
L’administration américaine a annoncé la destruction d’un vaste stock de contraceptifs en juillet. Des produits, principalement destinés aux femmes d’Afrique subsaharienne dont Madagascar et issus de précédents contrats passés par l’USAID, sous la présidence de Joe Biden.
La décision de l’administration Trump de détruire près de 10 millions de dollars de contraceptifs destinés à l’aide internationale, a suscité de vives critiques de la part de groupes humanitaires et de défense des droits des femmes, qui considèrent cette action comme idéologiquement motivée et préjudiciable à la santé reproductive mondiale. D’après les calculs du « Washington Post », le stock est composé de plus de 50 000 dispositifs intra-utérins (DIU, couramment appelé « stérilet »), de près de deux millions de doses de contraceptifs injectables, de 900 000 implants et plus de deux millions de plaquettes de pilules. Malgré les offres d’organisations internationales pour acheter ou expédier les contraceptifs, le gouvernement américain a confirmé sa décision de les détruire, invoquant des restrictions fédérales sur les associations avec des organisations liées aux services d’avortement. Cette décision s’inscrit dans la politique portée par Donald Trump, notamment à travers le rétablissement et l’élargissement de la « politique de Mexico », lancée lors de son premier mandat en 2017. Ce texte interdit aux ONG étrangères recevant des fonds américains de proposer ou de promouvoir l’avortement. Un argument invoqué par le département d’État pour justifier la destruction du stock. Autre facteur : la réduction drastique du budget de l’aide étrangère, avec une coupe de 9 milliards de dollars (7,8 milliards d’euros) décidée en juillet. L’administration Trump a également invoqué la péremption supposée des produits. Une affirmation contredite par Médecins Sans Frontières (MSF) et l’organisation internationale MSI Reproductive Choices, qui assurent que les dates d’expiration s’échelonnent entre 2027 et 2031.
Menace
Madagascar a fait des progrès notables en matière de planification familiale, en partie grâce à l’aide internationale, notamment celle de l’USAID. Les programmes soutenus par ces financements ont permis de distribuer des millions de produits contraceptifs et de former du personnel de santé. Ces efforts ont contribué à réduire le taux de mortalité maternelle et à prévenir des millions de grossesses non désirées et d’avortements clandestins, qui constituent la deuxième cause de mortalité maternelle dans le pays. La destruction de ces contraceptifs représente non seulement un gaspillage financier, mais surtout une menace directe aux droits et à la santé des femmes malgaches. Elle compromet les efforts de développement du pays et expose les populations les plus fragiles à des risques accrus en matière de santé. La planification familiale à Madagascar est un domaine prioritaire pour le gouvernement qui s’est engagé à atteindre l’objectif « zéro besoin non satisfait en planification familiale d’ici 2020 ». Bien que Madagascar soit directement concerné par cette décision, aucune déclaration officielle n’a été faite pour l’instant par le gouvernement malgache, ni par les organisations de la société civile ou les diverses associations œuvrant dans le domaine de la santé. Notons que le Président Andry Rajoelina est nommé « champion de la Planification Familiale” dans les pays francophones africains en 2021.
Narindra Rakotobe
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