
Malgré les pressions et les restrictions, la place d’Ambohijatovo a été envahie, hier, en fin d’après-midi, par une foule dense et déterminée. Une mobilisation inédite, portée en grande partie par la jeunesse malgache, bien décidée à faire entendre sa voix.
Tout avait commencé dès la mi-journée à Antaninandro. Une foule hétéroclite, composée d’étudiants, de figures de la société civile, d’artistes, d’influenceurs et de simples citoyens, avait répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux. Un appel qui s’inscrit dans la continuité d’un mouvement amorcé depuis plusieurs jours, et que le discours du président Andry Rajoelina, annonçant la dissolution du gouvernement, n’a pas suffi à apaiser. Le mot d’ordre reste inchangé : « Démission du président ».
Ambohijatovo ou rien
Les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont, une fois de plus, tenté de canaliser la marche. Proposant aux manifestants de se diriger vers le stade Makis, elles ont invoqué des raisons de sécurité. Mais la réponse a été catégorique : « Ambohijatovo ou rien ». Ce refus d’obtempérer a conduit à une première salve de gaz lacrymogènes vers 13h50. Plusieurs manifestants ont été blessés ou incommodés. Mais loin de se disperser, la foule a été rapidement renforcée par des vagues humaines venant des périphéries de la capitale.
22 kilomètres
Vontovorona, Fenoarivo, Imerintsiatosika, des groupes entiers ont parcouru jusqu’à 22 kilomètres pour rejoindre la capitale. À Anosy, des habitants d’Imerintsiatosika, menés par leur maire Parisoa Andriambolanarivo, se sont heurtés à un barrage à la hauteur du CHU-HJRA. Après échanges avec les FDS, ils ont finalement pu franchir le dispositif, rejoignant d’autres groupes venus d’Andavamamba et ses environs. Vers la fin de l’après-midi, la pression s’est amplifiée. Les forces de l’ordre, positionnées à Andohan’Analakely, se trouvent face à une marée humaine. Une partie des manifestants parvient à entrer à Ambohijatovo. De nouvelles salves de gaz lacrymogènes ont alors été tirées pour contenir ceux-ci pour les empêcher ainsi de descendre sur la Place du 13 mai.
Lourde de tensions
La scène s’est répétée jusqu’en début de soirée : regroupements, charges, dispersions, dans une atmosphère lourde de tensions. Ce soulèvement prend une ampleur qui inquiète le pouvoir en place. Si la mobilisation reste non violente, sa structuration, portée notamment par les jeunes de la Génération Z, marque un tournant. L’utilisation des plateformes numériques, la coordination rapide des rassemblements et la résilience face aux répressions démontrent une organisation qui gagne en maturité mais qui n’est pas à l’abri des opportunistes politiques.
Aveu d’impuissance
Sur les réseaux sociaux, les organisateurs du mouvement affirment avoir atteint leur objectif du jour. « La mobilisation continue demain. Toujours à Ambohijatovo », lit-on sur leur page Facebook officielle. Malgré la fatigue, la dispersion en cours et les effets des gaz lacrymogènes, l’engagement semble intact. Deux personnes ont été secourues après des malaises, selon les pompiers mobilisés sur place. Le gouvernement, de son côté, reste silencieux depuis l’annonce de la dissolution. Un silence interprété par certains comme un aveu d’impuissance. Face à une jeunesse qui ne demande plus seulement des réformes mais un changement profond, le bras de fer s’annonce long. Et Ambohijatovo, symbole historique de la contestation populaire, s’impose plus que jamais comme le cœur battant d’une mobilisation qui ne faiblit pas.
Julien R.
Des idiots qui pensent naïvement que les manifestations peuvent changer la face d’un pays sont à plaindre car ce n’est pas en manifestant qu’on résous les problèmes de chaque citoyen. Il faut que chaque citoyen de ce pays soit capable d’apporter du positif pour le pays et les manifestations ne sont que du négatif pour le pays qui s’appauvrira de plus en plus. Génération Z = Génération Manipulée par l’opposition qui ne sait plus à quel saint se vouer pour exister.