
Retrouver la confiance des porteurs d’investissements directs étrangers sera l’une des premières missions du futur gouvernement Ravelonarivo qui a par ailleurs intérêt à nommer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut au sein du département ministériel chargé de l’industrie du secteur privé
Un groupe d’investisseurs chinois viennent de reporter leur projet d’opérer des investissements industriels de grande envergure à Madagascar. Les mauvaises nouvelles sur la peste, mais également et surtout les mésaventures de la SUCOMA, dont la gestion appartenait à un groupe chinois, sont principalement les raisons de cette fuite des capitaux chinois. Et il n’y a pas que les Chinois puisque des investisseurs étrangers ayant promis en 2014 de monter des projets ne les ont pas encore concrétisés. Pour ne citer entre autres que les opérateurs espagnols spécialisés dans l’énergie qui ont déjà annoncé aux autorités malgaches leur intention d’investir mais qui, pour le moment, ne se sont pas encore manifestés.
Mauvaise qualité. En fait, c’est encore et toujours la mauvaise qualité de l’environnement des affaires à Madagascar qui est à l’origine de cette réticence des détenteurs de capitaux étrangers de s’établir. Cela est d’ailleurs prouvé dans le classement Doing Business où l’on continue à assister à un recul de Madagascar. Entre 2014 et 2015 par exemple, Madagascar est passé du 157e au 163e rang, soit une variation négative de -6. Dans le classement en matière de création d’entreprise, un recul de -4 points est également enregistré puisque le pays passe de la 33e place en 2014 à la 37e en 2015.
Conjoncturel. Heureusement que ce déclassement est apparemment conjoncturel car il est principalement lié à la crise politique. « L’environnement des affaires demeure difficile à Madagascar en raison de la prolongation de la crise politique », commentent presque toutes les études économiques sur Madagascar. Par ailleurs, une certaine avancée est constatée sur certains secteurs, comme la facilitation du commerce transfrontalier suite à l’installation d’un Guichet unique virtuel sur les importations et les exportations (MIDAC) laquelle a permis de renforcer l’intégration et la sécurisation des procédures douanières. Mais globalement, l’environnement des affaires a eu tendance à se détériorer depuis le coup d’Etat de 2009 et l’apparition du régime transitoire non reconnu par la communauté internationale, durant lequel le nombre de créations d’entreprises n’a cessé de baisser d’année en année. Bref, le gouvernement Ravelonarivo est condamné à réussir pour changer la donne et faire en sorte que les porteurs d’investissements directs étrangers fassent de nouveau confiance à l’environnement des affaires à Madagascar.
Facteurs bloquants. Et la première mission aussi bien d’Iavoloha et de Mahazoarivo est la lutte contre l’instabilité politique, l’insécurité et la corruption, qui sont en tête des facteurs bloquants de l’amélioration du climat des affaires. Par ailleurs, le nouvel homme fort de Mahazoarivo qui a l’avantage d’appartenir au secteur privé s’efforcera de mettre en place des infrastructures publiques pour le développement notamment des centrales hydroélectriques afin de régler définitivement les problèmes de délestage. En effet, le coût élevé et le manque de fiabilité de l’énergie sont des handicaps majeurs du climat des affaires à Madagascar. En tout cas, après la mauvaise gestion du secteur industriel constatée jusqu’ici, le Premier ministre a intérêt à nommer l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut au département ministériel chargé de l’industrialisation et du secteur privé.
R.Edmond