde de l’art est intrinsèquement lié aux mœurs. Un patrimoine immatériel que les ancêtres ont laissé dans l’intention de pérenniser la coutume.

Iss Heridiny

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