
Dans les forêts verdoyantes et les villages paisibles d’Amoron’i Mania, les Zafimaniry perpétuent un art ancestral : celui de la sculpture sur bois, où chaque motif, chaque outil, chaque maison raconte une histoire. L’UNESCO a inscrit ce savoir-faire au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, du fait qu’il incarne l’identité et la mémoire vivante d’un peuple profondément lié à la nature.
Un héritage menacé
Face à la raréfaction des essences forestières, à la mutation des modes de vie et au désintérêt croissant des jeunes générations, ce patrimoine immatériel se trouve aujourd’hui fragilisé.
Pourtant, les Zafimaniry refusent de voir disparaître l’âme de leur culture.
« Notre savoir-faire, c’est notre fierté, notre identité. Si nous ne le transmettons pas, c’est une partie de nous-mêmes qui disparaîtra », confie un maître-artisan rencontré lors d’une descente communautaire.
Ces rencontres de terrain, menées en amont d’un atelier de réflexion, ont permis de recueillir la voix de ceux qui vivent ce patrimoine au quotidien, notamment les artisans, notables, familles et jeunes. Tous ont exprimé la même volonté — préserver, enseigner et faire évoluer ce savoir-faire.
L’éducation au cœur de la transmission
De ces échanges est née une conviction commune : la sauvegarde du patrimoine doit passer par l’éducation. Intégrer le savoir-faire zafimaniry dans les écoles — à travers des ateliers, des programmes pédagogiques et des activités intergénérationnelles — fait consensus. « L’école doit devenir un lieu de transmission du patrimoine, un espace où nos enfants apprendront à connaître et à aimer ce qui fait notre identité », souligne le maire d’Ambohimitombo.
Parmi les propositions concrètes figurent la création d’écoles-ateliers communautaires, l’intégration du savoir-faire dans les programmes scolaires, l’organisation d’ateliers intergénérationnels et la sensibilisation à la préservation de la forêt.
Un plan de sauvegarde tourné vers l’avenir
Ces réflexions ont pris forme lors d’un atelier organisé à Ambositra les 20 et 21 octobre 2025, réunissant 50 participants — artisans, enseignants, autorités locales et représentants communautaires. Ensemble, ils ont élaboré une feuille de route 2026–2030 axée sur la transmission, la gestion durable des ressources, la création d’un fonds local et la valorisation économique équitable du savoir-faire zafimaniry.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Programme de participation de l’UNESCO, en partenariat avec la Commission nationale malgache pour l’UNESCO, le ministère de la Communication et de la Culture, le ministère de l’Éducation nationale, ainsi que les autorités locales et les associations zafimaniry.
Un patrimoine vivant
En s’unissant pour protéger cet héritage, les communautés zafimaniry affirment leur volonté de faire vivre leur culture tout en l’adaptant à un monde en mutation.
L’objectif est clair : que le travail du bois zafimaniry continue de vibrer dans les mains des artisans, d’inspirer les jeunes générations et de rayonner bien au-delà des collines d’Amoron’i Mania — comme un symbole universel d’identité, de mémoire et d’avenir partagé.
Hanitra Andria




