Dans une lettre adressée récemment à la SADC, l’ancien président Marc Ravalomanana a appelé l’organisation régionale à revenir sur ses engagements de 2011, rappelant la feuille de route signée à cette date pour rétablir l’ordre constitutionnel et la démocratie à Madagascar. « Depuis 2019, les principes fondamentaux de cette feuille de route, neutralité de l’administration, retour des exilés, liberté d’expression, réforme électorale et exclusion des candidats, ont été gravement ignorés », déplore-t-il, dénonçant l’implication passive de la SADC dans l’instauration d’un pouvoir personnel contraire aux engagements pris.
Responsabilité
Marc Ravalomanana souligne que malgré les alertes répétées des anciens présidents et de la société civile, aucune mesure concrète n’a été prise pour contrer la dérive autoritaire du régime Rajoelina. Le pays, ajoute-t-il, connaît une aggravation dramatique de sa situation socio-économique : près de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le PIB par habitant plafonne à 545 dollars, 40% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, et la dette publique atteint près de 60% du PIB. Les manifestations pacifiques de septembre 2025 ont coûté des dizaines de vies et provoqué de nombreuses arrestations de journalistes, avocats et militants. Selon Marc Ravalomanana, ces violences sont le résultat de 15 années d’impunité et de dérives autoritaires, et la SADC porte une part de responsabilité en fermant les yeux.
Conscience nationale
Face à cette crise, la jeunesse malgache se dresse comme le moteur du changement et de la transition vers la justice et la réconciliation. « Leur courage a éveillé la conscience nationale et conduit à un tournant institutionnel », a-t-il indiqué. En tout cas, l’ancien président appelle à une action immédiate, exigeant que la SADC soutienne la volonté du peuple et non un régime illégitime. « Madagascar ne réclame ni pitié ni privilèges, mais respect et coopération équitable », conclut-il, dans un esprit de « fihavanana » et de solidarité africaine.
Julien R.


