
Quand la mer et l’au-delà des mers montrent son côté obscur. Celui resté au tréfonds des peurs primales, cela donne une occasion de voir les réactions des Malgaches, bref son rapport à l’ailleurs, l’autre. Trois faits ont marqué les réseaux sociaux ces derniers mois et semaines : la disparition à partir de mi-juin du bateau malgache « AW », avec une trentaine de passagers à son bord, au départ de Majunga ; un bébé pris en charge par un orphelinat à Tananarive sur le point d’être envoyé au Gabon à travers un trafic bien huilé et enfin ; cette vieille dame dénommée Angeline Razanadrazaka sans toit, seule, à Paris en France, dont les enfants seraient éparpillés en Europe et l’auraient délaissée. Les réactions sur Facebook montrent que lorsqu’un être humain est perdu, le réflexe est souvent de lier sa précarité à ses terres d’origine. Tout d’abord le premier cas, le pessimisme est de rigueur pour le bateau « AW ». L’étendue marine est un lieu peu recommandé pour s’égarer. Les supputations vont bon train et la « théorie » d’un acte de piratage international est privilégiée, le nord du Mozambique abrite, qui sait abrite encore, un foyer de jihadistes très actifs et équipés. En ce qui concerne le trafic de l’orphelin vers le Gabon, le réseau est apparemment structuré et il ne serait pas étonnant, sauf preuve du contraire, que des Malgaches de la diaspora locale soient complices facilitateurs. Un orphelinat en façade et un réseau mafieux de vente d’êtres humains en coulisses. A se demander si ce réseau démantelé par les forces de l’ordre n’est que la pointe d’un iceberg ? Le Gabon serait réputé être la plaque tournante d’un maillage plus élargi de vente d’êtres humains destinés au sacrifice. Difficile de ne pas y supposer une corrélation. Un orphelin, qui ira le retrouver ? Il faut bien le croire que même les pays africains profitent de la pauvreté de Madagascar actuellement. Et enfin, le cas d´Angeline Razanadrazaka qui a bouleversé Facebook hier. Inconsciemment, le Malgache fait le rapprochement avec les racines. Dans son imaginaire, être perdu pour lui revient à ne plus avoir une chance de retrouver sa terre d’appartenance. Alors quelque part, enfouie en lui se cristallise la notion de « terres des ancêtres ». Cependant, il faut se perdre pour vraiment le ressentir. Bref, la Grande Île où tout se pille par tout le monde, se trouvant dans l’inconnu comme « AW », livrée à elle-même telle Angeline Razanadrazaka.
Maminirina Rado