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dimanche, décembre 21, 2025
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Prix du carburant : Le supercarburant et le gasoil en baisse, une trajectoire inattendue depuis l’ajustement automatique

Les prix du gasoil et de supercarburant ont baissé depuis l’application du mécanisme d’ajustement automatique. (Photo : Kelly R.)

Grâce à la stratégie d’ajustement automatique mise en place par le Ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures (MEH), les prix du gasoil et de l’essence connaissent une baisse tendancielle. Une évolution contrastée toutefois par la hausse du pétrole lampant.

L’Office malgache des hydrocarbures (OMH) a annoncé, hier, une nouvelle révision des prix des carburants. Depuis le 1er septembre, le litre de gasoil est passé de 4 700 à 4 530 ariary, soit une diminution de 170 ariary. L’essence supercarburant a connu une baisse plus modeste, de 5 120 à 5 090 ariary. En revanche, le pétrole lampant, carburant indispensable pour les foyers les plus modestes, a enregistré une hausse de 170 ariary, atteignant désormais 3 380 ariary le litre. Ce contraste illustre à lui seul le paradoxe qui marque l’évolution des prix depuis le début de l’année.

Vérité des prix

Cette évolution s’inscrit dans le cadre du mécanisme d’ajustement automatique instauré en janvier 2025, sur recommandation du Fonds monétaire international (FMI). L’objectif affiché par l’État malgache était de réduire progressivement les subventions publiques aux carburants et refléter les véritables coûts du marché. Après une communication en Conseil des ministres le 15 janvier, le premier ajustement est intervenu le 18 janvier, ouvrant la voie à des révisions mensuelles. Le mécanisme prévoyait des hausses progressives, limitées à 200 ariary par litre et par mois, jusqu’à atteindre la « vérité des prix ». Dans ce schéma initial, le pétrole lampant devait être épargné pour protéger les ménages vulnérables, particulièrement en zones rurales. En théorie, les hausses devaient donc concerner surtout l’essence et le gasoil.

Trajectoire inattendue

Huit mois plus tard, le constat est surprenant. Depuis janvier, les prix du supercarburant ont chuté de 5 900 à 5 090 ariary le litre, soit une baisse de 810 ariary. Le gasoil a suivi une tendance similaire, reculant de 4 970 à 4 530 ariary, soit une diminution de 440 ariary. Ces deux baisses, inattendues dans le cadre d’un mécanisme présenté comme un instrument de vérité des prix, s’expliquent en partie par l’évolution favorable des cours internationaux.Le pétrole lampant, en revanche, a suivi une trajectoire diamétralement opposée. De 2 830 ariary en janvier, son prix est passé à 3 380 ariary, soit une hausse de 550 ariary. Autrement dit, le seul produit censé rester stable est celui qui a le plus augmenté, au détriment des populations rurales qui y recourent pour l’éclairage et la cuisson.

Paradoxe du marché

Ce paradoxe est accentué par le contexte international. Sur les places boursières, le baril de Brent s’échange actuellement autour de 67,2 USD, contre 82,6 USD à la mi-janvier, au lendemain de l’entrée en vigueur du mécanisme malgache. Cette baisse de plus de 15 USD/baril a logiquement favorisé un recul des prix à la pompe pour l’essence et le gasoil. Mais elle aurait dû, par la même logique, profiter également au pétrole lampant. La comparaison avec l’Europe rend le contraste encore plus frappant. En janvier, les prix moyens y atteignaient 1,78 euro pour le gasoil (8 620 ariary) et 1,9 euro pour l’essence (9 200 ariary). À Madagascar, les prix étaient inférieurs de plus de 3 200 ariary par litre grâce, entre autres, aux subventions. L’ajustement visait à réduire cet écart, mais le résultat obtenu est inverse. Les carburants les plus utilisés dans les transports baissent, tandis que le plus sensible socialement augmente.

Énigmatique

Cette évolution soulève des interrogations sur la cohérence de la politique énergétique. En cherchant à limiter les dépenses publiques et à refléter le marché, l’État semblait vouloir protéger le pouvoir d’achat des plus pauvres grâce au maintien d’un prix accessible du pétrole lampant. Or, ce dernier est aujourd’hui le seul à peser davantage sur le budget des ménages vulnérables. Pour l’opinion publique, cette contradiction est difficile à comprendre. Comment expliquer que les carburants liés à la mobilité des classes moyennes et au secteur productif baissent, tandis que celui qui conditionne l’éclairage et la cuisson dans les campagnes augmente ? D’après nos sources, le pétrole lampant, traditionnellement moins coûteux que le gasoil, est aussi détourné par certains transporteurs routiers de poids lourds. Cette pratique complique la volonté de l’État de réserver ce carburant aux ménages les plus vulnérables. Bref, au fil de neuf ajustements successifs, le mécanisme a produit une trajectoire paradoxale qui interroge sur son efficacité sociale. Si l’objectif macroéconomique — limiter les subventions et aligner les prix sur le marché — peut se justifier, la logique de protection des populations les plus fragiles semble compromise par la difficulté d’isoler la couche de la population vulnérable, sur le marché de carburants.

Antsa R.

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