
L’incertitude règne à Antananarivo, où l’approvisionnement en carburant devient préoccupant. Dans un climat tendu, les mouvements populaires en cours pourraient rapidement impacter l’ensemble des secteurs d’activité.
Depuis le début des manifestations à Antananarivo, le 25 septembre dernier, l’approvisionnement en carburant est devenu un véritable casse-tête pour les automobilistes. Certains affirment avoir fait le tour de la ville, visitant même les périphéries pour trouver de l’essence SP95 ou du gasoil. En effet, redoutant d’éventuels incidents en pleine agitation urbaine, plusieurs stations-service ont décidé de fermer temporairement leurs portes. Certaines sont ouvertes uniquement tôt le matin, provoquant une forte affluence de conducteurs venus faire le plein dans l’urgence. « On ne sait pas ce qui nous attend demain », confie un automobiliste rencontré dans une station du centre-ville. Comme lui, nombreux sont ceux qui craignent une rupture de stock, malgré les messages rassurants des autorités.
Stocks suffisants
Face à cette situation, l’Office malgache des hydrocarbures (OMH) a diffusé un communiqué pour apaiser les tensions. L’organisme assure que « les dépôts de stockage des produits pétroliers répartis à travers la Grande île disposent actuellement de stocks suffisants pour répondre aux besoins des consommateurs ». Le problème, selon l’OMH, ne vient donc pas de l’approvisionnement mais des précautions prises par les stations pour garantir la sécurité. En effet, le stockage, le transport et la manipulation de carburants exigent le respect strict des normes d’hygiène, de sécurité et d’environnement (HSE). Dans le contexte actuel de tensions dans la capitale et dans certaines grandes villes, ces précautions expliqueraient la fermeture temporaire de plusieurs points de vente. L’OMH affirme également qu’un suivi permanent est assuré, en collaboration avec les opérateurs pétroliers, pour maintenir la chaîne d’approvisionnement à l’échelle nationale. L’Office appelle enfin la population à ne pas céder à la panique et à ne pas se fier aux « rumeurs infondées ». En attendant, les automobilistes de la capitale demeurent prudents, entre préoccupations sur leur mobilité quotidienne et méfiance face aux assurances officielles.
Craintes persistantes
Sur le terrain, l’inquiétude reste palpable. Dans plusieurs quartiers de la capitale, les automobilistes patientent devant les rares stations encore ouvertes, parfois en longues files qui s’étendent jusque dans la rue. Pour beaucoup, il s’agit d’anticiper une éventuelle pénurie, même si l’OMH assure que les réserves nationales ne sont pas menacées. « On préfère faire le plein tant qu’on le peut », explique un père de famille, craignant de ne pas pouvoir se déplacer en famille, si la situation s’aggrave. Les transporteurs de marchandises, eux, redoutent déjà des retards qui pourraient affecter la distribution alimentaire dans les marchés de la ville. Chaque fermeture temporaire de station alimente ainsi un sentiment de vulnérabilité et ravive le souvenir des pénuries passées. Entre les messages officiels qui se veulent rassurants et les réalités observées sur le terrain, la méfiance s’installe. Dans ce climat d’incertitude, la question du carburant dépasse la simple logistique pour devenir une préoccupation quotidienne qui touche de près la mobilité, les revenus et la vie familiale des habitants de la capitale.
Antsa R.