
L’anémie demeure encore un problème de santé publique à Madagascar. Elle touche l’ensemble du territoire, sans écarts significatifs entre régions et affecte 42% des enfants âgés de 6 à 59 mois d’après les résultats de l’Enquête nationale sur les carences en micronutriments.
L’anémie est un problème de santé publique dont l’importance varie de modéré à sévère pour tous les groupes cibles selon les seuils de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est le résultat de l’Enquête nationale sur les carences en micronutriments (ENCM) menée dans les 23 régions de Madagascar en 2024 sous l’égide du ministère de la Santé publique et de l’Office national de nutrition (ONN), et avec l’appui des partenaires. Selon la définition de l’OMS, l’anémie est une maladie qui se caractérise par un nombre de globules rouges ou un taux d’hémoglobine des globules rouges inférieur à la normale. Elle touche principalement les femmes et les enfants. L’anémie survient quand il n’y a pas assez d’hémoglobine dans le corps pour transporter l’oxygène vers les organes et tissus. Dans les cas graves, l’anémie peut entraîner un déficit cognitif et moteur chez les enfants. Elle peut aussi causer des problèmes chez les femmes enceintes et leurs bébés. L’anémie peut être due à une mauvaise alimentation, des infections, des maladies chroniques, des menstruations abondantes, des problèmes de grossesse et des antécédents familiaux. Elle est souvent causée par un manque de fer dans le sang.
Méthodologie
Réalisée de juin à septembre 2024, elle est la première en son genre à Madagascar et a ciblé les enfants de 6 à 59 mois, les adolescents filles et garçons de 10 à 19 ans, les femmes en âge de procréer de 15 à 49 ans et les femmes enceintes. Les entretiens menés auprès de 3 658 ménages ont permis de fournir une analyse détaillée des carences multiples en micronutriments à Madagascar : anémie, carences en fer, zinc, iode, fluorure, vitamines A et D, thiamine (vitamine B1), riboflavine (vitamine B2), folate (vitamine B9) et vitamine B12. L’apport en calcium a également été évalué. Des échantillons de sang pour les groupes cibles, et d’urines chez les femmes, ont été collectés. Après transport en chaîne du froid jusqu’à Antananarivo, les analyses biochimiques ont été réalisées dans des laboratoires locaux et internationaux.

Résultats
La prévalence de l’anémie est élevée dans tous les groupes de population étudiés (30-42%) et répartie de façon homogène sur le territoire, sauf pour les adolescents (prévalence plus élevée au Sud et au Sud-Est). Les facteurs associés à l’anémie, déterminés par analyse bivariée, sont l’inflammation et les infections (paludisme et maladies récentes), ainsi que certaines carences en micronutriments (fer, vitamine A et folate). Ils varient selon les groupes cibles et ont une distribution hétérogène sur le territoire. L’anémie affecte 42% des enfants âgés de 6 à 59 mois dont 17% présentent une carence en fer concomitante,26% des enfants sont en carence en fer. Pour la tranche d’âge comprise entre 10 à 19 ans, un tiers des garçons et des filles adolescentes sont anémiés, un problème de santé publique modéré à sévère (seuils OMS) dans toutes les régions. L’anémie associée à la carence en fer touche 3% des garçons et 10% des filles, une différence liée à l’apparition des menstruations chez les filles adolescentes. Cette enquête révèle également que 30% des femmes en âge de procréer, c’est-à-dire de 15 à 49 ans sont anémiées dont 11% présentent une carence en fer concomitante. L’anémie constitue un problème de santé publique modéré dans toutes les régions, à l’exception de Melaky (sévère) et d’Androy (léger). Chez les femmes enceintes, le taux d’anémie reste préoccupant (37%).

Carence en Fer
Plusieurs facteurs sont associés à l’anémie, dont la distribution varie selon les groupes et les régions : le paludisme, une inflammation élevée et une forte charge infectieuse affectent majoritairement les enfants et les enfants des zones du Sud du pays, les carences en fer, vitamine A et folate se distribuent différemment selon les groupes et les régions. Mais la carence en fer, principalement due à un apport alimentaire insuffisant en fer, est considérée comme la carence nutritionnelle la plus courante conduisant à l’anémie. Certains aliments doivent être privilégiés pour prévenir la carence en fer notamment : viande rouge, boudin, foie, crustacés, légumes secs (lentilles) et également les aliments riches en vitamine B12 (viande, œufs, produits laitiers) et en vitamine B9 (choux de Bruxelles, brocolis, asperges, petits pois).
Narindra Rakotobe