Le secteur financier africain a validé une taxonomie de la finance durable à l’échelle du continent, posant un jalon structurant pour orienter les capitaux vers des projets climato-intelligents et socialement responsables. Le cadre — une première pour l’Afrique — a été approuvé lors d’un atelier tenu à Nairobi les 16 et 17 juillet, réunissant régulateurs, banques, assureurs et institutions de financement du développement. Pilotée par la Banque africaine de développement via sa plateforme Alliance financière africaine sur le changement climatique (AFAC), l’initiative est l’aboutissement d’un processus consultatif d’un an associant plus de 60 institutions des secteurs financier et réel. Selon les explications, la taxonomie standardise la définition des activités contribuant au développement durable, afin de faciliter l’alignement des portefeuilles et d’accroître la transparence sur les marchés. Cette démarche comble une lacune de l’architecture financière africaine, notamment l’absence d’outils normalisés, adaptés aux réalités locales, pour stimuler la finance durable à l’échelle nationale. Identifié dès 2021 par une enquête sectorielle, ce besoin a été intégré à la stratégie quinquennale et à la Vision 2030 de l’AFAC lancées en 2023.
Bien que son adoption soit volontaire, la taxonomie arrive à un moment clé. Plusieurs acteurs y voient un outil pour harmoniser les marchés, attirer des capitaux verts et renforcer la résilience. Pour Mahamadi Balima (AMF-UMOA), elle constitue « un outil stratégique pour orienter les flux de capitaux vers des investissements durables » et favoriser l’intégration régionale. Des représentants du secteur privé ont salué des travaux « ancrés dans des cas d’usage réels » facilitant la mise en œuvre. Pour la BAD, cette taxonomie devient un pilier de l’architecture du financement climatique en Afrique. Elle crée un environnement propice à la mobilisation de capitaux privés et à l’alignement avec les standards mondiaux, tout en restant ancrée dans les priorités de développement du continent. L’AFAC, coalition hébergée par la BAD, place le secteur financier au cœur de l’action climatique en Afrique ; cette validation lui offre désormais un référentiel commun pour accélérer le passage à l’échelle.
Antsa R
