
Les comptes des anciens dirigeants seront scrutés au niveau des ministères. L’Inspection générale de l’État est mobilisée pour faire l’état des lieux de la gestion des finances publiques après la chute d’Andry Rajoelina.
Les passations de service ont officiellement débuté hier dans les ministères du nouveau gouvernement de la Refondation de la République. Un exercice institutionnel classique, mais qui prend cette fois une tournure particulière avec l’implication de l’Inspection générale de l’État (IGE), chargée de scruter la gestion des comptes et la gouvernance de l’ancien régime. Selon des sources présentes dans les coulisses des cérémonies, les inspections menées par l’IGE feront désormais partie intégrante du processus de passation. Même si cet organisme chargé du contrôle des finances publiques n’a pas fait de déclarations officielles sur le sujet, l’objectif affiché serait d’assurer la continuité de l’État tout en identifiant d’éventuelles irrégularités dans la gestion passée. Lundi dernier, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Marie Michelle Sahondrarimalala, a déjà annoncé que des inspecteurs sont déjà à l’œuvre depuis cette semaine dans ce département.
5 milliards USD
Au ministère de la Justice, la nouvelle ministre Fanirisoa Ernaivo a donné le ton. « Je ne suis pas venue pour une vengeance politique, mais pour faire appliquer la loi », a-t-elle déclaré lors de la cérémonie de passation, hier, avec Benjamin Alexis Rakotomandimby, ministre sortant. L’ancienne magistrate entend placer son mandat sous le sceau de la rigueur et de la transparence. Elle a notamment promis de lutter contre la corruption et de traquer des délinquants internationaux. Elle compte ainsi rapatrier jusqu’à 5 milliards de dollars d’avoirs illicites détenus à l’étranger. Dans cette optique, elle affirme avoir déjà engagé des contacts avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse et Maurice. Une task force sera érigée pour mettre en œuvre ce projet de restitution, a-t-elle annoncé.
Sanctions
Sur le plan diplomatique, la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Christine Razanamahasoa, a pris ses fonctions hier à l’issue de la passation avec Rasata Rafaravavitafika, ministre sortante. Dans son discours, Christine Razanamahasoa a annoncé son intention de faire lever les sanctions de l’Union africaine imposées à Madagascar après le changement de régime du 11 octobre dernier. Elle s’est engagée à rétablir la confiance avec les partenaires régionaux et internationaux. En tout cas, l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, qui sera dorénavant à la tête de la diplomatie malgache, pourrait déjà compter sur ses soutiens, comme, entre autres, Raymond Ranjeva, qui est venu hier assister à la passation de Christine Razanamahasoa à Anosy.
Forces armées
Le passage de témoin, hier à Anosy, entre les deux diplomates met fin à un mandat marqué notamment par la défaite de Madagascar, sous Rasata Rafaravavitafika, à l’élection de la Présidence de la Commission de l’Union africaine, épisode qui a affaibli la visibilité du pays sur la scène continentale. D’autres ministères, dont les Mines, les Forces armées, et l’Enseignement technique, ont également achevé leurs passations hier, marquant le début effectif du travail pour la nouvelle équipe gouvernementale. Entre audits internes, coopération internationale et réformes annoncées, la Refondation de la République entre dans une phase décisive où transparence et redressement institutionnel seront les maîtres mots.
Rija R.


