
Dans une déclaration sans concession, Serge Imbeh Jovial a lancé un appel à la prise de conscience collective, exhortant aussi bien les dirigeants politiques que la société civile, les intellectuels, les religieux, la diaspora et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités face à la « dégradation » de la situation du pays. « Indignez-vous, nous sommes tous responsables », a-t-il martelé, estimant qu’il est urgent d’agir pour redresser le pays.
Le politicien a rappelé avoir volontairement gardé le silence lors de la réunion de la SADC qui s’est tenue sur le sol malgache, par souci de préserver l’image et l’intérêt de la nation. Mais il affirme désormais qu’il est temps de « dire les choses telles qu’elles sont », en mettant en lumière les maux qui « ruinent nos consciences, nos intelligences et nos sagesses ». Pour lui, personne ne détient une vérité absolue « ni la seule légitimité pour diriger le pays ». Le développement, insiste-t-il, ne pourra se réaliser qu’avec l’inclusivité de toutes les composantes de la société, locales comme internationales.
Dans son analyse, Serge Imbeh Jovial a dressé un portrait contrasté de Madagascar. Il a souligné la jeunesse majoritaire et patriote de la population, la richesse intellectuelle et naturelle du pays, sa stabilité ethnique et son pacifisme reconnu. Mais il a immédiatement opposé à ces atouts une série de manquements criants. Selon lui, la pauvreté progresse chaque jour, les hôpitaux sont dans un état déplorable, les infrastructures défaillantes, la corruption généralisée, la séparation des pouvoirs en voie de disparition et l’éducation en pleine dégradation. À cela s’ajoutent, selon ses propos, une administration paralysée, un système de justice discrédité et une classe politique plus soucieuse de ses carrières personnelles que de l’intérêt supérieur de la nation.
Opposition
« Les acquis démocratiques sont en train de disparaître », a-t-il prévenu, fustigeant à la fois un régime qui « réprime la liberté d’expression » et une opposition divisée, incapable de proposer des alternatives crédibles. Pour lui, un pays sans débat démocratique ni opposition structurée est un pays ingouvernable où la transparence est en danger.
Serge Imbeh Jovial est également revenu sur des affaires récentes qui, selon lui, illustrent le dysfonctionnement de l’État. Il a évoqué avec gravité le drame d’Ambohimalaza, où 33 personnes ont trouvé la mort dans des circonstances alimentaires troubles. Il a dénoncé l’absence de transparence dans l’enquête et accusé les autorités d’avoir dissimulé des vérités au peuple. « Le ministre de la Santé a perdu sa crédibilité et sa légitimité face à ce drame », a-t-il affirmé. Concernant l’affaire du Boeing 777, il a questionné les responsabilités et regretté que le dossier semble avoir été abandonné au niveau national, malgré l’implication annoncée du FBI.
Sur le plan économique, son constat est tout aussi sévère. Il dénonce une politique monétaire « qui navigue à vue », un déficit commercial structurel, une inflation élevée et une croissance faible. Pour lui, il n’est plus temps de tergiverser. « Nous devons réagir non pas dans un an ou deux, mais maintenant », a-t-il insisté. Serge Imbeh Jovial a esquissé une série de priorités. Il appelle à la mise en place d’une politique de relance économique centrée sur l’intérêt du peuple, à la valorisation des richesses humaines et naturelles, au développement des infrastructures et à la création d’emplois. Il préconise également un soutien clair au secteur privé à travers une politique fiscale lisible, une lutte acharnée contre la corruption et un renforcement des piliers sociaux tels que la santé, l’éducation et la protection des plus vulnérables. « Nous avons tout pour réussir, mais il nous manque le courage collectif », a conclu le politicien.
Rija R.