
Madagascar dispose de tout l’essentiel pour accélérer son développement, selon le Rapport Pays 2025 du Groupe de la BAD (Banque africaine de développement). Avec une bonne gouvernance, le pays peut tirer sa croissance de l’intérieur.
Des capitaux naturels exceptionnels, un capital d’entreprise en recomposition, un capital financier en voie d’organisation et un capital humain à renforcer. Tout est réuni pour que la Grande-île puisse évoluer par elle-même, bien que les partenariats extérieurs soient essentiels. Dans son rapport publié le 31 juillet 2025, la BAD souligne que la trajectoire de Madagascar est crédible si le pays exploite mieux ses propres atouts et consolide ses réformes. Côté macroéconomie, la croissance du pays est projetée à 3,8% en 2025 puis 4,0% en 2026, avec une inflation en décélération à 7,0% puis 6,7%. Le contexte reste chahuté par des risques externes. Depuis le 2 avril 2025, l’inquiétude concernant les droits de douane sur les exportations malgaches vers les États-Unis et la forte réduction de l’aide américaine, fragilisent les perspectives, en premier lieu pour le textile, la vanille et les programmes sociaux. À cela s’ajoutent les événements socio-politiques qui pourraient engendrer des transformations majeures, mais qui risquent également de provoquer des sanctions internationales.
Solution adéquate
Selon le Rapport Pays de la BAD, pour tirer sa croissance, Madagascar doit d’abord, mobiliser plus de ressources intérieures : le taux de pression fiscale n’atteignait que 10,8% du PIB en 2024, quand le déficit annuel de financement, selon le scénario ODD, est estimé à 7,18 milliards USD (40,6% du PIB). La BAD préconise digitalisation, élargissement de l’assiette, optimisation de la TVA et contrôle renforcé. Ensuite, valoriser les capitaux nationaux. Le capital naturel représente 30% de la richesse totale du pays, avec des potentiels bleus et verts considérables, mais encore sous-exploités. Côté entreprises, l’informel domine, l’électricité coûte en moyenne 0,20 USD/kWh et les coupures poussent les acteurs à s’auto-alimenter – un frein direct à la compétitivité. Enfin, organiser le capital financier. À noter que Madagascar a une inclusion encore limitée (27% en 2022) mais dynamique, plan directeur du marché des capitaux finalisé en 2023 et rôle accru de la BFM comme dépositaire des titres publics. Les envois de la diaspora (environ 300 M USD en 2024) complètent des IDE en hausse (2,8% du PIB). Dans son rapport, la BAD prône également le maintien d’une politique monétaire restrictive pour contenir l’inflation, diversification offensive via la ZLECAf (ratifiée en nov. 2024), substitution compétitive aux importations et investissement dans les compétences et la protection sociale pour une croissance plus inclusive.
Antsa R.



