
Figure politique incontournable de la nouvelle génération, le député Todisoa Andriamampandry, réélu dans le VIᵉ arrondissement, ancien directeur général du MEN, ex-adjoint au maire de la CUA, ancien doyen de la faculté EGS, ancien directeur à l’Université d’Antananarivo et Enseignant-chercheur, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans un contexte marqué par une crise énergétique persistante et un effondrement du système éducatif, le député se veut être la voix d’un peuple désabusé et exigeant.
Crise chronique
Selon l’élu, la Jirama traverse une crise chronique depuis 2009, marquée par une perte annuelle estimée à 823 milliards d’ariary, dont 28 milliards consacrés uniquement au paiement des dettes. Le rapport de la Banque mondiale évoque une dette globale de 108 milliards d’ariary, soit 5% du PIB. Pourtant, aucun audit public n’a été communiqué depuis plus d’une décennie. « La population vit dans le noir, au sens propre comme au figuré », a-t-il déploré. Il accuse la gestion instable de l’entreprise – changements réguliers de DG, de ministres de tutelle – et surtout l’absence de plan de redressement clair. À cela s’ajoute le blocage de projets stratégiques comme Sahofika (205 MW), Volobe (120 MW) et Manjaka III (16 MW), qui permettraient pourtant d’économiser jusqu’à 500 milliards d’ariary par an et d’éviter l’émission de 900 000 tonnes de CO₂.
Validation parlementaire
L’état de délabrement des équipements thermiques (avec plus de 58% d’usure), les retards de salaire des employés et la pénurie chronique de pièces détachées aggravent la situation. « Les employés sont à bout, mais ils continuent de faire tourner l’entreprise dans des conditions inacceptables », alerte le député. Il met en cause une chaîne de responsabilités mal définie, entre la direction générale, les fournisseurs de fuel lourd et les décideurs politiques. Il appelle à un audit financier transparent sur les contrats en cours, et s’oppose fermement à la transformation précipitée de la JIRAMA en société anonyme sans consultation parlementaire. « La cession de la JIRAMA ne peut se faire sans débat public ni validation parlementaire. C’est une question de souveraineté », a-t-il déclaré.
Système éducatif
Sur le volet éducatif, le Dr Todisoa Andriamampandry dénonce l’effondrement de la politique nationale. Pour lui, la fuite de sujets au BEPC est le symptôme d’un système à la dérive, sans orientation claire ni adéquation avec les réalités économiques. « L’éducation poursuit les diplômes, mais oublie la vie », affirme-t-il. Les élèves sortent du système généraliste, sans repères ni perspectives. Il plaide pour une réforme intégrant les besoins du pays, valorisant l’esprit d’entrepreneuriat, les compétences pratiques et la connaissance des ressources naturelles. « Il faut éduquer pour bâtir, non pour dépendre », soutient-il. Il regrette l’héritage éducatif colonial qui forme des salariés plutôt que des créateurs.
Paradigme
Dans une société où l’accès à l’énergie et à l’éducation devient un luxe, Todisoa Andriamampandry réclame des mesures courageuses et transparentes. Il demande des investigations nationales et internationales sur la dette abyssale de la Jirama, ainsi qu’un débat public sur les orientations de l’éducation nationale. Pour lui, seul un changement de paradigme – valorisant l’autonomie, la créativité et l’accès équitable aux services publics – pourra sortir Madagascar de sa stagnation. « Les solutions existent. Mais elles exigent du courage, de la clarté et surtout de la volonté politique », a-t-il conclu
Nadia R.