Nous avons eu la naïveté de croire que la génération Z n’était qu’un phénomène de réseaux sociaux. Qu’elle se contenterait de hashtags, de danses TikTok et de slogans sans lendemain. Mais voilà qu’elle descend dans la rue, qu’elle crie, qu’elle se fait gazer, frapper, humilier — sous nos yeux, et parfois avec notre silence complice.
Alors posons la vraie question : que fera-t-elle de nous, quand elle arrivera au pouvoir et que nous serons vieux ?
Va-t-elle nous juger, comme nous jugeons aujourd’hui ceux qui ont laissé faire les dictatures d’hier ? Va-t-elle nous reprocher d’avoir obéi, ou pire — d’avoir regardé ailleurs ? Va-t-elle tourner le dos à tout ce que nous représentons, comme on se débarrasse d’un vieux logiciel obsolète et corrompu ?
Le temps, lui, travaille déjà pour elle. Elle est jeune, nombreuse, informée, connectée. Et pendant que nous la méprisons, elle apprend — elle observe comment le pouvoir ment, comment la gendarmerie frappe, comment la peur s’organise.
Elle prend note !
Chaque grenade lacrymogène, chaque matraque, chaque arrestation arbitraire est une graine de rancune semée dans le cœur d’une génération entière.
Et quand ces jeunes prendront les commandes, que ferons-nous ? Nous cacherons-nous derrière notre âge pour demander l’indulgence ? Ou comprendrons-nous trop tard que notre silence d’aujourd’hui est déjà leur colère de demain ?
Le rapport qu’ils auront avec la gendarmerie sera celui qu’ils auront avec la mémoire : douloureux, mais fondateur. Ils n’oublieront pas. Et ceux qui auront su rester humains, même dans l’uniforme, seront peut-être les seuls épargnés du grand règlement moral qui vient.
Ce n’est pas une prophétie. C’est une simple équation. Chaque génération finit par juger celle qui l’a trahie. Et celle-ci, qu’on appelle « Z », n’aura pas besoin de tribunaux pour le faire. Elle aura les réseaux, la mémoire et la rage.
Alors oui, il faut se demander :
Non pas « que va-t-on faire de cette jeunesse ? », mais bien « que va-t-elle faire de nous ? ».