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samedi, septembre 13, 2025
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Holijaona Raboanarijaona : Des projets stratégiques pour transformer durablement l’économie

Madagascar est aujourd’hui à un carrefour crucial de son développement économique. Holijaona Raboanarijaona, Président d’Émergence Madagascar, partage sa vision des défis à relever et des leviers à activer pour impulser une véritable transformation structurelle du pays. Entretien.

Midi : On parle beaucoup des projets transformateurs dans le cadre du Programme d’Émergence de Madagascar (PEM), dont vous êtes l’un des promoteurs. Où en est-on concrètement ?


Holijaona Raboanarijaona : Contrairement à ce que certains pourraient croire, ces projets ne sont pas abandonnés. Une note stratégique récemment soumise à la Présidence insiste sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de plusieurs initiatives clés du PEM. Ces projets, qualifiés de transformateurs, peuvent profondément modifier le tissu économique du pays — à condition d’être achevés et pleinement opérationnels d’ici 2028.

Midi : Pouvez-vous donner des exemples concrets ?

H.R. : Bien sûr. Parmi les projets majeurs, on peut citer : une raffinerie de pétrole, portée par un groupe canadien en partenariat avec le ministère de l’Énergie. Si les accords sont finalisés, ce projet permettrait à Madagascar de réduire d’environ 70 % ses importations de carburants raffinés, tout en renforçant sa souveraineté énergétique.  Le projet GasyCar, qui vise à créer une filière automobile nationale au sein d’une Zone Économique Spéciale (ZES) à Toamasina. Ce projet est freiné depuis plusieurs années, notamment en raison du non-déploiement effectif de l’Agence des ZES (AZES), censée encadrer ce type d’initiative.
Trois nouvelles ZES sont également prévues entre 2028 et 2030, à Moramanga, Andrakaka (Antsiranana) — en lien avec le projet agro-industriel MegaFood — et à Tolagnaro. Ces zones ont pour ambition de favoriser l’industrialisation, d’attirer des investissements directs étrangers (IDE) et de créer plusieurs milliers d’emplois formels.


Midi : Quels impacts concrets ces projets peuvent-ils avoir sur l’émergence économique de Madagascar ?

H.R. : Il faut d’abord reconnaître que, malgré certaines tendances positives, la croissance reste encore fragile. La Banque africaine de développement (BAD) prévoit une croissance de 4,5 % en 2024 et 5,3 % en 2025. Le FMI annonce une trajectoire similaire, autour de 4,6 %. Ces prévisions sont soutenues par la reprise du secteur minier, le retour progressif du tourisme et une augmentation des investissements publics. Cependant, plusieurs fragilités structurelles persistent :une inflation élevée de 8,1 % en 2024, une balance commerciale déficitaire, et un tissu industriel encore insuffisant. Le secteur industriel, bien qu’en progression dans le PIB, ne génère qu’une faible part des emplois. Le PIB par habitant en dollars courants se situe autour de 450 à 460 USD en 2024, ce qui maintient Madagascar parmi les pays à faible revenu. Mais si l’on considère le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) — c’est-à-dire en tenant compte du coût de la vie local — ce chiffre est nettement plus élevé, estimé à environ 1 650 à 1 700 USD. Cela signifie que, bien que les revenus monétaires soient faibles, le pouvoir d’achat réel des Malgaches est supérieur à ce que laissent entendre les chiffres bruts, notamment en comparaison internationale.

Midi : Et si ces projets stratégiques sont mis en œuvre efficacement, à quoi peut-on s’attendre ?

H.R. : Une modélisation économique interne, fondée sur la réalisation effective de ces projets, dessine un scénario plus ambitieux mais tout à fait réaliste. Le PIB pourrait croître de 6,5 à 7 % par an dès 2027, porté par trois dynamiques essentielles : l’industrialisation,
la substitution progressive aux importations, et la montée en puissance des exportations à plus forte valeur ajoutée. Le PIB par habitant, en dollars courants, pourrait alors dépasser 600 USD d’ici 2028, avec un pouvoir d’achat (PPA) supérieur à 1 800 USD. L’inflation serait progressivement maîtrisée, avec un retour autour de 4,5 % à 5,5 %, notamment grâce à une production locale renforcée de carburants et de produits alimentaires. Le taux de change de l’Ariary pourrait se stabiliser, soutenu par une balance commerciale moins dépendante des importations énergétiques et alimentaires, ce qui améliorerait directement le pouvoir d’achat des ménages. Ce n’est pas un scénario utopique. C’est un chemin exigeant, mais réalisable, à condition de faire des choix stratégiques clairs et d’assurer une exécution rigoureuse.


Midi : Vous insistez beaucoup sur cette rigueur d’exécution. Est-ce si urgent ?

H.R. : Oui, c’est une course contre le temps. La note stratégique que nous avons transmise souligne que ces projets peuvent constituer un axe majeur du bilan du second mandat présidentiel. Mais cela suppose de combler rapidement les retards et de prendre des décisions fermes dès maintenant. Mon insistance ne découle pas d’un intérêt personnel. Elle s’inscrit dans une vision collective : celle de laisser une empreinte positive et durable, au service des générations futures. Nous disposons aujourd’hui d’une fenêtre stratégique étroite mais décisive. Si elle est saisie, Madagascar peut sortir de sa dépendance chronique aux importations, bâtir une économie compétitive, et surtout offrir à sa jeunesse des opportunités concrètes. Le temps presse. Les décisions prises dans les prochains mois pèseront lourdement sur les dix années à venir.

Propos recueillis par R. Edmond 

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3 Commentaires

  1. La population en a marre d attendre les belles promesses du régime et continue à vivre dans une extrême pauvreté
    Alors vos discours gardez les aux nantis du pouvoir

  2. Ce guignol parle de  » second mandat  » et non de « dernier mandat  » de Rainilainga ! Comprenne qui pourra avec ce prédateur qui aspire toujours à faire rempiler Radomelina pour mieux détruire le pays et rendre les Malgaches plus pauvres !!

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